Depuis la semaine dernière, un léger picotement de panique se fait ressentir en France. En effet, les bars ont totalement fermé à Aix-Marseille, ainsi qu’à 22h à Paris et dans plusieurs autres métropoles. Si à Strasbourg nous sommes pour le moment épargnés grâce à un immense travail des restaurateurs et des commerçants, ainsi qu’à une population en grande majorité respectueuse des règles, chaque semaine nous attendons désormais les points du ministre de la Santé Olivier Véran pour savoir à quelle nuance de rouge nous allons être croqués. Alors on s’est dit qu’on allait refaire un point exhaustif, pour essayer de mieux comprendre avec vous de quoi on parle aujourd’hui, entre « deuxième vague », nouveaux indicateurs du coronavirus et la situation actuelle à Strasbourg.
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Puisqu’on n’a pas tous et toutes le temps de se plonger à corps perdu dans des myriades de chiffres, si jamais vous voulez un résumé rapide pour briller en société ce week-end dans nos bars et restaurants préférés, voici un petit résumé à lire entre deux pintes – en s’étant lavé les mains scrupuleusement avant, of course :
- Le gouvernement considère désormais trois indicateurs pour classer les départements et métropoles: le taux d’incidence, celui des personnes de plus de 65 ans et le seuil d’occupation des lits de réanimation.
- Selon ces trois critères, départements et métropoles peuvent être classés en zones d’alerte, zones d’alerte renforcée et zone d’alerte maximale. Chaque zone possédant son lot de restriction. Aujourd’hui, Strasbourg et l’Eurométropole se trouvent en zone d’alerte.
- Il y a beaucoup d’inquiétudes concernant la « deuxième vague », qui concerne la hausse insidieuse des hospitalisations et des réanimations. Le problème ? Plus les lits de réanimation, réduits à peau de chagrin depuis vingt ans de casse de l’hôpital public, seront occupés, moins il y aura de place pour les patients atteints d’autres maladies. Ce qui pourrait avoir des conséquences dramatiques.
- Alors que 11 métropoles sont minimum en zone d’alerte renforcée, avec la fermeture des bars plus tôt, Strasbourg s’en sort pour l’instant relativement bien au niveau de tous les indicateurs. Le tout dans une région Grand Est qui a diminué ses hospitalisation d’un tiers en un mois. Seul bémol : les patients en réanimation ont bien augmenté, dans des proportions qui ne sont pas encore inquiétantes aujourd’hui.
Trois indicateurs et un classement : comment mesure-t-on le coronavirus aujourd’hui ?
Revenons ensuite sur un point important : les indicateurs de mesure du coronavirus qui guident le gouvernement. S’ils peuvent paraître arbitraires – et d’une certaine manière, ils le sont – il s’agit néanmoins d’éléments qui ont une importance capitale sur notre vie sociale et de loisir, tout comme sur la subsistance des commerces qui nous entourent. En effet, Aix-Marseille a vu ses bars et restaurants fermer temporairement de par sa couleur « écarlate », Paris, Lyon, Lille et même Rouen sont passés en « super-rouge », ce qui implique notamment une fermeture des bars à partir de 22h, à la suite des annonces d’Olivier Véran, le ministre de la Santé, le 24 septembre dernier.
Alors que Strasbourg est pour le moment épargné par ce type de mesures qui pourraient s’avérer catastrophiques pour l’économie locale, essayons donc de comprendre ces indicateurs. Ils sont au nombre de trois, que vous pouvez retrouver en détail ici :
- Le nombre de cas positifs sur 100 000 habitants pour une ville ou un département
- Le nombre de cas positifs sur 100 000 habitants sur la catégorie des + de 65 ans pour une ville ou un département
- Le taux de lits en réanimation occupés par les patients Covid
Selon chaque résultat dans ces trois indicateurs, le département ou la ville seront ainsi placés en « zone d’alerte » (le cas de Strasbourg), représentée en rose pâle sur la carte ci-dessous, « zone d’alerte renforcée » (Paris et Lyon), représentée en rouge, et « zone d’alerte maximale » (Aix-Marseille), représentée en rouge bordeaux. Le 24 septembre, Olivier Véran a dévoilé le premier résultat de cette carte, qui ressemblait à cela :
50 nuances de rouge
Il faut savoir que ces différentes nuances de rouge visibles ci-dessus ne sont pas sans conséquences pour la vie de la cité. Pour prendre l’exemple du Bas-Rhin, notre département se trouve pour le moment en zone d’alerte. Ce qui signifie que le taux d’incidence dépasse les 50 cas positifs pour 100 000 habitants. Au niveau des mesures, seule la jauge des rassemblements est ramenée à 30 personnes, tandis que la préfète a le pouvoir de prendre des mesures complémentaires, comme par exemple l’interdiction des rassemblements de plus de 10 personnes sur la voie publique après 21h.
En zone d’alerte renforcée, ce n’est plus vraiment la même limonade. Paris, Lyon, Lille, Bordeaux, Nice et six autres métropoles (plus les départements de la petite couronne parisienne) ont un taux d’incidence au-dessus de 150 cas positifs pour 100 000 habitants, ainsi que 50 cas pour 100 000 chez les personnes âgées. Ce qui donne aux préfectures le pouvoir de fermer les salles de sport, les bars de façon partielle à des horaires décidés par elles, d’interdire les fêtes étudiantes… tout un panel de mesures contraignantes mises en place pour ralentir la propagation du virus.
Enfin, lorsqu’une ville ou un département est placé en zone d’alerte maximale, comme Aix-Marseille, c’est que le taux d’incidence explose et atteint à la fois 250 nouveaux cas pour 100 000 habitants et 100 nouveaux cas pour 100 000 habitants chez les personnes âgées de plus de 65 ans. En outre, la part de patients atteints du Covid dans les services de réanimation dépasse la barre des 30 %. Dès lors, les bars et restaurants sont fermés, en plus de toutes les autres mesures évoquées ci-dessus.
Dis-moi Jamy, c’est quoi une « deuxième vague » ?
Le gouvernement prend les mesures évoquées ci-dessus en concordance avec les préfets, peut-être un chouïa moins avec les maires, pour en premier lieu montrer qu’ils ne se louperont pas dans d’aussi grandes largeurs qu’en début d’année, mais surtout pour éviter ce qu’on évoquait déjà en mars dernier : la « deuxième vague ». Loin d’être la suite du superbe film de Dennis Gansel, on pourrait grossièrement la définir comme un retour en force des cas positifs au coronavirus.
Si on pouvait jusqu’à récemment se ranger derrière l’argumentaire « il y a plus de cas parce qu’on teste davantage », ces dernières semaines ont prouvé que le retour en force des cas positifs s’accompagne progressivement un peu partout en France d’un retour en force des hospitalisations. Au 1er septembre, il y avait 4 604 personnes hospitalisées pour le Covid, dont 424 en réanimation. Au 1er octobre, il y en a 6 652 dont 1 265 en réanimation. Clairement, les chiffres remontent au niveau national, le nombre de personnes hospitalisées en réanimations a même triplé !
En quoi la « deuxième vague » peut, si elle continue, poser problème ?
Et cette augmentation de plus en plus forte des réanimations va se révéler très problématique si la courbe ne s’inverse pas. En effet, après la première vague de coronavirus, durement encaissée par l’Alsace et la région parisienne, il n’y a eu peu ou prou pas de changements au niveau des hôpitaux. Difficile de défaire une vingtaine d’années de casse de l’hôpital public en six mois. Difficile aussi de faire pousser des lits de réanimations comme des champignons si tu n’as ni les médecins ni les infirmières pour les gérer. Surtout que ces places en lits d’hospitalisation, et a fortiori en réanimation, sont le vrai enjeu de cette crise du Covid.
Les décès directs de la Covid-19, même s’ils sont évidemment dramatiques, ne sont même pas le problème le plus grave de ce virus : celui-ci est davantage à chercher dans la contagiosité du virus d’une part, qui semble se transmettre de plus en plus vite, mais d’autre part, et bien plus important, dans le fait que des personnes hospitalisées pour Covid, si l’épidémie suit sa courbe de “deuxième vague” vont finir par saturer les places en réanimation.
Cela signifie tout simplement que des patients atteints de toutes les autres maladies vont voir leur place en réanimation conditionnée au développement de l’épidémie de Covid. Ce qui pourrait, si la situation ne s’améliore pas, engendrer beaucoup plus de morts. Et alors que les réanimations ont triplé en un mois, il y a de quoi être inquiet.
Strasbourg pourrait-elle passer en zone d’alerte renforcée ?
Terminons par cette question. C’est finalement celle que tout le monde se pose, avec des professionnels et des commerçants dont l’inquiétude se fait croissante. Néanmoins, si la situation n’est pas idéale à Strasbourg et dans l’Eurométropole, elle n’en est pas encore au stade d’autres métropoles comme Lille, Lyon ou même Grenoble. En effet, selon le dernier point épidémiologique en date de l’ARS datant du 1er octobre, le taux d’incidence à Strasbourg et l’Eurométropole est de 94,6. Soit encore bien en dessous des 150 cas positifs.
La réponse naturelle serait donc : non… pas encore. Allons donc plus loin et examinons la situation plus globale dans le Grand Est et le Bas-Rhin.
La situation dans le Grand Est
Les hospitalisations augmentent dans la quasi totalité des régions de France, on l’a dit. Mais ce qu’on vous gardait comme petite surprise, c’est que le Grand Est est la seule région avec l’Île-de-France où le nombre d’hospitalisations a baissé sur le mois de septembre ! Au 1er septembre, 433 personnes étaient hospitalisées. Au 1er octobre, il n’y en a plus que 295, soit une baisse de 32% ! Dans le même temps, le taux de positivité est à 3,1%, selon les derniers chiffres, bien en-dessous des moyennes nationales qui s’établissent à 7,6%.
Pour les indicateurs utilisés par le gouvernement, le taux d’incidence est, selon les derniers chiffres, de 38 pour 100 000 habitants, celui des 65 ans et plus est à 21,8 pour 100 000 habitants. Finalement, la seule mauvaise nouvelle se trouve du côté des réanimations qui ont fortement augmenté le mois dernier, passant de 16 à 44. On reste néanmoins en-dessous du stade des 30%, puisque le Grand Est possède 471 lits de réanimation, ce qui donne un taux de lits occupés de 9,34 %.
La situation dans le Bas-Rhin
Dans le Bas-Rhin, le département qui nous intéresse le plus, les chiffres et les indicateurs sont plutôt positifs aussi. Il y avait 93 personnes hospitalisées au 1er septembre, il n’y en a plus que 41 au 1er octobre. En outre, sur 122 lits en réanimation, il y en a 13 qui sont actuellement occupés au 1er octobre alors qu’il n’y en avait que 5 au 1er septembre. Malgré cette augmentation conséquente, on reste donc néanmoins en-dessous de la barre des 30%, avec un taux d’occupation de 10,66 %.
Du côté des derniers indicateurs surveillés par le gouvernement, le taux d’incidence est même repassé en-dessous du seuil d’alerte sur la semaine du 22 au 28 septembre, s’établissant à 45,7, avec un taux de positivité à 2,9%. Dans le même temps, le taux d’incidence pour les + de 65 ans est à 12,9, le deuxième taux le plus bas du Grand Est. On est bien dans le Bas-Rhin.
Au vu de tout cela, l’optimisme, certes conjugué à la prudence, sont de mise à Strasbourg. Grâce au gros travail de nos restaurateurs et commerçants avec un protocole sanitaire strict mis en place en concertation avec la préfète, le respect des règles dans leur grande majorité par les Strasbourgeois et les campagnes de prévention de la ville, Strasbourg fait presque figure d’exception dans le paysage français. Néanmoins, on va devoir vivre encore un moment avec le virus et cela implique de ne pas se relâcher sur le respect de nos gestes barrière, pour ne pas se retrouver dans des situations similaires à celles connues par Paris, Lyon ou Marseille. Alors tout Strasbourg, vous pouvez être fiers de vous. On lâche rien et on continue comme ça !
Couverture : @Samuel Compion pour Pokaa
“réduit à peu de chagrin” “de part sa couleur” “le retour des cas s’accompagnent”
Du coup, toujours pas de relecteur•ice•s chez pokaa? Flemme de finir un article que vous avez eu la flemme d’écrire bien.
Bonjour Bof,
Merci pour votre commentaire appelant à plus de vigilance dans les relectures. Et merci également pour votre bienveillance et vos retours sur notre travail, toujours exempts de tout jugement de valeur, ce qui est précieux.
Bonne journée à vous.
Ps : on écrit “bien écrire”
Bonjour Nicolas, ici, l’adverbe est placé après le verbe pour créer un parallélisme : flemme de lire/flemme d’écrire. L’usage de bien après un verbe à l’infinitif pour créer un parallélisme n’est d’ailleurs pas inhabituel : La Bruyère disait “Il y a parler bien, parler aisément, parler juste, parler à propos.”
Les erreurs d’orthographe relevées dans l’article ne relèvent en revanche pas d’un choix linguistique mais d’une erreur.
Pokaa regorge de fautes d’orthographe et de grammaire depuis sa création; encourager un site professionnel à se montrer professionnel est en effet précieux.