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Dernier bout de forêt coupé pour construire le GCO : « L’Amazonie commence ici »

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Pour construire le Grand Contournement Ouest de Strasbourg (GCO), une autoroute destinée au transport de marchandises, 20 hectares de forêt ont été détruits. Ce lundi 2 Septembre, la dernière partie a été abattue à Vendenheim. Des militants qui voulaient montrer leur désaccord avec ce « projet écocide » se sont mobilisés. Une intervention des pompiers a été nécessaire pour prendre en charge un écologiste de 62 ans, mis à terre par un gendarme.

Ça a duré environ 3 heures, entre 12h et 15h ce lundi 2 septembre. Les machines d’Holtzinger, société en charge des coupes d’arbres pour le GCO, ont rasé la dernière parcelle de forêt qui se dressait encore sur le tracé de l’autoroute. Elle se trouvait au Nord-Est de Vendenheim, dans le massif forestier du Krittwald. L’année dernière, 9 hectares ont été coupés dans ce secteur. Entre deux chantiers entamés, une zone de forêt de 3 hectares persistait.

Photo des conséquences de la déforestation de l’an dernier

 

Photo des conséquences de la déforestation de l’an dernier

Cet espace naturel abrite une grande biodiversité, notamment de nombreuses espèces de chauves-souris ainsi que le très rare chat sauvage. Le CNPN (Comité nationale de protection de la nature) avait donné un avis défavorable au GCO en 2017, en partie à cause des dommages causés à la forêt de Vendenheim. La construction de cette autoroute, censée faciliter le transit des poids lourds, est très critiquée depuis une cinquantaine d’année pour les impacts sur la nature et l’agriculture qu’elle induit. Cela fait quelques années que le collectif GCOnonmerci insiste aussi sur le fait que cette infrastructure soutient le transport routier de marchandises à grande échelle, incompatible selon eux avec les enjeux climatiques.

« Il fallait des témoins pour relayer cette catastrophe. »

Dès 6h, en ce jour de rentrée, ils sont une trentaine de militants écologistes, mobilisés contre « l’opération de déforestation ». Christine, qui avait jeûné un mois lors d’une grève de la faim contre le GCO fin 2018, tenait à être présente :
« Nous voulions montrer que nous sommes toujours mobilisés, qu’ici on ne coupe pas des arbres sans que personne ne dise rien. Macron explique au monde qu’il faut sauver l’Amazonie… et bien pour nous, l’Amazonie commence ici. Cette hypocrisie est révoltante. Pour faire cette autoroute, ils sont passés en force, malgré l’avis des habitants et les enquêtes qui ont prouvé que le GCO était écocide et qu’il ne réduirait même pas les bouchons… Il fallait des témoins, au moins pour prendre des photos et relayer cette catastrophe. »

 

Dans l’aube, les militants ont commencé par faire du repérage sur le site. « À ce moment-là, c’était le calme plat, aucune machine n’était présente. » raconte Alain. En sortant de la forêt vers 8h30, ceux-ci ont été bloqués par des gendarmes qui ont procédé à des contrôles d’identité. Ensuite, tout au long de la matinée, les écologistes se sont dispersés, certains sont rentrés chez eux, pensant que la déforestation se ferait un autre jour. D’autres sont tout de même restés sur place pour garder une surveillance permanente.

Les machines pénètrent sur le site un peu avant midi

Aux alentours de 11h30, de nombreux gendarmes et du personnel de l’Office national des forêts pénètrent dans les bois. Une militante qui était restée sur place lance l’alerte à 12h05 : Les abatteuses d’arbres sont sur le site. La Gendarmerie locale, des membres des renseignements généraux et une unité PSIG, spécialisée dans « la délinquance de voie publique dans les secteurs sensibles » quadrillent la forêt. On compte une petite dizaine de véhicules et une soixantaine d’individus. Sur l’équipement de certains d’entre eux, on peut lire PSIG Sabre, ce qui correspond à un peloton qui peut être « primo-intervenant dans le cadre de tueries organisées » d’après le site internet du ministère de l’intérieur. Il semble impossible d’accéder à la zone de coupe.

Les militants sont sidérés par le dispositif mis en place comme l’explique Alain :

« Nous sommes venus pacifiquement pour montrer notre opposition à la destruction de cette zone forestière. Nous nous sommes mis d’accord, nous voulons nous préserver et ne pas opposer de résistance. Nous ne sommes pas bêtes, le rapport de force est pour eux. On a vraiment le sentiment d’être criminalisés. L’écologie est dans l’air du temps pourtant aujourd’hui… »

Les pompiers interviennent suite à l’intervention d’un gendarme

Les écologistes présents sur place sont longuement tenus à distance du chantier. Pendant ce temps-là, les machines abattent à un rythme effréné. Alexandre et Alain connaissent bien la forêt. Malgré la garde, ils parviennent à se faufiler entre les arbres pour atteindre la zone de coupe dans le but de faire des photos. À leur arrivée, les ouvriers cessent d’abattre et préviennent les forces de l’ordre. Alors qu’Alex photographie des chênes et des hêtres centenaires à terre, il se fait interpeller par un gendarme :
« Je ne l’ai pas vu, il venait de derrière moi. Il m’a tout de suite fait une clef de bras, m’a mis au sol, le visage dans la terre. Il avait un pied sur ma poitrine. J’avais très mal. D’après lui, c’était la procédure, une simple technique d’immobilisation… C’est comme ça qu’ils ont tué Adama Traoré… »

Les deux hommes sont ensuite évacués. Les autres activistes sont scandalisés lorsqu’ils découvrent Alex en état de choc, qui a du mal à rester debout, le visage plein de terre. Ce militant de 62 ans, très actif depuis longtemps dans la lutte contre le GCO affirme n’avoir opposé aucune résistance. Les gendarmes décident d’appeler les pompiers. Aucun d’entre eux n’accepte de répondre aux interrogations : « C’est à la préfecture de communiquer ». Les pompiers venus ausculter Alexandre se cantonnent à « nous avons réalisé le bilan médical de la victime, nous n’en dirons pas plus. » Ils lui proposent de l’emmener aux urgences, celui-ci refuse.

Il est 17h, les arbres sont déjà tous à terre depuis 2 heures. Les militants décident de lever le camp. L’année dernière, de nombreux blocages du chantier à Vendenheim, dont l’un d’entre eux qui avait duré deux semaines, avaient considérablement freiné les opérations de déboisement. Après un an de lutte active, les 12 hectares de forêt qui étaient sur le tracé du GCO au niveau de Vendenheim ont été coupés.


THIBAULT VETTER

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Commentaires (4)

  1. Merci pour cet article autrement mieux documenté et factuel que le pendant rédigé par la journaliste des DNA qui est resté sur des considérations très générales sans intérêt. Bien évidemment les manquements de signalisation de la zone à détruire et l’intervention musclée des forces de l’ordre ne sont même pas cités , sans parler du rapport de force sans commune mesure avec la “dangerosité terroriste” des militants ant-GCO.
    PPhilippe Ployé – Président des Fédinois contre le GCO

  2. Et combien tout ce dispositif pour un projet écocides coûte au contribuable strasbourgeois ? Quelqu’un a-t-il des chiffres ? La France est mal placée pour donner des leçons d’écologie à la terre entière.

  3. Quelle tragédie, partout les hommes assoiffés d’argents continuent la destruction de son propre eco système !
    Combien de catastrophes faudra t-il encore avant que se tel projets ne puissent plus voire le jour !
    Il y a les tribunaux qui qui condamnent pour “crime de guerre ” il faudrait inventer les tribunaux pour condamner ces personnes pour “crime contre la biodiversité”
    La lutte doit se poursuivre partout où cela est possible contre ces personnes et ces politiciens corrompus aux soldes de toutes ces multinationales !

  4. Et on parle des 48Ha de foret qui sont replanté ? Des zones d’aménagement écologique qui sont créées car détruites avant que le GCO commence ? L’abattage massif des hamsters par les paysans à l’époque et que sans le projet serait une espèce disparue, ?

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