Si vous pensiez que 2020 allait tranquillement à son terme sans son lot de mauvaises nouvelles, c’était bien mal connaître une année qui fait des efforts admirables pour essayer de rentrer dans le top des années les plus nazes de l’Histoire. Alors que la recherche des vaccins s’intensifie, que l’Union européenne commande des doses à foison, une mauvaises nouvelle est tombée samedi du côté de nos voisins britanniques : une variante du Covid circulerait activement dans le sud-est de l’Angleterre. Résultat ? L’ensemble des pays européens, dont la France, suspendent leurs liaisons avec les Britanniques. On fait le point sur les différentes questions qui se posent autour de cette nouvelle variante.
J’entends parler d’un virus mutant, c’est quoi ce délire ?
On a pu lire dans la presse de nombreuses… variantes… de titres sur le sujet – 2020, année du jeu de mots. La plus populaire étant incontestablement « le virus mutant ». Loin d’être la prochaine idée du nouveau scénario de David Cronenberg, le fait qu’il y ait une nouvelle forme du Covid n’est même pas si exceptionnelle que cela. En effet, les virus mutent en permanence et celui qui nous pourrit la vie depuis un an désormais ne déroge pas à la règle. Selon France Inter, à ce jour, la communauté scientifique a recensé environ 4 000 mutations, sans pour autant qu’il y ait un effet particulier sur la vitesse de transmission, ni sur sa virulence.
Si le virus a changé de formes plus de fois qu’un homme politique a retourné sa veste, il existe aujourd’hui neuf variantes différentes du virus. Toujours selon France Inter, la variante dont on parle aujourd’hui, celle qui touche la Grande-Bretagne, aurait potentiellement plus de changements génétiques que les autres. Un des problèmes serait d’ailleurs qu’elle toucherait à la protéine Spike, définie par l’INSERM comme « la clé qui permet au SARS-CoV-2 de pénétrer dans nos cellules. Elle est en outre l’une des cibles de notre système immunitaire face à l’infection, et celle de vaccins actuellement en développement. » En d’autres termes, cette variante toucherait littéralement un point sensible.
Quand est-elle apparue ?
Si l’on se fie à Patrick Vallance, le conseiller scientifique du gouvernement britannique, cette nouvelle variante du Covid-19 est apparue mi-septembre à Londres ou dans le Kent, situé dans le sud-est de l’Angleterre, comme expliqué par France Inter. Si elle a également été repérée dans d’autres pays, notamment le Danemark, les Pays-Bas ou encore l’Afrique du Sud, c’est en Angleterre où celle-ci semble se propager le plus rapidement. Cette nouvelle variante du virus est ainsi la raison du reconfinement très strict que connaît la capitale anglaise, tout comme le sud-est du pays, où il est désormais interdit de se déplacer pour fêter Noël avec sa famille ou ses proches.
Est-elle plus contagieuse et/ou plus dangereuse ?
Une question majeure, à laquelle il faut répondre en deux parties. Tout d’abord, il semblerait que cette nouvelle souche virus se propage à une très grande vitesse en Angleterre. Toujours selon Patrick Vallance, cette fois-ci repris par Le Monde, elle est, pour le mois de décembre en cours, à l’origine de 62 % des contaminations enregistrées à Londres et de 43 % de celles enregistrées dans le sud-est (contre 28 % à la mi-novembre). Elle a donc l’air de se propager très vite, et d’être plus infectieuse, ce qui est appuyé par certains experts, dont le Pr Peter Openshaw, immunologiste à l’Imperial College de Londres, cité par Science Media Centre et repris par France Inter : « Elle semble de 40% à 70% plus transmissible ». Néanmoins, pour le moment, zéro publication scientifique ne prouve que cette variante est plus contagieuse. Les facteurs explicatifs pourraient tout aussi bien être les conditions météo, avec le froid et l’humidité, ou encore un certain relâchement dans les gestes barrières.
La deuxième réponse à la question, portant sur la plus forte dangerosité de cette nouvelle souche du virus, pourrait tenir en un : « pour l’instant, rien ne le prouve. » C’est en substance ce qu’a avancé l’Institut Pasteur, expliquant que jusqu’à aujourd’hui, les mutations du virus n’ont pas amené une hausse de sa dangerosité. Cette posture est évidemment temporaire, jusqu’à ce que des recherches établissent si oui ou non, cette nouvelle souche se révèlera dans le futur plus dangereuse.
Les vaccins fonctionneront-ils toujours ?
L’apparition de cette nouvelle variante du Covid tombe vraiment au moment le moins opportun. Juste ce lundi 21 décembre, l’Agence européenne des médicaments a donné son avis favorable à la commercialisation du vaccin Pfizer-BioNTech dans l’Union européenne. Ce qui signifie que la France, comme cela a été annoncé par Olivier Véran, pourra commencer sa campagne de vaccination dès dimanche 27 décembre.
Dès lors, vous vous en doutez, des questions se posent quant à la résistance théorique de cette nouvelle souche par rapport aux vaccins. Pour le moment cependant, du côté des experts comme de celui de l’Union européenne, l’heure n’est pas encore au pessimisme. Repris par France Inter, Etienne Simon-Lorière, spécialiste des virus ARN à l’Institut Pasteur, estime qu’ « Il n’y a pour l’instant pas d’inquiétude particulière à avoir ».
Enfin, de leur côté, les Hôpitaux universitaires de Strasbourg ont fait savoir ce lundi 21 décembre après midi lors d’un point presse qu’ils pourraient stocker jusqu’à 100 000 doses de vaccins, comme le rapportent les DNA. Sachant que les premières personnes à bénéficier de la vaccination en France seront les plus de 75 ans dans les Ehpad et les unités de soins de longue durée (USLD), ainsi que les professionnels de santé de plus de 65 ans, travaillant dans ces Ehpad et présentant un risque de développer une forme grave de Covid.
Comment a réagi la France ?
Point de grande conférence de presse pour dire que le virus ne passerait pas nos frontières comme en janvier dernier. Cette fois-ci, la France semble avoir retenu la leçon. À la suite d’un Conseil de défense convoqué en urgence ce dimanche 20 décembre, Emmanuel Macron, actuellement touché par le Covid-19, et son gouvernement ont décrété une fermeture des liaisons avec le Royaume-Uni, pour une durée minimum de 48h, au moins jusqu’à mercredi. Faisant cela, elle a suivi les autres pays européens qui avaient eux-aussi suspendu leurs liaisons avec le Royaume-Uni, qui se retrouve complètement isolé. Cette nouvelle variante du Covid a donc réalisé en quelques mois ce que le Brexit fait durer depuis 2016.
Comment cela va se passer pour les Français résidant en Grande-Bretagne ?
C’est forcément la question qui se pose, on se souvient des mouvements de panique de Français coincés au Maroc alors qu’ils tentaient de rentrer en France en mars dernier. Hier matin, lundi 21 décembre, le ministre de la Santé Olivier Véran a déclaré sur Europe 1 que les Français résidants en Grande-Bretagne “sauront en fin de journée [ce lundi] ou demain [mardi] les conditions qui leur permettraient de revenir en France d’ici 24-48 heures. » Des conditions qui « sont en cours de coordination avec nos partenaires européens » comme le précise le ministre.
Ce lundi 21 décembre, dans l’après-midi, c’est Clément Beaune, secrétaire d’État aux Affaires européennes qui s’est exprimé sur le sujet pour le préciser. Comme relayé par France Info, il a déclaré envers les Français qui reviendraient de Grande-Bretagne : « Nous avons un message très simple : « faites des tests PCR » ». Affaire à suivre.
Cette nouvelle variante circule-t-elle déjà en France ?
C’est évidemment la question que l’on peut se poser, au vu des nouvelles inquiétantes qui circulent presque aussi vite que la variante outre-Manche. Olivier Véran a admis que l’on est « dans un risque théorique » concernant cette nouvelle variante, et qu’il est possible qu’elle circule en France. Là encore, affaire à suivre.
Voilà donc un retour sur la situation de cette nouvelle variante du virus qui circule fortement outre-Manche, à tel point qu’elle inquiète désormais au sein de nos frontières françaises, à quelques jours seulement de Noël. Il faudra apprendre désormais à vivre avec ce type de nouvelles de mutations de virus que l’on ne connaît pas encore parfaitement. Et dans tout cela, malgré les incertitudes, les peurs et tous les sentiments négatifs, essayons de se soutenir les uns les autres, en passant de bonnes fêtes, tout en prenant soin de nos proches. C’est sûr que l’on va s’en sortir, cela va juste prendre du temps. Courage à tous et bonnes fêtes <3