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Des mini-expos dans des containers : Strasbourg voit ses musées bouger dans la rue

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Si vous avez traversé le pont Winston Churchill cette semaine, vous avez peut-être remarqué que d’étranges boîtes ont élu domicile le long des quais du quartier Danube. Servent-elles de salle de pause à des ouvriers ? Sont-elles le repère de couples adultères ou le QG d’une société secrète de ragondins ? Au risque de vous surprendre, ces containers bleu nuit sont en fait des mini-musées qui vous permettent de profiter de l’Art juste en bas de chez vous. En peignoir et en schloppas si ça vous branche. Pour parler de ce projet un peu fou, je suis allée à la rencontre d’Anatole Boule, fondateur de l’Atelier Pandore et commissaire de l’exposition, qui a eu l’idée de mettre en place ce nouveau système de monstration dans les rues strasbourgeoises.
© Charlie Picci Claude / POKAA

Une exposition dont l’identité est liée à l’histoire du quartier

Initialement prévue au printemps, l’exposition Dans L’Oeil d’Hérodote devait accompagner l’inauguration du nouvel écoquartier du Danube en avril. Elle a finalement été décalée à la rentrée culturelle, pour notre plus grand plaisir. La promesse de bouleverser nos habitudes muséales et de mettre en place de nouveaux codes de lectures, accessibles à tous.

Ce qui intrigue au premier regard, c’est clairement la muséographie ; ces quatre énormes vitrines sont fascinantes et titillent notre curiosité. Quatre bulles de verre, écrins futuristes dans lesquels sont placées des copies de sculptures antiques issues du musée strasbourgeois Adolf Michaelis. Réparties de façon inégale, ces œuvres ont en commun de nous interroger sur notre identité et sur celle du quartier. Car l’idée de cette exposition, c’est de mettre en lumière ce qui rassemble les habitants du quartier Danube pour qu’ensemble, ils développent leur propre identité qui sera leur signature dans la ville. Quand on pense à la Krutenau on pense aux bars, aux restaurants. La Neustadt suggère immédiatement le parc de l’Orangerie et le passé de Strasbourg sous l’occupation allemande. Le quartier de l’Esplanade évoque à tous l’Université et Le Morfal. Mais qu’est-ce qui fait le quartier Danube ? C’est d’ailleurs de cette notion d’identité qu’est tiré le titre de l’exposition, comme nous l’explique Anatole :

“L’histoire c’est qu’Hérodote était un mec un peu hurluberlu qui, au Vème siècle av. JC, décide de voyager pour écrire une Histoire des Hommes car jusque-là, on écrivait uniquement de la mythologie, l’Histoire des Dieux. Par tradition de copistes on a gardé des manuscrits de ses Enquêtes et leur auteur est aujourd’hui considéré comme le premier historien de notre temps. Hérodote écrit sur l’évènement important de son époque : les guerres médiques qui opposent Grecs et Perses. Il raconte que dans un épisode d’accalmie, un émissaire Perse avait été envoyé chez les Grecs pour leur sommer de se rendre. Mais pour les Grecs, ce choix était inenvisageable car ils n’avaient pas la même identité que les Perses et préféraient se battre pour défendre ce qu’ils étaient et ce à quoi ils croyaient […] Hérodote raconte cet épisode et souligne que l’identité grecque repose sur trois piliers: une histoire, des traditions et une langue commune”.

Le lien entre ce personnage qui a vécu il y a plus de 2500 ans dans la Grèce antique et un nouvel écoquartier dans le Strasbourg contemporain peut paraître flou, et pourtant… Anatole m’apprend que ce nouvel écoquartier abrite pour la première fois des immeubles d’habitation après avoir été un important centre industriel, pourvu d’un gazomètre qui servait à alimenter la ville jusque dans les années 1980. Ce système d’approvisionnement a été progressivement abandonné et démantelé mais les municipalités successives qui avaient déjà en tête un grand projet d’extension de la ville de Strasbourg qui ferait la liaison avec Kehl.

© Charlie Picci Claude / POKAA

Malgré son passé industriel, le nouveau site a pour vocation de préserver l’environnement mais aussi de favoriser la mixité sociale et l’échange; ainsi on peut y trouver des immeubles d’habitation, un EHPAD, une résidence étudiante, des restaurants, un lieu de vie accueillant des personnes handicapées mais aussi des logements sociaux. L’idée principale est donc d’offrir de bonnes conditions de vie à tous, peu importe l’âge ou le milieu social. La création d’espaces communs permet de favoriser le dialogue et les interactions. Mais la grande mixité de ce quartier rend d’autant plus compliquée la création d’une identité qui lui serait propre. Le Groupe Boulle (ndlr: le groupe qui a co-construit l’immeuble “Futur Composé” avec ses habitants et au pied duquel se trouve l’exposition) et l’Eurométropole ont soutenu l’Atelier Pandore car tous avaient en commun l’envie d’épauler les occupants dans leurs réflexions. Le quartier n’ayant pas de structures identitaires propres, il faut que tous construisent ensemble ce qu’ils sont ; les boites-musées apportent le patrimoine au cœur même de la vie quotidienne et donnent des exemples de solutions pour tenter d’y voir plus clair.

Un mini musée dans 4 containers : une expo qui casse les codes !

Dans ce tiers-lieu éphémère, les quatre boîtes évoquent des thématiques sociales traitées historiquement : Hérodote, les langues grecques, la mythologie et les traditions qui unissent les hommes et leur permettent de se rassembler en communauté.

© Charlie Picci Claude / POKAA

En discutant avec les gens, je remarque que ce qui étonne et émerveille le plus souvent avec cette exposition, se sont les containers. Ce système de monstration vise à bouleverser le système muséal établi et à apporter la culture au plus près de gens pour rompre les carcans du musée qui ont parfois un aspect impressionnant et élitiste:

“La base de cette idée vient de ma formation d’archéologue et de mon activité d’animateur dans des structures d’éducation populaire, m’explique Anatole, avec l’idée de donner accès à toute la population à la culture et à la politique. Quand mes deux vocations se sont rencontrées, il y a eu un processus de recherche qui m’a fait aboutir aux containers. J’avais d’abord pensé à d’autres formes de monstration mais qui n’étaient malheureusement pas constructibles ou trop complexes pour respecter les conditions de conservation des œuvres […] Les containers sont une grammaire et une esthétique qui existent déjà à Strasbourg grâce à l’Ososphère. J’ai rencontré Nicolas Schelté de l’Agence Candide, ainsi que Thierry Danet le directeur artistique de l’Ososphère et de La Laiterie. Tous deux travaillent beaucoup le container et m’ont fait rencontrer leur architecte. L’idée du container s’est rapidement imposée comme la réponse à la réalisation de mes idées. Notre objectif est de casser les codes du musée, de proposer quelque chose de radical et aller vers de la vraie démocratisation ; faire progresser l’idée de l’ouverture et de l’accessibilité à tous de la culture”.

Les scénographes de l’exposition (les ateliers RTT, les ateliers Terrains Vagues et l’artiste Arnaud Finix ) ont eu l’idée de réinterpréter le concept de la lanterne magique ; ces lampes qui projettent des décors colorés dans les chambres d’enfants, et de faire de ces boites-musées des lanternes géantes. Toutes sont dotées d’un hublot qui permet de regarder le spectacle qui se déroule à l’intérieur :

“Dans chaque boîte il y a un mécanisme de décor avec des ombres qui donnent du sens aux œuvres et vice-versa. L’idée de cette scénographie c’est de scinder la partie didactique et la partie émotionnelle. En gros, les cartels se trouvent sur les boîtes mais on peut s’en affranchir et se contenter de vivre l’exposition comme un spectacle, de l’expérimenter sans passer par les panneaux explicatifs”.

© Charlie Picci Claude / POKAA

Dans L’œil d’Hérodote est donc une exposition ouverte et compréhensible par tous : enfants, parents, connaisseurs, ceux qui ont juste envie de passer faire un tour pour se dégourdir les jambes et même les plus connectés qui trouveront des flashcodes sur chaque vitrine pour découvrir des podcasts pleins de surprises. N’hésitez pas à aller à la rencontre d’Anatole et son équipe qui se trouveront sur place pendant tout le temps de l’exposition pour vous accueillir !

Et vous, vous mettriez quelle œuvre dans votre mini-musée ?

Dans l’oeil d’Hérodote

Quai du Bassin Dusuzeau
Exposition gratuite et ouverte à tous, tous les jours du 17 septembre au 27 novembre
Plus d’infos sur le site de l’Atelier Pandore


Charlie Picci Claude

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