Nichée sur les premiers contreforts du Jura alsacien, tout au sud de l’Alsace, dans le Sundgau, Ferrette est une petite cité blottie au pied d’un des plus anciens châteaux de la région, dont la première mention remonte à 1105. Il règne, dans ce village médiéval chargé d’histoire, une atmosphère des plus paisible entremêlée au charme authentique de ruelles parsemées, de vieilles devantures d’artisans, d’une église au clocher massif et d’auberges pittoresques servant la traditionnelle carpe-frite. De petits sentiers bucoliques grimpent jusqu’au sommet du village menant aux vestiges de l’enceinte fortifiée du château. Il fut l’une des principales possessions des comtes de Ferrette. Aujourd’hui, il en reste des ruines formant deux parties : le château inférieur et le château supérieur. Ce dernier offre un panorama d’une beauté exceptionnelle sur les Vosges, la Forêt Noire et le Jura. En 2015, Ferrette a été classé 8ème dans l’émission “Le Village préféré des Français”.
Aux alentours du village, un chemin balisé mène à la Grotte des Nains. Après une traversée en forêt, apparaissent d’immenses roches de part et d’autre du chemin. Une gorge impressionnante d’environ 25 m de profondeur. Appelée Erdwibalaschlucht (le défilé des petites femmes de la terre), elle a été formée par le travail de l’eau dans le calcaire karstique. Au milieu de ce passage, un grand arbre s’élève pour atteindre la lumière : un tilleul de 140 ans. Située au fond de la gorge, la grotte prend l’apparence d’une cavité qui s’ouvre dans la paroi rocheuse et se continue par deux boyaux, le tout développé sur une quinzaine de mètres.
Il se raconte à propos de cette mystérieuse grotte une célèbre légende. La voici telle qu’elle est parue dans la « Revue d’Alsace » en 1851 :
Il y avait un temps où la Caverne des Loups (Wolfshöhle), située à quelque distance de Ferrette et enfoncée dans les rochers de la Heidenflüe, était habitée par une peuplade de nains. Ils y avaient des chambrettes taillées dans le cristal de roche et tous les meubles étaient d’argent. Chacune de ces chambrettes était occupée par un couple de nains, homme et femme. Tous ceux qui les avaient vus étaient émerveillés de la beauté de leurs traits et surtout de l’éclat particulier de leurs yeux qui brillaient comme des étoiles. Ils n’avaient point d’enfants et jouissaient d’une jeunesse éternelle. Souvent ils prenaient plaisir à descendre dans la vallée et à entrer dans les habitations dispersées çà et là sur les flancs de la montagne, et leurs voix douces et mélodieuses cherchaient à imiter le langage des pâtres et des laboureurs qu’ils venaient visiter.
C’était surtout au temps de la moisson qu’on les voyait sortir en foule de leurs riches demeures souterraines. Armés de leurs faucilles, ils venaient se placer au milieu des paysans, que leur présence remplissait de joie et d’espérance. Aussi ceux-ci se montraient-ils plein de reconnaissance envers les nains et ne manquaient-ils pas de les convier à leurs rustiques festins et à leur servir tout ce que cuisine et cave pouvaient fournir d’excellent.
Une chose cependant paraissait étrange aux hommes, c’étaient les longues robes que portaient les nains et qui empêchaient les curieux d’en voir les pieds. Quelques jeunes filles de la vallée ne pouvant réprimer plus longtemps l’envie de savoir quelle forme avaient ces pieds, résolurent un jour de surprendre le mystère des nains. Elles se rendirent donc, avec le lever du soleil, à la Caverne des Loups, et, après avoir couvert de sable le plateau de pierre qui se trouvait à son entrée, elles se cachèrent dans les broussailles, pensant que lorsque les nains feraient leur promenade matinale dans la forêt pour y boire les gouttes de la fraîche rosée et sucer le doux miel renfermé dans le calice des fleurs, leurs pieds ne manqueraient pas de laisser des traces dans le sable. Dès que le soleil jeta ses premiers rayons sur les rochers de la Heidenflüe, les nains parurent à l’entrée de la grotte, et ne se doutant nullement de la malice des paysannes que la curiosité avait rendues si ingrates, ils traversèrent le plateau pour descendre dans la forêt. Mais à peine les jeunes filles eurent-elles aperçu que les nains laissaient dans le sable des traces de pieds-de-chèvres, qu’elles partirent d’un grand éclat de rire. Les nains se retournèrent tout étonnés, et se voyant trahis, ils se retirèrent dans leur caverne pour n’en plus jamais sortir.”
Un magnifique village médiéval haut-perché dans une nature verdoyante, surmonté par les ruines imposantes d’un château. Des sentiers pédestres bucoliques qui mènent aux gorges et à la Grotte des Nains dont la légende est répandue dans toute l’Alsace. Ferrette est un bijou à découvrir dès que possible.
Crédit photo de couverture : Office du Tourisme du Sundgau
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