L’autrice de la fameuse saga Harry Potter serait-elle originaire d’Alsace ? C’est la question à laquelle des membres du Cercle généalogique d’Alsace ont tenté de répondre en 2011, à l’occasion d’un documentaire de la BBC sur J.K. Rowling. Et ce n’est pas sans surprise qu’on a finalement découvert que la créatrice du sorcier le plus connu au monde avait des ancêtres alsaciens et plus précisément brumathois.
À l’origine de cette découverte étonnante, il y a Véronique Muller et Guy Dirheimer, deux membres du Cercle généalogique d’Alsace (CGA). Des experts du domaine donc, qui n’en sont pas à leur coup d’essai en matière de recherches généalogiques. Mais alors comment ont-ils eu l’idée d’enquêter sur J.K Rowling ?
Bertrand Rietsch, président du CGA, se souvient : “On avait eu un coup de fil de la BBC. Ils contactaient le CGA parce qu’ils faisaient une émission sur J.K. Rowling et sur ses ancêtres.” En effet, en 2011, la BCC ambitionne de réaliser un documentaire dédié à l’autrice, dans le cadre de leur programme “Who do you think you are ?”, qui met en avant des célébrités retraçant leur arbre généalogique. La chaîne de télévision fait donc appel aux deux enquêteurs du CGA, afin de retracer les origines de la famille.
Un brave aïeul à Paris
Véronique Muller débute alors ce vaste travail dans le plus grand secret. Les recherches prendront plusieurs mois, mais l’experte parviendra à remonter jusqu’aux années 1600. Recensements, actes de naissances, de mariages, de décès, registres paroissiaux, il faut alors tout éplucher et ne rien laisser de côté.
Et c’est à la 4e génération en partant de J.K. Rowling qu’apparaît enfin le premier ancêtre français. Cet aïeul, c’est Louis Volant (né Schuch) qui naît dans le 10e arrondissement de Paris en 1877 et meurt à l’âge de 72 ans à Maisons-Lafitte, dans le 78. Au cours de sa vie, Louis est serveur et chef du service des vins au prestigieux hôtel Savoy de Londres. Il se marie en 1900 à Gorleston, dans le pays du Suffolk en Angleterre. Louis semble également avoir fait preuve d’une conduite exceptionnelle au cours de la Première Guerre mondiale. Il fait alors partie du 16e régiment d’infanterie territoriale et sera finalement décoré de la croix de guerre.
Une trisaïeule brumathoise
Mais bien qu’ils résident à Paris, aucun des deux parents de Louis Volant ne sont Parisiens d’origine. Son père, Louis Pierre Volant est originaire de Saint-Avit-du-Moiron, près de Bordeaux et est tailleurs d’habits. Il se marie à Levallois-perret en 1883 avec Salomé Schuch, une domestique et couturière, qui naît en 1854 à Brumath. Bingo, voilà donc la parente qui fait le lien entre J.K Rowling et l’Alsace. Il s’agit de sa trisaïeule, soit la grand-mère paternelle de son grand-père maternel.
Salomé s’est installée à Paris au début des années 1870. Et comme Véronique Muller l’explique dans le bulletin n°175 du bulletin du CGA en 2011, elle y rencontrera Louis Volant et mettra au monde cinq enfants, parmi lesquels on retrouve le fameux Louis dont on parlait plus haut.
De Brumath à Paris : le destin de Salomé Schuch
Née à Brumath en 1854, Salomé fait partie d’une fratrie de sept enfants. Sa mère, Christine Bergtold, est née et morte à Brumath tout comme son mari Jacques Schuch. Ce dernier est piqueur de grès, un métier semblable à celui de maçon ou bien tailleur de pierre, qui consistait à abattre le grès dans les carrières, à l’aide d’un pic. Malheureusement, seuls six enfants survivront. La petite maison familiale située au 2 rue de la Rivière, à proximité de la gare, restera dans la famille pendant plus d’un siècle.
Parmi ses frères et sœurs, Catherine, l’aînée, et Jacques, le benjamin, restent tous les deux à Brumath en Alsace. Quant aux quatre trois autres filles, Marguerite, Dorothée et Madeleine, “elles sont toutes placées à Paris ou à Lyon comme domestiques” précise Véronique Muller. Et Salomé ne fait pas exception, puisqu’elle poursuivra la même voie en allant s’installer à Paris. La généalogiste explique : “Dès le XIXe siècle, les jeunes filles avaient pour tradition de se placer dans des familles bourgeoises à Paris où elles gagnaient plus d’argent qu’à la campagne. Elles y apprenaient le français et les arts ménagers, côtoyaient des familles “riches” et rêvaient peut-être d’y trouver un mari argenté. L’Alsacienne avait une réputation de femme sérieuse et travailleuse à Paris.” Voilà donc ce qui a poussé Salomé à quitter son village natal pour la capitale.
Véronique Muller parviendra ensuite à remonter jusqu’à la 15e génération, en retraçant de nombreux ancêtres alsaciens, pour la majorité brumathois ou alors originaires de communes voisines. Un travail minutieux qui aboutira au dernier parent connu : Laurent Lentz, mort en 1577 dans la commune bas-rhinoise de Weitbruch, située juste en dessous de la ville d’Haguenau. C’est donc au XVIe siècle que prend fin cette enquête rondement menée par les membres du CGA, qui permet aujourd’hui au président Bertrand Rietsch d’affirmer : “Une chose est sûre, on sait aujourd’hui que la véritable ville de la sorcellerie, c’est Brumath !”