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Quelles histoires derrière les tatouages des Strasbourgeois(e)s ?

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Chaque tatouage a son histoire. Qu’il soit réfléchi ou fait sur un coup de tête, pour une raison solennelle, douloureuse ou bien complètement loufoque, il ancre pour ne pas dire encre, de façon définitive, un instant de vie. Quinze Strasbourgeois.e.s nous ont ouvert les portes de leur intimité pour nous raconter pourquoi il s’étaient fait tatouer.


Pour se souvenir de quelqu’un

Perrine

Perrine a 18 ans et est étudiante en Staps. A l’âge de 10, son père est décédé. « Je ne sais pas pourquoi, depuis, chaque fois que je pensais à mon père je pensais à un papillon. Et dès que je voyais un papillon je ressentais quelque chose de très fort. ». À peine l’âge de la majorité atteint, Perrine décide alors de se faire tatouer trois petits papillons. « Ma mère était contre les tatouages. Le jour où je lui ai parlé des papillons, elle m’a révélé que le soir de la mort de mon père, un papillon était entré dans sa chambre et y était resté deux semaines. Que depuis, elle pensait à mon père dès qu’elle voyait un papillon. Depuis elle s’en est aussi fait tatouer un. »


Clémentine

C’est en hommage à son arrière grand-père que Clémentine, elle, s’est fait tatouer l’épaule. Elle raconte son admiration pour cet homme, lui-même tatoué : « Quand j’étais petite, j’étais fascinée pour son tatouage, qu’il s’était fait faire dans une prison allemande pendant la Seconde Guerre Mondiale. Il avait une rose des vents sur l’avant-bras. Il disait que grâce à elle, il retrouverait toujours sa femme. Il nous a toujours raconté des histoires de la guerre ». Afin de ne jamais oublier l’histoire de cet homme qui a marqué sa vie, Clémentine a fait ancrer une hirondelle sur sa peau : « Il était marin et l’hirondelle, c’est l’oiseau des marins. »

© Mathilde Piaud pour Pokaa


Par amour pour un lieu

Clara

Clara est Strasbourgeoise et le moins qu’on puisse dire c’est qu’elle aime la ville. Suffisamment pour se la faire tatouer sur le côté gauche de son ventre. « Je réfléchissais à un tatouage en hommage à Strasbourg mais je ne voulais pas faire que la cathédrale, je trouvais ça trop commun », se souvient l’agent hospitalier. Après quelques recherches sur internet Clara trouve son bonheur. « J’ai choisi celui-ci parce qu’il regroupe les monuments principaux de Strasbourg. Je voulais y ajouter un reflet dans l’eau et une cigogne. Ma tatoueuse m’a montré le dessin, j’en suis tombée amoureuse.»

© Mathilde Piaud pour Pokaa


Geoffrey

Geoffrey aime lui se faire tatouer lors de ses voyages. « Les voyages me donnent envie de me faire tatouer, mais plus que l’endroit ce sont les moments forts, les périodes dont j’ai envie de me souvenir », analyse-t-il. Une ancre à Berlin, un aigle aux USA, une geisha au Japon. « Celui fait en 2019 aux Philippines est sans doute celui qui a l’histoire la plus improbable », annonce Geoffrey. « Un bon copain qui voyageait est allé à Buscalan pour se faire tatouer, le village étant célèbre pour ça. Dans ce village il y a Apo Whang Od, connue pour être supposément la plus vieille tatoueuse du monde. » Apo Whang Od, dont on trouve sur internet de nombreuses photographies et qui aurait environ 100 ans (c’est un mystère), passe le flambeau depuis quelques années à sa nièce Grace, formée aux même techniques traditionnelles. « Mon pote est tombée amoureux de cette nièce et ils se sont finalement mariés. On est donc allés là-bas pour le mariage ». Là-bas Geoffroy a rencontré la mythique Apo Whang Od. « Quand elle tatoue elle s’endort, elle rote et elle pète. Elle ne tatoue presque plus mais a accepté de me faire un mile pattes », s’émerveille Geoffroy en montrant les photos de cet instant unique. « Elle tatoue avec une tige de citron dans une tige de bambou qu’elle tapote pour faire entrer l’encre dans la peau. Ça fait un mal de chien », reconnaît le Strasbourgeois.

© Mathilde Piaud pour Pokaa


Paco

C’est aussi pendant un voyage que Paco s’est fait tatouer. Il était alors en Thaïlande. Mais plus encore le voyage, c’est l’expérience qu’il y a vécue qui a fini inscrite sur son bras gauche. « Ça part de l’histoire d’un trentenaire, chimiste, qui ne sait pas trop ce qu’il fout là et qui prend un billet d’aller sans retour vers la Thaïlande. Puis d’une intoxication alimentaire, la pire de toute ma vie, avec 10 jours de convalescence. Pour m’en remettre, j’ai atterri dans une retraite Shaolin dans les montagnes thaïlandaises ». Paco pose le décor. Très vite, enseignants et étudiants de la retraite se lient d’amitié et pour célébrer ça, décident de se faire une moustache. Une particularité physique à laquelle les nouveaux amis ne souhaitent pas s’arrêter. « C’était un entraînement assez rude mais un soir, on se retrouvait dans un bar et sous l’effet de l’alcool, l’un a suggéré de se faire tatouer nos moustaches ». Aujourd’hui chacun arbore fièrement son « tatouage de gang de kungfu moustachus ». « C’est un tatouage de franche amitié, relate Paco, il nous lie et nous rappelle notre enfant intérieur qu’il ne faut pas oublier. »

© Mathilde Piaud pour Pokaa


Ancrer une passion

Tea

Tea, 27 ans, a une passion. De celles qui occupent les journées et nous aident à tracer un chemin. Tea adore les jeux vidéos. « C’est mon endroit, ma sécurité », partage-t-elle. Ces jeux l’aident à mieux comprendre le monde et à s’ouvrir à lui. « Ça m’a appris à mieux communiquer avec les autres », assure la jeune femme, actuellement en pleine rédaction d’une thèse sur les jeux vidéos. Sur son bras gauche, elle tatoue alors certains d’entre eux, ceux qui l’ont marquée et l’aide à avancer. On y découvre par exemple un dessin de Mario Bros « pour me rappeler qu’on essaie tellement de casser la tradition, de briser les codes, qu’on en oublie leur utilité ». Le dernier en date, lui rappelle une leçon, apprise au cours d’un jeu : « C’est un jeu collaboratif, où notre ami nous trahit. J’ai mis du temps à m’en remettre, je me suis demandée ce que je pouvais en retirer. Il y en a aussi un qui me rappelle que, parfois, il est important de revenir dans le monde réel. » Et d’ajouter : « Je ne tatoue que ceux qui me marquent. Quand je les regarde je vois mon évolution et la façon dont je me suis améliorée. »

© Mathilde Piaud pour Pokaa


Julie

Julie a commencé les tatouages il y a une dizaine d’années, lorsqu’elle a rencontré celui qui est aujourd’hui son époux. À première vue, Julie n’a pas forcément de thématique privilégiée, elle aime se faire tatouer voilà tout. « Ça peut être un moment de ma vie, un voyage », réfléchit-elle. Pourtant il suffit de s’attarder un peu sur les différents dessins pour y lire la passion de la jeune femme. « Là, j’ai le tatouage de mes deux premiers cochons d’Inde. Pour ceux que j’ai eu après, j’ai fait un tatouage en lien avec leur nom : Moka, Mandarine, Guimauve, Canelle...». Et son amour pour les animaux ne s’arrête pas là et ses tatouages en sont la preuve : un petit pigeon rappelle son engagement dans une association pour secourir ces oiseaux, un chat raconte son ancien travail à SPA et un éléphant, son « animal préféré » , recouvre son dos. Formée comme assistante vétérinaire, Julie ne compte pas s’arrêter là. « J’aime que les gens déjà puissent se faire une idée sans me connaître, à travers mes tatouages », confie-t-elle.

© Mathilde Piaud pour Pokaa


Pour faire face

Léa

Pour Léa, le tatouage était avant tout une façon de faire face aux épreuves. « J’ai eu pas mal de soucis de harcèlement à l’école. Puis, quand j’ai eu 17 ans, je me suis fait violer. Ça m’a détruite. Malgré tout, j’ai toujours réussi à remonter et à revenir vers le positif. » Cette envie de toujours s’en sortir, Léa a voulu la marquer sur sa peau. « J’ai pris un modèle sur internet d’un dessin, soi-disant, amérindien. Un soleil. Je voulais me le tatouer pour me rappeler qu’il faut viser le bonheur. Que le soleil est toujours présent même quand il y a des nuages », raconte-t-elle. Aujourd’hui encore, Léa s’y accroche : « Mon père a eu un cancer, ma mère est malade et ça peut être la fin à tout moment. À chaque fois, je me dis de viser le soleil. Même si je ne le vois pas car il est dans mon dos, je sais qu’il est là et qu’il me pousse. »

© Mathilde Piaud pour Pokaa


Audrey

Depuis l’âge de ses 4 ans et demi, Audrey souffre d’un vitiligo, une maladie de la peau caractérisée par l’apparition de tâches dépigmentées. « J’ai un vitiligo parce que un proche a abusé de moi quand j’étais petite. La seule manière que j’ai de passer outre et ma manière de me soigner ça a été de me faire tatouer », témoigne-t-elle. Audrey a commencé à se faire tatouer à l’âge de 25 ans. « J’ai toujours eu envie de me faire tatouer mais j’avais peur qu’un vitiligo apparaisse autour. Lors d’une convention j’ai repéré quelqu’un qui en avait aussi un. Elle m’a dit que ça ne lui avait rien fait. Je me suis fait tatouer dans la foulée par des Polynésiens. » À partir de ce jour, la jeune femme a multiplié les tatouages : le long de la colonne vertébrale, sur les tibias, les chevilles, … « Je voulais avoir une sorte de maîtrise sur quelque chose que je ne pouvais pas maîtriser à la base, analyse-t-elle. Toute ma vie j’ai grandi avec la peur d’avoir un cancer de la peau, comme une épée de Damoclès. Avec les tatouages j’ai l’impression que ça m’échappe moins. Et les tatouages polynésiens représentent mes amis, ma famille, les gens qui m’accompagnent et me donnent de la force », conclue-t-elle souriante.

© Mathilde Piaud pour Pokaa

Juliane

Pendant des années, une varice a couru le long du mollet droit de Juliane. Un complexe longtemps difficile à assumer. « Toute ma famille a des varices, moi je complexais à mort, l’été hors de question de découvrir mes jambes. » Finalement, peu de temps après avoir quitté le lycée, Julianne s’est mise à voir les choses autrement. « J’ai commencé à grandir et à accepter, se souvient-elle. Je montrais délibérément mes jambes et je voulais donner l’envie aux gens qui avaient la même chose, de s’en foutre. » Elle fait alors tatouer une jusquiame, sur le mollet opposé, tel le reflet de la veine en question. « Ma maman m’appelait Jusquiame quand j’étais petite, parce que ça ressemble à Juliane et qu’on jouait à un jeu où il y avait cette fleur. Surtout parce que c’est une plante toxique et que ma varice m’a bouffé la vie, c’était toxique pour moi psychologiquement. » Peu de temps après, Julianne a du subir deux opérations pour faire disparaitre la varice, mais son tatouage lui rappelle son combat.


Sur un coup de tête

Léa

Léa, 21 ans, a plusieurs tatouages. Tous des flashs, décidés et choisis un peu sur des coups de tête. Derrière sa cuisse se cache « un tout petit poisson avec un regard idiot. Il est un peu bête » , sourit l’alternante en marketing. « C’était une journée où j’avais un examen le matin, un entretien d’embauche l’après-midi, c’était une période de flou. Mon copain m’avait dit « on verra où le courant te mène ». Le soir il y avait une soirée flashs sur le thème de la pêche. J’ai vu ce poisson tout seul, perdu, le regard vide. Je me suis dit que personne ne l’adopterait parce qu’il était bizarre. La tatoueuse m’a dit qu’on pouvait le tatouer de travers comme s’il remontait le courant, c’est pile ce qu’il me fallait. Deux heures après j’étais tatouée ». Ce n’est pas la première fois que la jeune femme se prend d’amour pour un tatouage. « J’ai de l’empathie, quand je les vois, je me dis je ne peux pas les laisser et je les adopte ».


Amir

L’histoire du tatouage d’Amir, commence par une soirée alcoolisée. Au moment de trinquer avec un ami, Amir, d’origine Serbe lance un «Živeli» (se prononce Jiveli). « Dans beaucoup de langues, pour trinquer on dit « santé », en serbe on dit « Živeli », qui littéralement veut dire « Vivons » », explique cet employé de chez Air France. Un mot plus compliqué à prononcer qu’il n’y parait puisque, son ami présent ce soir n’y est pas parvenu. « En rigolant, il m’a dit qu’on devrait se le faire tatouer. Je lui ai dit que c’était ridicule. Trois jours plus tard il est venu chez moi et m’a montré son biceps, il y avait inscrit Živeli. Il m’a dit que maintenant qu’il l’avait fait, c’était à mon tour », se souvient Amir. « Au début je me disais c’est rigolo mais je ne vais pas faire ça. Finalement, j’y suis allé la semaine suivante. C’est mon meilleur ami et ce tatouage nous lie à jamais ».

© Mathilde Piaud pour Pokaa


Pour l’amour du tatouage

Hélène

Hélène, a commencé les tatouages à l’âge de 30 ans. 11 ans plus tard, elle en compte 26 sur son corps. C’est en intégrant une équipe de roller derby qu’elle a commencé à se passionner pour le tatouage, jusqu’à les voir se multiplier. De pièces à la signification réfléchie, elle s’adonne aujourd’hui à la créativité des tatoueurs. « Au début, je me disais qu’il fallait faire des trucs très symboliques, réfléchis pendant des années. Maintenant je me fais tatouer des moules et des crevettes. La cohérence c’est moi qui la fais », rigole-t-elle avant d’ajouter : « Je ne suis pas très dirigiste avec mes tatoueurs et ça ne me stresse même plus de ne pas voir le dessin. Je vais les voir parce que j’aime leur travail. Moi je suis la galerie et eux ce sont les artistes ». Hélène accorde d’ailleurs une grande importance à la relation qui se crée avec les tatoueurs et les tatoueuses. « C’est un moment un peu intime. Un moment où se parle, on partage la douleur, car ça peut aussi être difficile pour le tatoueur. J’aime quand il y a un échange qui se fait. »

© Mathilde Piaud pour Pokaa

Cyrielle

Parmi les Strasbourgois.es tatoué.e.s rencontré.e.s beaucoup ont confié vouloir plus de tatouages. Toujours plus. Pour certains il s’agit d’inscrire sur leur corps tout ce qui compte à leurs yeux. Tel un journal, leur corps raconte leur histoire. C’est le cas de Cyrielle, 34 ans. Ses tatouages évoquent ceux qu’elle aime : ses parents, sa sœur, ses neveux ou encore sa grand-mère. On y découvre aussi ses passions. Mais surtout, sa peau relate des instants de sa vie, de ceux qui l’ont construite. « Ce sont des faits marquants », analyse la photographe. La perte d’un bébé, la maladie. « Mes tatouages se sont un peu des rappels, pour que mon cerveau n’oublie pas ce que j’ai traversé, par quoi je suis passée. Ce n’est pas forcément négatif. Je traverse des choses, pourquoi ne pas symboliser ma vie sur mon corps ? C’est un peu un journal de bord ». Chaque tatouage est alors mûrement réfléchi, parfois pendant plusieurs années, pour être sûre de ne pas regretter. Cyrielle propose ses idées aux tatoueurs et tatoueuses mais laisse ensuite leur créativité s’exprimer. « Moi je veux porter une pièce du travail du tatoueur de la tatoueuse. Il ne faut pas oublier que c’est un métier d’art. »

© Mathilde Piaud pour Pokaa


Steph

Steph est amateur de tatouages depuis 30 ans. « J’ai un oncle qui était tatoué de la tête au pied, un marginal et quand j’étais gamin, j’étais impressionné. Dès le collège j’ai commencé à être punk et à trainer dans ce milieu-là. À 14 ans j’ai fait un petit requin un peu perdu sur mon bras. J’étais fier, je me mettais en marcel au collège pour qu’on le voie. Aujourd’hui je suis toujours dans ce milieu punk, mais plutôt dans l’action culturelle. Je suis fier de défendre ce milieu dont je suis, le milieu du tatouage, le milieu underground. Le tatouage je le vois comme un moyen d’expression ». Le tatouage a, en effet, toujours fait partie de la vie de ce perceur de 44 ans. Il a notamment organisé, à de nombreuses reprises, la convention de Strasbourg. « Ma vie est construite autour du tatouage. C’est une passion », confie-t-il. Au point d’aller chercher dans d’autres cultures de nouvelles connaissances, de nouvelles expériences. « Je me renseigne toujours sur les artistes et l’histoire du tatouage là où je vais ». Après plusieurs voyages, il s’est notamment passionné pour la Malaisie et l’Indonésie. Il y a rencontré de nombreux amis, membres de tribus traditionnelles et sa copine, membre d’une tribu de Bornéo. « J’y retourne souvent », confie-t-il, au point de prévoir de partir s’y installer un jour. Il y a découvert les techniques de tatouage traditionnelles. « Je suis fasciné par leurs tatouages et eux étaient aussi fascinés par les miens. J’y découvre de nouvelles choses », témoigne Steph qui s’est notamment fait tatouer un scorpion de façon traditionnelle dans le cou, au milieu de la jungle.

© Mathilde Piaud pour Pokaa

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