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36 Poses, la photographe strasbourgeoise qui s’impose dans la double-expo

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Gros plan sur 36 Poses : une photographe amateur de 30 ans qui baigne dans l’argentique et les bacs de développement depuis ses 17 ans. Une Alsacienne d’adoption depuis 3 ans ½, originaire d’Aubervilliers, qui a bourlingué de Paris à Mulhouse, pour s’installer en septembre dernier à Strasbourg. « 36 poses » : un pseudo choisi jeune, mais surtout le nombres de clics et de claques visuelles obtenues par Marie Lbb sur une pellicule de 35 mm. Rencontre avec une magicienne de la double-exposition, maîtresse dans l’art de l’expérimentation. s

Rends l’argentique !

L’argentique, c’est sa marque de fabrique. Inscrite en options Arts Plastiques au lycée «  dans l’espoir de gratter quelques points supplémentaires au bac », Marie se retrouve à devoir manier un appareil photo pour la première fois pour un rendu. « Pour des raisons de prix, pas de numérique à la maison » : elle emprunte alors l’argentique de sa mère, un AE-1. Cette dernière lui donne hasardeusement quelques conseils « qui, a posteriori se sont avérés complètement absurdes mais, malgré tout, efficaces ». S’en suivent des premières expérimentations à base de « doubles-expositions accidentelles » et un « rendu chaotique ».

Quelques mois plus tard, elle finit par avoir un appareil numérique entre les mains et commence à suivre des cours dans le centre d’arts de sa ville. Mais la découverte d’une chambre noire en son sein, lui fait poser définitivement ce nouveau joujou dont elle n’apprendra finalement jamais vraiment à se servir.

Incomprise par les autres élèves, bossant tous sur ordi, elle se retrouve « seule dans [s]on labo », et apprend « un peu à l’arrache, avec un prof [lui] donnant des conseils par-ci par-là, et [la] laissant généralement travailler en autonomie ». Son acharnement aura eu du bon : elle se distingue, trouve sa patte et un complice qui partage sa passion de l’argentique, avec qui elle commence à bosser, développer des projets, des collabs et une expo.

« Une véritable obsession »

Ce qui n’était « qu’un hobby parmi beaucoup d’autres est devenu une véritable obsession » à laquelle elle consacre aujourd’hui « une bonne partie de [s]on argent et de [s]on temps libre ». Abandonnant les simples déambulations photographiques autour de son quotidien et de ses soirées, elle se met désormais à planifier des séances photos avec des modèles.

Une bonne façon aussi, pour elle, depuis son arrivée en Alsace, de rencontrer de nouvelles personnes, passant ainsi de la photo de potes, sur Paris, à des collabs avec des inconnues. Elle voit ça comme une évolution dans sa façon de travailler, qui l’a fait « mûrir ». Des rencontres artistiques qui se préparent en amont, et des projets qui se construisent à deux, dans le dialogue.

Du vieux matos pour un résultat Canon

Son matos, Marie le trouve en brocante, à Emmaüs, ou lui est donné : « bref, des vieux machins souvent pas très fiables. […] Mais jamais rien de très pro, ni de très cher. D’une part, parce que je les maltraite beaucoup trop, puis parce que j’aime aussi ne pas être complètement sûre de ce que je fais ». Elle bosse principalement avec des Canon – comme celui de son adolescence (AE-1, A-1, soit des appareils datant de la fin des 1970s) – « mais finalement avec un peu tout ce qui [lui] tombe sous la main ». Elle déclare qu’elle a, depuis, accumulé « pas mal d’appareils ». Et ce qui lui plaît, c’est l’inconnu, le hasard : « je travaille beaucoup avec des techniques très aléatoires ». Sa spécialité ? Les doubles-expositions qui créent des montages fous, des univers quasi-lynchéens. Des effets impressionnants. Des distorsions de la réalité, à la frontière entre le rêve et le cauchemar.

Elle m’explique qu’« en réalité, la double-expo peut se contrôler mais [qu’elle fait] tout pour garder une bonne part d’aléatoire ». Là où « le numérique est trop fiable et trop prévisible » pour qu’elle s’amuse avec, l’argentique lui plaît par ses contraintes et les surprises qu’il provoque. Sans parler du tirage, qu’elle fait dans son appart. Le plaisir de la chambre noire de ses débuts, elle le retrouve chez elle : « Le tirage fait pour moi intrinsèquement partie de l’expérience argentique, et j’y suis complètement dépendante. [C’]est pour moi, l’une des raisons principales de mon amour pour l’argentique ».

L’expérimentation comme maître-mot

Ses points de départ pour des séries photos ? La curiosité, l’expérimentation : « quand je découvre une nouvelle façon de travailler, j’aime la triturer dans tous les sens et l’exploiter encore et encore afin d’en tirer autant de satisfaction que possible. Idem quand je découvre un nouveau modèle […], je vais avoir tendance à faire plusieurs séries de shootings avec la même personne ». Mais aussi l’improvisation : se laissant porter par les inspirations du moment, l’ambiance de la séance, entre elle et celle qu’elle photographie. Portée par la musique, en fond sonore, sinon la peinture, plutôt que par le travail d’autres photographes, bien qu’à ses débuts, elle ait été admiratrice de Julia Margaret Cameron.

Quant aux éléments naturels qu’elle incorpore dans ses clichés (poissons, végétaux, minéraux, etc.), « il s’agit avant tout d’essayer de créer une ambiance dans les images, quelque chose d’un peu différent, d’un peu magique qui offrira à mes modèles des portraits d’eux qu’ils n’auraient pas pu avoir en se prenant simplement en photo ».

Le téton qui s’affiche, la nudité qui s’en fiche

En s’égarant dans ses albums, on remarque rapidement que les femmes y sont plus présentes que leurs pairs masculins. Elle m’explique qu’elles sont « souvent plus enclines à se laisser prendre en photo, ou à venir [lui] proposer des collaborations ». Elle voit aussi ce choix esthétique comme presque militant : « à l’heure où les réseaux sociaux sont de plus en plus limitants et stricts sur la représentation du nu artistique féminin, ça donne envie de provoquer un peu, en en faisant de plus en plus ».

Pourtant le nu, elle s’y est longtemps refusée. Ce sont ses séances actuelles qui l’y ont progressivement menée. Depuis, elle m’avoue qu’« il est devenu assez facile pour [elle] de faire du nu féminin dans une logique complètement désexualisée, en ne montrant que l’aspect naturel ou symbolique du corps et non son aspect sexualisé comme on le voit trop souvent quand il s’agit de corps de femmes ».

Et outre « l’aspect purement technique de la double exposition qui est grandement facilitée par le nu », elle ajoute que « de plus en plus de femmes ont envie de montrer leur corps, […] ou simplement de vivre leur nudité tranquillement, leur existence physique, sans forcément se sentir objet, et c’est ce qui [l]’a convaincue de [s]e tourner vers cette facette de la photo portrait ».

Résultat ? Des montages où les peaux parfois diaphanes de ses modèles deviennent les toiles blanches sur lesquels des motifs viennent s’imprimer, s’apposer. Ou encore des jeux d’ombres et de lumières qui invitent à la contemplation, à la réflexion. Un univers onirique, dramatique, parfois absurde, et flirtant avec la mélancolie, le vague à l’âme. Un doux mélange entre chimie, hasard et poésie. Une beauté pour les yeux. Et des échos, parfois, aux débuts de la photo. En bref : de l’argentique aux frontières du fantasmagorique. On aime.

Et la suite ?

  • Dès le 14 février, elle participe à une expo collective : ‘OSEZ !’
    au Séchoir à Mulhouse. [Plus d’infos sur l’évènement]
  • Une exposition à Lyon en préparation, prévue pour avril 2020, dans un salon de thé / tatouage féministe et militant : Les Sales Gosses Ink.
  • Et pour Strasbourg : la recherche d’un lieu d’expo sympa pour y accrocher ses photos. Alors si t’as un coin de mur dans ton bar, ta galerie, fais-lui signe.

[Plus d’infos sur 36 Poses / Marie Lbb]
Son Instagram
Son site


Crédits photos : 36 Poses / Marie Lbb

>> Fanny SORIANO <<

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