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Portraits d’oiseaux de nuit : Mohamed, du Jimmy’s au Dubliners en passant par Koh Lanta

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Bartenders, DJ, serveurs, cuisiniers, plongeurs, physio, pompiers, danseurs… Ils se réveillent quand vous sortez du boulot, rejoindre cette incroyable machine qu’est la nuit, et quand vient l’aube ils rejoignent leurs lits. Ils enfilent leurs tabliers, leurs uniformes, quand vous boutonnez vos chemises et fermez vos escarpins, ils sont les acteurs de vos gueules de bois de demain.

Pour ce sixième portrait, j’ai rencontré Mohamed. Ancien patron du Jimmy’s bar et patron actuel du Dubliners avec son frère Rachid, il a récemment participé à la prochaine saison de Koh Lanta.


Salut Moh, peux-tu nous expliquer quel a été ton parcours après le lycée ?

J’ai fait une formation et obtenu un diplôme d’éducateur spécialisé. Pendant cinq ans, j’ai bossé dans un foyer de jeunes en difficultés, au Château d’Angleterre dans un centre d’accueil pour jeunes en difficultés.

Quand as-tu commencé à bosser dans les bars et la nuit ?

En parallèle à ça j’ai commencé le boulot de portier à mes 18 ans. A ce moment là, j’étais éduc la semaine et portier le week-end, je cumulais les deux jobs. A l’époque, je faisais pas mal de sports de combats, et j’ai eu l’occasion de faire un essai au JM3, une ancienne discothèque à Erstein. J’y suis resté pendant 2 ans, c’est comme ça qu’a commencé ma carrière dans le monde de la nuit.

A la base c’était uniquement le weekend, des extras, et petit à petit c’est devenu mon taf à plein temps. J’ai aussi bossé à la Cascade, l’ancien Next club , ou encore à l’Exil avec mon frère pendant deux fois deux ans.

Peux-tu nous raconter comment tu es arrivé au Jimmy’s  ? Tu as vécu cette aventure avec ton frère il me semble.

J’ai arrêté mon job d’éduc aux alentours de mes 24 ans, en 2004 il me semble. C’est là qu’on a décidé de reprendre le Jimmy’s avec mon frère, qui lui bossait déjà là-bas en tant que portier. Il m’a demandé si j’étais motivé, et comme on commençait à avoir une expérience dans le monde de la nuit, c’était un challenge qui me chauffait. On a choisi de se lancer dans l’aventure. On était les troisièmes sur le Jimmy’s depuis sa création, on est alors en 2005. Les 6 premiers mois, je continuais encore en parallèle mon boulot d’éduc, mais très vite c’était impossible à vivre et je n’arrivais plus à suivre les deux, je me suis alors consacré au Jimmy’s à temps plein.

Ça s’est bien passé dès le début ?

A ce moment là on est très jeunes, c’était pas évident. A 24 ans, tenir une boite de nuit c’est pas donné à tout le monde. Mais on a eu la chance d’avoir des soutiens, notamment le patron du Coco Lobo qui fait partie du groupement hôtelier à Strasbourg. Il faut savoir qu’à l’époque, l’autorisation des 4 h du matin on ne l’avait pas comme ça, il fallait faire ses preuves. On a fait une période de test où on fermait à 1H30, au début on ouvrait 7 jours sur 7, on n’avait pas le choix, on avait des gros crédits sur le dos. Puis au bout de 6 mois on a eu l’autorisation des 4h à l’issue de notre période test qui s’était bien passée.

Comment vous répartissiez vous les tâches avec ton frère ? Qu’est-ce-que ça vous apporte de bosser ensemble ?

Moi j’ai toujours été au niveau administratif et sécurité, comptabilité et gestion. Mon frère est plus du côté management au sens propre, l’équipe, l’animation et la fidélisation de la clientèle. Pour ma part j’ai toujours été plus en retrait, c’est encore le cas aujourd’hui, je suis moins derrière le bar car c’est plus son job, moi je m’occupe des coulisses.

C’est quoi qui te plaisait dans le travail de nuit ? C’était juste un business comme un autre ou il y avait de la passion ?

J’ai commencé en tant qu’extra, en sécurité, pour arrondir mes fins de mois. Mais quand j’ai repris le Jimmy’s, j’ai découvert une autre facette du monde de la nuit, j’ai commencé à créer de vraies relations, le genre que je n’aurais jamais créé en bossant à l’usine. Après, il y a du faux, du vrai comme partout. Le monde de la nuit est un univers particulier, il faut être fort mentalement, c’est le monde du vice aussi il ne faut pas l’oublier. On est en contact avec l’alcool tout le temps, il y a des nanas, de l’argent qui circule, des drogues aussi parfois. Mon rôle était d’être vigilant sur tout ça, je l’ai fait du mieux que j’ai pu. Avec mon frère, on a cette complémentarité, moi je suis plus strict et carré, et lui un peu plus foufou, les clients ont besoin d’avoir les deux, un équilibre entre sentiment de sécurité et atmosphère chaleureuse et conviviale. On a tenu le Jimmy’s 8 ans et demi, on a prouvé qu’on était des gens sérieux et on s’est fait notre nom à Strasbourg, aujourd’hui on est respecté pour ça.

Vous avez fermé pour reprendre les Dubliners, il y avait une volonté de s’éloigner un peu de la nuit ?

Clairement ! Je suis devenu père de famille, j’ai deux enfants en bas âge et forcément, bercer mon gamin quand j’arrive à 6 h du matin, c’était plus compatible avec le travail de nuit… il y avait un décalage total. Du coup il fallait réfléchir à comment continuer d’avancer, en gardant un pied dans le milieu tout de même. On a eu l’opportunité de reprendre le Dubliners, et le pub était un bon compromis. C’était pas simple, encore une fois on s’est battu, puis des banquiers nous ont suivis et on s’est mis en place. Rachid, mon frère avait un peu plus de mal que moi à arrêter le Jimmy’s, c’est toute sa vie la nuit, mais j’ai finalement réussi à le convaincre

C’est quoi vos fonctions en tant que gérant dans un établissement comme ça ?

Ça commence par la gestion de l’équipe, je pense que c’est ce qu’il y a de plus compliqué, il faut recruter, former une équipe solide et efficace, et réussir à la garder. Ensuite il y a la restauration, je viens pas de ce milieu donc j’ai me former à ça. Puis il y a toutes les règles administratives à respecter, les voisins, le limiteur de son etc. Après il y a un gros côté comptabilité, les déclarations à faire, et enfin la gestion des stocks, le travail avec les fournisseurs, les commandes.

Quel est votre clientèle ? Vous avez ramené des habitués du Jimmy’s avec vous  ?

Oui, on a passé 8 ans au Jimmy’s, c’était une vraie famille. Parmi nos clients, certains ont grandis avec nous pendant les années Jimmy’s et aujourd’hui ils arrivent à un âge ou les bars d’étudiants c’est dépassé pour eux, du coup ils viennent nous voir au Dubliners. Parfois, ils viennent avec leurs enfants, qui sont issus de couples créés au Jimmy’s, c’est une belle histoire.

Comment trouves-tu la clientèle strasbourgeoise ?

Déjà, je voudrais dire que Strasbourg est une ville ultra dynamique ! J’ai eu l’occasion de bouger un peu en France, et je peux vous dire qu’à Strasbourg, malgré le nombre d’établissements qui ouvrent chaque année, c’est incroyable, ça continue à suivre, les clients sont là. Il y a plein de concepts particuliers, pleins de bonnes idées, et il y a des clients pour tout le monde.

Quels conseils tu donnerais à un jeune qui voudrait ouvrir un bar ?

D’être sûr de ce qu’il va faire, de son concept, et de faire attention à l’emplacement. Si le concept est bien et que l’emplacement ne suit pas, ça n’ira pas. Je conseillerais de faire une étude de marché poussée, d’être sûr de ses forces. Il faut être prêt à ne pas compter ses heures, et surtout aimer les gens, le contact avec la clientèle. Et puis, rester humble, ne pas prendre la grosse tête, accepter les critiques, bonnes ou mauvaises, rester soi-même et essayer d’avancer.

Tu as participé à la nouvelle saison de Koh Lanta dont la diffusion commence le 15 mars. Ça a du être une expérience incroyable, combien de temps tu as du te libérer pour le tournage ? Vous vous êtes organisés comment ?

C’était un de mes rêves de participer a Koh Lanta depuis longtemps, j’ai eu de la chance d’être pris sur les quasiment 30 000 qui passent les castings. J’ai  la chance d’avoir participé à cette aventure par ce que j’ai un frère, un associé qui m’a permis de me libérer et qui a tenu la baraque pendant mon absence. C’est ça la force d’être deux, on est complémentaire et soudé, il a bossé 7 sur 7 pendant 40 jours, et fait mon taf en plus du sien.

Ça s’est passé ou ?

Aux îles Fidji, c’est très très loin, 24 heures d’avion. C’est dans l’océan Pacifique, après la Nouvelle-Zélande, je pense que d’ici il n’y a pas plus loin dans le monde

Y a t’il des compétences acquises durant tes années dans la nuit et la restauration qui t’ont servi la bas ?

Clairement, la relation à l’autre. On sait que le bar est un facteur d’intégration énorme, pour créer une alliance ou des liens avec quelqu’un, on a besoin d’être à l’aise, et c’est sûr que le monde de la nuit m’a aidé pour ça. Après, il y a aussi le coté rassurant, j’ai fait la porte pendant longtemps, j’étais agent de sécurité, forcément ça rassure un peu. Je sais gérer des conflits, tempérer quand il le faut, je sais désamorcer des situations conflictuelles quand nécessaire, notamment par l’humour, alors oui ce sont des choses qui m’ont beaucoup aidé.

Quel a été ton rôle au sein de ton équipe ? plutôt stratège, technique, physique ?

Malheureusement, je ne peux pas dire grande chose sur ça pour le moment, on a des closes de confidentialité tant que les épisodes ne sont pas passés. Mais ce que je peux dire, c’est que je suis resté moi même, je n’ai pas joué de rôle et je suis resté fidèle à mes valeurs et à ce que je suis.

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