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Joséphine Li, acrobate, L'envolée studio

Faute de salles, les artistes de cirque et de cabaret strasbourgeois quittent la ville

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« À Strasbourg, on a des écoles de cirque, des magiciens, des circassiens, des musiciens. Il y a tellement d’artistes de cirque et de cabaret qui pourraient très bien faire une programmation à l’année dans une salle. » Ce constat, c’est celui de Morgan Spengler, alias Champagne Mademoiselle, professionnelle de l’effeuillage burlesque et chanteuse. Seulement voilà, si les artistes strasbourgeois ne manquent pas, difficile pour eux de se produire dans leur ville d’origine.


Pas de salle, pas de spectacles

« Avec d’autres circassiens on se disait qu’on n’a pas de salle de type cabaret, où les artistes locaux peuvent se produire à l’année », constate Joséphine Li, acrobate et gérante du studio L’Envolée. « Il y a quelques espaces où faire des représentations comme l’espace K, notamment en décembre avec le “Krismass Show” mais ça reste ponctuel. Il y a aussi le Royal Palace le Kirrwiller, mais les compagnies viennent souvent d’ailleurs  ». « En Allemagne, presque chaque ville a son cabaret, ils ont cette culture du live. Nous en tant que frontaliers on pourrait être intéressés par cette clientèle », poursuit Morgan Spengler.

Et qui dit absence de salle, dit aussi absence de lieu d’entraînement. « Ça, c’est le nerf de la guerre », sourit l’artiste de cabaret. Il y a très peu de salles, par exemple avec des miroirs. Il y a la Fabrique de Théâtre, mais il faut avoir un projet de spectacle ». Ceux qui enseignent leur discipline peuvent parfois profiter du studio où ils sont embauchés, pour les autres, c’est souvent difficile.

Joséphine Li, acrobate L'envolée Studio
Joséphine Li, acrobate L’envolée Studio © Mathilde Piaud


Pourquoi n’y a-t-il pas de cabaret à Strasbourg ?

Selon Joséphine Li, ce ne serait pas une spécificité strasbourgeoise, mais plutôt française, ou plutôt provinciale : «  Il n’y a qu’à Paris où il y a des cirques qui ont du succès et des salles de cabaret qui tournent toute l’année » . Ce monde du spectacle, la strasbourgeoise Cecilia Arnould Rachner le connaît bien. D’abord sportive de haut niveau en natation synchronisée, elle est aujourd’hui directrice de casting ou encore organisatrice de spectacles à travers le monde. « L’exception culturelle française est une spécificité de notre pays que beaucoup de gens oublient !, explique-t-elle. Les institutions (théâtres, écoles, académies, musées… Etc) jouent un rôle majeur et façonnent le visage des différentes scènes, y compris locales. Elles dictent certaines conduites, monopolisent visibilité et moyens… Les cabarets ou autres salles de spectacles similaires, sont des établissements privés qui ne bénéficient pas de ces privilèges. »

Se pose alors le problème de leur financement. « Le lieu doit être rentable. Pour ça, son emplacement doit être optimale (un défi majeur au vu des contraintes structurelles) et il doit attirer beaucoup de monde… Nous sommes en France, en province… le monde de la nuit se limite à deux soirs par semaine. On est loin de l’effervescence des « ladies night » du mardi soir de Hong Kong, Dubai … ou même outre-Rhin. »

Coco Das Vegas
© Martin Lelièvre / Pokaa


Alors que deviennent les artistes strasbourgeois ?

Le paradoxe, c’est que les artistes professionnels d’origine strasbourgeoise sont de plus en plus nombreux : L’Envolée studio de Joséphine Li, l’école La Clandestine de Luna Moka, la Vertical Academy d’Hanna Joyce… les formations ne manquent pas. «  On a un vivier qui est constamment en train de se renouveler, constate Joséphine Li. Personnellement j’ai emmené des élèves à un niveau professionnel, largement capables de se produire, mais ici, ils ne peuvent pas. Alors ils partent de Strasbourg. On a des artistes qui vont au Canada, en Chine, dans le monde entier parce qu’ici il n’y a pas de travail en tant que performeur. L’école de cirque d’Achenheim aussi fait partir tout le monde. » Voilà donc le chemin choisi par nombre d’entre eux : l’exil. Morgan Spengler parcourt, elle, l’Allemagne où le public semble plus réceptif. Quant à Joséphine Li, elle a travaillé un temps à Paris, faisant chaque jour l’aller-retour entre la capitale et Strasbourg, afin de faire tourner son studio. Un rythme insoutenable auquel elle a dû mettre fin.

Les quelques artistes qui ne souhaitent pas quitter la ville trouvent en effet des alternatives, souvent au goût de renoncement. Ils ouvrent une école comme Joséphine, qui reconnaît « passer plus de temps à maintenir le studio hors de l’eau qu’à performer », donnent des cours ou trouvent un autre travail, souvent insuffisant pour compenser. «  Il ne faut pas oublier qu’un artiste qui donne trois heures de cours le soir, s’entraîne aussi cinq heures par jour, un temps pour lequel il n’est pas rémunéré et qui l’empêche d’avoir un autre travail », rappelle Joséphine Li.

Les bons professeurs se font alors aussi rares : « Les professeurs de bon niveau ne veulent pas rester non plus. Ces personnes veulent partir parce que c’est compliqué de se dire qu’on va rester pour donner quelques cours parsemés par ci par là alors, qu’ailleurs, on pourrait avoir une très belle carrière », poursuit l’acrobate.

© Mathilde Piaud


Une salle à Strasbourg, possible ou pas ?

« Le souci c’est le risque. J’en ai déjà discuté avec beaucoup de monde, une danseuse de french cancan, une amie drag-queen… On aurait aimé ouvrir ce genre de salle. Mais on est des artistes, on n’a pas beaucoup d’argent. On ne peut pas prendre le risque d’ouvrir une salle qu’on ne pourra pas payer si personne ne vient. Ça mettrait à l’eau tous nos autres projets. », regrette Joséphine. « Selon certains, si on prenait le temps de construire quelque chose, on pourrait accueillir la clientèle, en faire quelque chose d’iconique qui pourrait même devenir une institution. Mais ça prendrait des années. »

Cecilia Arnould Rachner, s’accorde malgré tout un peu d’espoir : « Je constate un vrai élan qui apporte une nouvelle dynamique au sein de l’Eurométrople ces trois, voire cinq dernières années… Notamment chez les jeunes entrepreneurs, beaucoup de nouvelles boutiques, café aux concepts originaux et sympathiques… La clé est sûrement là : imaginer un lieu multiple, multi-facettes… Une aventure qui m’intéresserait d’aborder post-covid… investisseurs bienvenus ! » Et de conclure : « Être artiste c’est l’œuvre de toute une vie ! C’est un travail commencé dès l’enfance et qui ne s’arrête jamais. C’est un investissement de tous les instants, de toutes les manières possibles, et aux moult sacrifices. »

© Martin Lelièvre / Pokaa

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Commentaires (2)

  1. Est-ce que le Cabaret onirique ou le Camionneur, qui ont fermé, étaient des lieux qui correspondaient ?
    J’aimerais beaucoup voir ce genre de lieu à Strasbourg, mais il faudrait que ça reste abordable afin de pouvoir en être une cliente régulière.

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