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À la rencontre des Manouches de Strasbourg : une série photo pleine d’humanité

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La lumineuse série « Lechté Mãnouches » du photographe Régis dit Monsieur Paparazzo nous invite au voyage, dans un univers méconnu : celui des Manouches de Strasbourg-Polygone. Des portraits d’une grande douceur, pour mettre un peu d’humanité et de sourires dans nos journées. Et pour découvrir d’autres Strasbourgeois, comme vous et moi.
© MonsieurPaparazzo

« Voir, observer, penser » ?

« Voir, observer, penser » déclarait le photographe allemand August Sander (1876-1964) lorsqu’il était question de son approche photographique. Témoin de son époque, à travers des séries de portraits de ses contemporains, issus de tous types de classes sociales, professionnelles et origines, il était reconnu de son temps, comme du nôtre, comme un photographe de la réalité, de la vérité.

© MonsieurPaparazzo

Admiratif de l’œuvre de ce dernier, Régis, dit MonsieurPaparazzo, situe sa propre démarche « entre approche documentaire et pratique artistique ». Il évoque les travaux des universitaires de Stuart Hall (en anthropologie culturelle) et Judith Butler (Gender Studies) qui l’influencent dans son travail, et reprend les mots de Todd Hiro : « I photograph like a documentarian but print like a painter ».

Régis m’explique « chercher [s]es sujets dans l’ordinaire social afin de faire émerger l’identité d’un territoire ou d’une communauté par le prisme du portrait ».

Pas étonnant donc, de découvrir tant d’humanité et de simplicité dans sa magnifique série en noir et blanc sur la communauté Manouche de Strasbourg-Polygone. Des sourires et regards francs de modèles qui se saisissent de l’objectif, autant que l’objectif le fait d’eux. Un échange sincère entre le photographe, témoin, et ses modèles, acteurs de leur séance.

La remise des photos aux modèles
© Laumer Faure

À l’instar d’une Diane Arbus (1923-1971), photographe/portraitiste de rue de renom, qu’il cite aussi, et qui développait une relation de confiance avec ses modèles qu’elle revoyait à l’occasion, Régis a lui aussi tissé une amitié qui perdure, avec la communauté. Deux séances ont été nécessaires à l’époque pour tirer leurs portraits, mais encore aujourd’hui, il revient les voir, photographier des mariages, des célébrations, ou prendre des nouvelles. Une complicité qui se sent dans ses photos, se lit sur les visages de ses modèles, détendus.

Un projet d’amis

Un projet né en 2017 entre deux amis perdus de vue, retrouvés au coin d’une rue.
Le premier, Régis, photographe depuis 15 ans (pour le monde de l’entreprise, des institutions et la presse économique nationale et internationale). Un enfant du pays, parti loin de son Gambsheim natal, bifurquant un temps par Bruxelles et Genève après ses études en Direction Artistique publicitaire, et de retour dans la région depuis un peu plus de 2 ans.
Le deuxième : Laumer Faure, à l’époque travailleur social exerçant au pôle socio-culturel du Polygone dédié aux Familles du voyage ; et fils d’Éric Faure, une figure dans la communauté Tzigane du Polygone, qui a écrit plusieurs ouvrages à ce sujet.

Making-of des séances
© Laumer Faure

« La synergie de nos compétences nous paru évidente. Nous souhaitions sortir des clichés “misérabilistes” d’une approche documentaire académique pour laisser place à une série plus digne, forte et pleine de vitalité. Le portait en closeUp s’est rapidement imposé comme réponse plastique à une démarche humaniste. »

© MonsieurPaparazzo

Un « dernier été en caravane »

Cherchant à « promouvoir la diversité et le vivre ensemble, en donnant de la visibilité aux différentes strates sociales constituant notre société », Régis m’avoue avoir « un intérêt tout particulier pour les communautés en situation de vulnérabilité ou subissant une mutation identitaire sous la pression de la globalisation capitaliste ».

Avec sa série « Lechté Mãnouches », Régis voulait témoigner du « dernier été en caravane » de cette communauté. Les Sinté, qu’on appelle en France « Manouches » sont originaires des pays de l’Ouest de l’Europe, et vivent majoritairement en Alsace depuis plusieurs décennies, et nombreux sont ceux qui ont arrêté leurs maisons sur roues, au fil des générations, sur le site du Polygone.

Ce quartier, occupé depuis les années 1960, a pourtant été déclaré en 2000 comme « le plus insalubre de France », amenant la municipalité strasbourgeoise à construire la cité des Musiciens : des baraquements à la chaîne pour reloger les Manouches, ainsi que leurs voisins, Gitans, originaires eux, d’Espagne. Forcés à se sédentariser dans ces maisonnettes clonées, mal isolées, et à s’éloigner de leur culture du voyage, les Manouches étaient, au moment de ses portraits, à une époque charnière de leur histoire. Entre craintes d’ « un lissage identitaire » et pertes de repères. Ce qui a motivé Régis à aller à leur rencontre.

© MonsieurPaparazzo

Ces voyageurs, « à la liberté dans le sang » se sont depuis – m’a-t-il dit – adaptés, bon gré mal gré, à ce nouveau mode de vie. Les anciennes générations, encore en proie à quelques crises de claustrophobie, et toujours avides de voyages ; et les jeunes qui se stabilisent, se scolarisent, et les femmes qui travaillent de plus en plus.

Une communauté, en mutation, qui apprend donc à avoir de nouveaux repères tout en faisant le nécessaire pour ne pas perdre de vue son identité, et ce qui unit ses membres.

© MonsieurPaparazzo
©MonsieurPaparazzo

À l’écriture de ces lignes, je ne peux m’empêcher de penser à notre quotidien, lui aussi, en mutation depuis quelques semaines. Sans être tous de grands voyageurs, nous sommes contraints à un immobilisme qui ne nous est pas familier.

Une soudaine plus-que-sédentarité qui nous oblige à repenser nos habitudes, nos rapports sociaux, et beaucoup d’incertitudes sur les temps à venir. Il n’est donc pas si impossible de reconnaître les liens qui nous unissent tous, quelles que soient nos origines ou notre culture.

Et de voir dans ses magnifiques portraits d’inconnus issus d’une communauté souvent méconnue, le reflet d’une humanité en transition, mais pleine de vitalité et d’espoir, dont nous avons tous besoin en ce moment. …Surtout quand on se dit que « Manouche », en Sintikès – la langue de la communauté Sinté – signifie « être humain ».

Alors restez chez vous, mais gardez l’âme voyageuse et les bras ouverts, les amis.


Pour en voir + sur le travail de Régis dit MonsieurPaparazzo :
Son site
Son Instagram


>> Fanny SORIANO <<

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