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Une intimité monnayée : rencontre avec ces Alsaciennes qui vivent d’OnlyFans, MYM ou AVN

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« Depuis le mois de mars, je vis uniquement de ces plateformes. J’ai changé de métier pour me consacrer à ces sites. Il s’agit d’un business, je gagne trois fois plus que hors confinement » affirme Mia Dolls, instagrameuse haut-rhinoise aux 75 000 abonnées. Un salaire rendu possible grâce à la vente de photos dénudées sur des sites comme OnlyFans, MYM ou encore AVN Stars. Ces réseaux sociaux privés se reposent sur un principe d’abonnements payants, qui permettent à leurs utilisateurs d’accéder à un contenu exclusif. Une tendance en explosion depuis le premier confinement.



« J’ai un pic incroyable de nouveaux abonnés et d’interactions sur mes réseaux sociaux » confie Mia Dolls. « Cette période de confinement représente une réelle hausse de revenu », ajoute-t-elle. Cela fait 4 ans que cette utilisatrice alsacienne est inscrite sur ces plateformes payantes. Durant ces années, elle a pu observer leurs évolutions et leurs fonctionnements. « MYM ressemble beaucoup à Instagram, tandis que OnlyFans a une interface plus semblable à celle de Facebook », explique-t-elle. OnlyFans est un réseau social britannique, créé en 2016 qui avait pour but de permettre aux artistes de faire payer le visionnage de leurs photos sous forme d’abonnements mensuels. En mai 2020, le PDG Tim Stokely a déclaré à Buzzfeed « que le site gagne environ 200 000 nouveaux utilisateurs toutes les 24 heures et 7 000 à 8 000 nouveaux créateurs s’inscrivent chaque jour ». MYM [meet your model ou « rencontre ton modèle » en français, ndlr] est, quant à lui, un réseau social français créé en 2019 avec un fonctionnement très similaire. Même si elle appuie le fait que ces réseaux sont destinés aux artistes et que son contenu est lui aussi purement artistique, l’influenceuse n’hésite pas à la décrire comme « une nouvelle forme de club de striptease ». 


Un contenu suggestif

OnlyFans ou MYM sont des réseaux sociaux qui reposent sur des principes simples : des images et vidéos exclusives et pas de censure. Les sites ont rapidement dévié de leurs utilités premières pour voir apparaître de plus en plus de contenu qui ne pourrait pas exister sur les filiales des GAFA : Facebook ou Instagram. La majorité des créateurs connus sont des femmes et les clichés publiés sont en grande partie dénudés. Beaucoup d’actrices X, dont nous tairons le nom, ont également rejoint ces réseaux. « Depuis le premier confinement, ça rentre dans les mœurs en France. Je soutiens les filles qui vendent leurs photos. Le porno n’est qu’une infime partie. Je coache des filles, 20 % en font » confie Mia Dolls. Et si l’influenceuse se revendique comme playmate et productrice de contenus artistiques ce n’est pas le cas de toutes les créatrices. Polska, une utilisatrice française d’OnlyFans avait affirmé dans un tweet du 10 août dernier qu’elle gagnait dix mille euros par mois grâce à des photos dénudées difficilement qualifiables d’artistique.

Une relation qui n’est pas unidirectionnelle : « Cela ne serait qu’un revenu, je ne serais probablement pas restée plus de 6 mois sur le site. J’aime ce que je fais. C’est la première fois que je m’épanouis pleinement dans ce que je fais » affirme June une autre utilisatrice, connue sous le pseudonyme SxGame. Mais même si ces réseaux sociaux jouent parfois les innocents, ils n’oublient pas de demander lors de son inscription, si le créateur compte poster du contenu dénudé. « On paye pour la relation d’exclusivité, pour rentrer dans l’univers de la personne. C’est plutôt un échange de services sensuels […] Je me vois comme une travailleuse du sexe surtout depuis que je publie du contenu sur AVN », confirme Saxa. La jeune créatrice ne se voile pas la face : « Sur AVN je mets du contenu très érotique même parfois porno, OnlyFans c’est plus soft », ajoute-t-elle. 

En effet, si les créateurs de MYM ou OnlyFans refusent l’étiquette de réseau social pornographique, c’est loin d’être le cas d’AVN Stars qui l’affirme ouvertement jusque dans la description de son site : « AVN Stars is the world’s fastest growing social media platform for the adult entertainment industry. Follow porn stars, clip artists and content creator profiles » (en français : AVN Stars est le réseau social de l’industrie du divertissement pour adultes qui connaît la plus grande croissance de popularité. Suivez le contenu de stars du porno et de divers artistes).


Une popularité source d’addiction

Les psychologues et les sexologues alertent sur ce genre de pratiques et ses dérives. « Il s’agit d’un marché qui se rapproche de celui de la sexualité. Peu importe le support, on assiste à une libération des fantasmes sexuels sur le web. Un lieu où tout est permis dans les désirs ou la prédation sexuelle. C’est pour moi encore une proposition commerciale pour ce qui est encore aujourd’hui surstimulé », affirme le docteur en psychologie et sexologue Maria Victoria Hernandez. « La libération sexuelle c’est le respect de chacun et celui de la liberté individuelle. Il n’y a pas de pas de sexisme, pas d’exploitation du corps, ni de l’un ni de l’autre », ajoute-t-elle. La dérive serait ainsi dans la commercialisation de la sexualité. « Aujourd’hui, on vend de la came sexuelle, on favorise le penchant additif sexuel. », dénonce la psychologue. « Sous le couvert de l’art peut se cacher de la prédation, de l’exhibitionnisme, du voyeurisme… Je suis sexologue et j’ai lutté pour la libération sexuelle. Et la libération n’est pas la perversion ou l’addiction sexuelle », affirme-t-elle.

L’existence d’une pratique qui peut se réaliser dans le privé n’est plus soumise à une régulation sociale et peut donc mener à des addictions sexuelles, qui causeront elles-mêmes de plus en plus de saturation de cerveau. « Il peut y avoir un besoin de surconsommation, de recherche de plus en plus d’images, car les quantités consommées ne suffisent plus. Cela pourrait même causer chez les hommes une incapacité à avoir une érection. Chose qui peut potentiellement mener à une dépression. Je ne parle pas forcément sur ces sites d’images, mais ils contribuent à ce mécanisme. Ils offrent juste des fantasmes sous le couvert de l’art », explique-t-elle. La spécialiste ne juge pas directement les sites MYM, OnlyFans ou AVN ; elle parle plutôt d’une tendance globale qui voit l’apparition de plus en plus de violences sexuelles et de dérives. Dérives fréquemment dénoncées par des mouvements féministes, surtout depuis ces dernières années, selon le docteur Hernandez. Elle craint également que la popularité de réseaux sociaux similaire à Instagram puisse inciter des mineurs à tenter d’imiter ces nouvelles célébrités.


Le modèle économique des réseaux sociaux privés

MYM, OnlyFans et AVN rapportent de l’argent à leurs créateurs via un système d’abonnements mensuels. Une personne qui se connecte sur la page d’un utilisateur ne verra qu’une galerie partiellement floutée, de photos. Un abonnement lui permettra d’accéder à certaines d’entre elles. Le site touche 20 % de commission sur chaque abonnement. Mais les abonnements ne sont pas l’unique moyen de gagner de l’argent sur ces réseaux. « Les photos très suggestives je les floute, car sur OnlyFans on peut envoyer des pourboires. C’est de l’argent supplémentaire en plus du prix de l’abonnement. Les créatrices demandent un montant minimum contre lequel elles envoient la photo en message privé » affirme Saxa. Ce système s’appelle le pay to view et est exploité par certaines comme une stratégie marketing.

« Quand une personne s’abonne, elle reçoit gratuitement une photo de bienvenue en privé. Mais il faut par-dessus faire en sorte de garder cet abonné fidèle. Pour cela, on envoie des médias : photos, vidéo d’appel, media push (tous les deux jours). On fait cela pour communiquer sur le contenu. On réalise ainsi des messages accrocheurs pour faire acheter divers médias », confie Mia. « Le nombre d’abonnés n’est pas très important, il vaut mieux cinq bons abonnés que 200 » ajoute-t-elle. Pour ce qui est de l’imposition, les interviewées veulent faire les choses dans les règles. « Je considère l’argent perçu comme un salaire, je le déclare donc aux impôts. Tant que c’étaient des petites sommes je faisais ça comme un particulier, mais je suis en train de créer une micro-entreprise. Par contre, tout le monde ne le déclare pas », affirment-elles.


Le profil d’un follower

Les consommateurs de contenu que proposent ces sites sont très divers et assez difficiles à catégoriser. Contrairement à Instagram ou Facebook, MYM, OnlyFans ou AVN ne proposent pas d’analytics. Il n’est donc pas possible pour les créateurs de voir si ceux qui les suivent sont des hommes, des femmes et quelle est leur tranche d’âge. Seuls les pseudonymes et les conversations privées leur permettent d’en savoir plus. Les communautés des interviewées sont très variées. Celle de Saxa est majoritairement masculine tandis que celles de Rosa et de Mia sont plus diversifiées. « J’ai autant de followers femmes que d’hommes. Les femmes s’inspirent pour prendre confiance, mais j’ai également des hommes, des couples… », affirme Mia. Les trois jeunes femmes s’accordent cependant toutes sur un point : « Ces personnes qui souscrivent sont assez respectueuses et polies. Les gens sont même plus respectueux que sur Instagram où on reçoit souvent des photos de parties génitales » explique Saxa. Les followers diffèrent également en fonction du site « Sur AVN je mets du contenu très érotique même parfois porno, OnlyFans plus soft », ajoute-t-elle.


Protection de l’enfance

Rosa est une nouvelle utilisatrice de MYM. Avant de se lancer, elle a étudié la plateforme grâce aux conseils de Mia, qui lui a confié un dossier qu’elle tient absolument à garder confidentiel. « Quand on s’inscrit sur MYM le site vérifie l’âge des futurs créateurs. Pour cela, il demande une photo de la carte d’identité et une photo de l’utilisateur avec la carte en main pour s’assurer qu’il n’a pas usurpé l’identité de quelqu’un d’autre », révèle-t-elle. « Je n’ai pas envie qu’une gamine de 16 ans se lance là-dedans. Beaucoup peuvent s’y perdre et il faut se rendre compte du danger de MYM. Tu commences par des photos normales et tu te retrouves avec un plug, car tout le monde le fait », ajoute-t-elle. 

Le site français prend très à cœur la protection des mineurs. Dès la première page, un lien est consacré à leur protection. MYM est un réseau social qui permet le partage et la visualisation de divers types de contenus (vidéos ou photos). Même si MYM fait de son mieux pour vérifier la conformité de l’ensemble des médias hébergés, il se peut que ces vérifications ne soient pas fiables à 100 %.

MYM respecte les procédures suivantes pour assurer la conformité :

  • Exiger que tous les utilisateurs soient âgés de 18 ans ou plus pour s’inscrire et ajouter des vidéos et des photos.
  • Pour obtenir de l’aide et/ou des informations sur la recherche du Créateur à l’origine d’un contenu, veuillez contacter notre support à [email protected].

MYM permet à ses internautes de signaler le contenu comme inapproprié. Si un contenu est signalé comme étant illégal, harcelant, préjudiciable, offensant ou pour toute autre raison, MYM le supprime sans délai de sa plateforme. Les utilisateurs de MYM qui rencontrent ce type de contenu sont invités à le signaler comme inapproprié en cliquant sur le lien “Signaler ce média” situé sous chaque vidéo ou photo » peut-on lire.

Ces réseaux sociaux privés peuvent donc se révéler comme une future tendance qui pourrait voir émerger son lot de problème ou au contraire proposer une alternative plus saine à des formes de sexualité nocives. 


Maksym Toussaint

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