Le houblon… Une jolie plante vivace et herbacée qui fait la fierté des agriculteurs alsaciens depuis la fin du XVIIe siècle. Lointaine cousine du cannabis (famille des cannabinacées), elle est cultivée massivement dans nos vertes contrées. En effet, rien que dans le Bas-Rhin, elle représente 95 % de la production française. Mais cette année, la plante grimpante, dont les fleurs parfument délicatement nos bières, a quelques petits soucis à se faire.
Un manque de main d’œuvre, une météo trop clémente et une demande en baisse : la triple peine ?
Au début du confinement, les agriculteurs ont vu rouge. Comme de nombreux professionnels travaillant avec de la main d’œuvre saisonnière, la profession tout entière se voyait déjà en manque de bras pour les récoltes. Mais heureusement de nombreux villageois et travailleurs locaux ont su répondre aux appels de détresse de la profession. Une main d’œuvre d’urgence s’est donc rendue disponible très rapidement, dans les champs, pour répondre à la demande et effectuer les travaux habituellement effectués par une bonne partie de travailleurs étrangers.
Mais une fois le problème de la main d’œuvre résolu, la profession s’est inquiétée d’une météo trop généreuse en ensoleillement. En effet, les mois d’avril et de mai n’ont vu arriver que de très faibles précipitations. Le mois d’avril 2020 a été le plus chaud jamais observé dans la région depuis 1924, avec notamment six jours de chaleur à plus de 25°c, comme l’explique Marie Coulon dans son article pour France 3 Région. Ajoutez à cela un petit vent frais qui freine la croissance des plants… Il va peut-être falloir arroser pour la première fois. Certains agriculteurs utilisent déjà le système de goutte à goutte pour contrer ce que l’on nomme déjà la sécheresse de 2020.
Aussi, la loi de l’offre et de la demande joue également un rôle sur la santé de ce fleuron agricole local. En effet les brasseries, qui achètent généralement des tonnes de houblons pour brasser leurs bières, ont cessé ou réduit fortement leur activité. Problème : le houblon ne s’arrêtera pas de pousser. Alors que vont-t-ils faire de la récolte millésimée 2020 ? Où stocker tous ces chatons (prémices des fleurs du houblon) ? La question reste en suspend. Les professionnels attendent eux aussi des réponses et des précisions.
Quel manque à gagner pour les producteurs ?
Pour savoir où va aller la production de cette année, il faut bien évidemment penser tarif et rentabilité. Le houblon se vendra-t-il si la demande est faible ? Et si oui, à quel prix ?
Les bières s’écoulent, elles se consomment et se périssent. Ainsi, les petits et moyens brasseurs voient leur stock s’amoindrir et la perspective de se fournir en houblon de qualité et à bon prix s’éloigner de plus en plus. Tout cela à cause de l’incertitude du prix de la tonne, mais aussi de l’impossibilité de prévoir si oui ou non les clients répondront présent après le confinement. Se pose donc la question de la rentabilité. Combien de houblon faut-il acheter et à quel prix ? Combien pourrais-je revendre ma production ? Prévoir l’après est pour l’instant quasiment impossible.
Pour les plus gros producteurs, le manque à gagner est également féroce. Toujours selon l’article de France 3 Alsace, la famille Haag, qui tient la brasserie Météor depuis 1640 estime que sa production a baissé de 65% et que son chiffre d’affaire a baissé de 80 %.
Que faire de tout cet oseille houblon ?
L’Alsace, et surtout les producteurs de houblon devront peut-être trouver une solution alternative pour optimiser leur récolte. L’utiliser comme une plante décorative, contre certaines allergies, en tisane ? Utiliser la bière perdue pour faire du Whisky ? L’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) ainsi que l’EMA (Agence Européenne du Médicament) lui reconnaissent des propriétés inattendues. Le houblon soulagerait les troubles digestifs fonctionnels, les affections digestives d’origine nerveuse ainsi que la tension, le stress, l’agitation et l’anxiété. En tout cas, on espère que des solutions seront trouvées rapidement pour aider producteurs de houblon ! En attendant, à nous aussi d’aider nos brasseries locales, qui ne baissent pas les bras et continuent de livrer les Strasbourgeois !