Au-delà de l’annonce du confinement jusqu’au 11 mai, l’allocution présidentielle d’Emmanuel Macron hier soir a révélé une nouvelle surprenante : les crèches, écoles, collèges et lycées ré-ouvriront leurs portes à partir de cette date-là également. Entre peur des parents et des professeurs et stratégie gouvernementale à étudier dans les 15 jours à venir, on a essayé d’y voir un peu plus clair.
Une annonce qui a surpris
Forcément, en ces temps de Covid-19 et de confinement, l’annonce de la réouverture progressive des établissement scolaires à partir du 11 mai a soulevé autant d’interrogations que de peurs. Pour une première raison : cette réouverture ne fait pas l’unanimité dans la communauté scientifique.
Il y a également le fait qu’il a souvent été dit et répété que les enfants pouvaient jouer un rôle important dans la propagation de l’épidémie. Depuis le 16 mars, en raison de l’épidémie de coronavirus, ce ne sont pas moins de 12,5 millions d’élèves qui suivent des cours à distance. Néanmoins, vu que chaque jour apporte ses nouvelles informations sur le virus, des pédiatres lancent aujourd’hui une étude sur les enfants et l’impact du coronavirus, pour interroger cette conviction.
Un sentiment d’inquiétude prédominant chez les enseignants
Du côté des professeurs, l’heure est aux inquiétudes et aux questionnements. Pourquoi rouvrir les établissement scolaires alors que les bars, restaurants et autres lieux publics continueront d’être fermés après la date du 11 mai ? « Il y a un manque de précaution, ça paraît être en contradiction totale avec le reste. […] On a l’impression d’être sacrifiés sur l’autel de l’économie », déclare Francette Popineau, secrétaire générale du Snuipp-FSU, premier syndicat du primaire, auprès de l’AFP, reprise par l’Obs.
Elle rajoute que « Reprendre dans un mois, comme si de rien n’était, ce n’est pas possible, car il n’y aura pas plus de gens immunisés, les enfants vont être ensemble à l’école, sans gestes barrières possibles, et ensuite aller dans les familles, chez les grands-parents, cela ne paraît pas du tout raisonnable. » De quoi inquiéter également les parents, qui reprendront progressivement le travail à partir de cette date du 11 mai.
Un ministre de l’Éducation nationale qui s’est voulu rassurant
A ce sujet, l’Éducation nationale compte par ailleurs contacter “toutes les familles en amont du 11 mai” pour préparer ce retour en classes. En effet, alors qu’Emmanuel Macron a fait son travail de chef d’entreprise hier soir, c’est à ses ministres de s’occuper des dossiers chauds. Ce matin sur France 2, le ministre de l’Éducation nationale Jean-Michel Blanquer s’est voulu pédagogue et rassurant. En premier lieu, il affirme : « Tout le monde ne rentrera pas au même moment, c’est déjà certain. »
Par ailleurs, le retour en classe sera progressif. Tous les élèves ne rentreront pas en classe au même moment. On est là dans une stratégie de cas par cas. En outre, comme la posture qui se veut sociale du Président de la République, Jean-Michel Blanquer explique cette décision de réouverture par le fait d’avoir « beaucoup à l’esprit les élèves en difficulté, quand nous prenons les mesures que nous sommes en train de prendre. Chaque enfant est renvoyé à son contexte familial, ce qui creuse terriblement les inégalités ». Des lors, ces élèves en difficulté sont la priorité dans ce contexte.
Des locaux nettoyés, des petits groupes et des masques pour les élèves et les enseignants… : le reste des annonces
Enfin, si les contours de la reprise des cours dans les établissements scolaires ne seront décidés que dans les quinze prochains jours, cela n’a pas empêché Jean-Michel Blanquer d’en annoncer certains. Les locaux devront évidemment être nettoyés avant le retour des élèves. Pour la sécurité des enseignants et dans la logique d’un masque par Français, mesure annoncée hier soir par le Président, il est “fort possible” que des masques soient distribués aux élèves et aux enseignants.
Mais surtout, il veut à tout prix éviter les classes bondées. Pour ce faire, la charge des cours sera moins importante, alors que le travail pédagogique se révèlera davantage personnalisé. Dans les classes où le respect des gestes barrières sera compliqué voire impossible, en maternelle par exemple, les classes seront en petits/très petits groupes.
Heureusement que l’on parle de l’Éducation nationale parce que ses représentants gouvernementaux vont devoir faire preuve d’énormément de pédagogie dans les semaines à venir. Notamment pour contrecarrer l’impression de rouvrir les établissements uniquement pour permettre aux parents d’aller à nouveau travailler, en dépit des évidents risques sanitaires. De nombreux points restent en suspens et il faudra attendre une à deux semaines pour en savoir plus. On vous tiendra évidemment au courant des avancées et, en attendant, prenez soin de vous et de vos proches <3