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J’ai rencontré un Strasbourgeois cadreur dans des films de boules

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Nombres de pratiques mentionnées dans cet article ne sont pas cautionnées par Pokaa, certaines étant mêmes illégales. Nous avons simplement voulu vous retranscrire les échanges tels qu’ils ont été pour plus de justesse.


Si vous avez ouvert cet article, vous n’allez sûrement pas le liker et encore moins le partager, afin de ne surtout pas montrer à vos amis et famille la petite part de voyeurisme que vous tentez d’occulter. Les femmes seront sans doute plus au clair avec elles-même, nous les mecs on assume moins. Et puis, vous n’avez de toute façon jamais regardé de films classés X n’est ce pas ? 

Petit préliminaire 

Le porno est ou a été consommé par toutes et tous, bien évidemment à quelques exceptions près : les none et les prêtres (quoi que), les enfants sous cyber-contrôle parental, les aveugles et les manchots. Mais sinon toi, moi, tout le monde, on a tous vu un film de boules qui n’aurait jamais du se trouver sur la face B de la cassette d’Aladin le mardi 6 juin 2002.

On a tous penché légèrement sa tête vers le coté quand arrivait le dimanche soir sur Anal  + lorsque l’écran devenait crypté. Et le coup de la passoire ? Ne me prends pas pour un pigeon ça ne fonctionne pas, j’ai même essayé avec un chinois !

On a tous comaté devant RTL9 pendant trop longtemps en attendant de voir une scène intéressante sur fond de vieux doublages allemands ridicules. On a tous ou presque une anecdote un peu cheloue concernant de près ou de loin un corps nu qui a malgré nous attiré notre attention ou l’image furtive d’un sexe qui passait par là. Et vous savez quoi ? C’est bien normal. Le sexe est partout, dans ta télé, ton ordi, chez tes voisins d’en face qui ouvrent la fenêtre exprès (je sais toujours pas si je les aime ou si je les déteste pour ça) et même dans l’espace, sans déconner.

Le porno montre de manière crue et sans filtre tout ce que le corps humain a de plus tabou, tout ce qui dérange, tout ce qui obsède, tout ce qui est possible d’exister, tout simplement. Dans toute sa naturelle beauté mais également dans toute sa noirceur. Le porno dévoile tout ce qui excite mais aussi tout ce que la famille ou la société a toujours voulu cacher, surtout aux plus jeunes. Pour ne pas heurter leur naïveté et une part de leur sensibilité. Mais notre corps qui nous parle et notre curiosité prennent tout à coup une place dans notre vie et dans notre slip, une place qui laissera apparaitre un désir qui ne sera plus jamais assouvi.

Alors on nous le cache, on n’en parle pas, on évite le sujet, on regarde à coté, mais internet lui est bien là, avec sa part d’ombre, sa part de poésie mais surtout son infini espace de liberté. Une liberté instantanée accessible en un clic. Google, ton pote un peu dérangeant délivre en 0,34 secondes plusieurs millions de sites contenant le fameux X majuscule. Ce cyber-espace dans lequel 12% des sites mondiaux sont des sites de culs. Une toile où chaque mois, 1,5 milliards de vidéos ou de photos X sont téléchargées par les internautes, un cyber-espace sur lequel 372 personnes font une recherche en lien avec le porno chaque putain de seconde. Et dire qu’on ne compte même pas les DVD ni les magazines à l’ancienne… Papy tu ne seras pas dans les statistiques petit chanceux !

Mais sans déconner… quoi de plus beau qu’un corps nu ? Qu’un regard qui veut tout dire. Quoi de plus normal que le désir ? Cette attirance viscérale, celle qui bat en nous, celle qui mêlée à l’amour forme un couple parfait, un amour duquel il s’agrémente pour créer un truc plutôt pas dégueu qu’on appelle les ébats amoureux. Ces instants qui nous font tout oublier.

Mais le sexe, lorsqu’il passe derrière une caméra, lorsqu’il a comme vocation d’être mis en image et balancé à un milliard de masturbateurs frénétiques ne perd t’il pas un peu de sa superbe ? Quelle place a l’amour dans tout cela ? Comment tenter de trouver une réponse argumentée malgré la pseudo expertise que chacun pense avoir sur un sujet aussi vaste que méconnu.

Le monde du X n’est certainement pas celui que vous croyez. Certes il est présent partout, absolument partout, mais il demeure discret, silencieux. Il s’engouffre dans toutes les failles, de la télé en passant par le cinéma jusqu’à la cour de récrée. Mais peu nombreux sont ceux qui savent vraiment, ceux à qui on a donné les clés, ceux à qui les Hommes de l’ombre ont accordé leur confiance, dévoilé leurs différences et aussi parfois leur part plus ou moins grande de sensibilité. Le monde du porno en montre beaucoup, souvent trop, trop vite, en gros plan et en HD, partout et trop fort. Pourtant il cache ce qu’il veut bien cacher, ce qu’il doit cacher, pour que le milieu soit verrouillé et l’omerta bien respectée.

J’ai eu la chance de rencontrer quelqu’un qui sait et qui a bien voulu tout m’expliquer. Petit plongeon dans le monde farfelu du cadrage, du montage et de la réalisation de films de boules.

– Propos recueillis le 28 novembre 2018. On ne dévoilera bien-sûr pas son identité. –

De petit poucet de la vidéo à cador du porno

Comment le porno t’es tombé dessus ?

J’avais commencé par faire STAPS, puis je me suis dirigé vers une école de vidéo, MJM Design graphic. J’ai toujours su que je voulais faire ce métier et être derrière une caméra. Je faisais déjà de la vidéo, le porno est venu totalement par hasard. Dans cette école que je venais d’intégrer, lors de notre première semaine de classe, un mec a demandé si quelqu’un avait du matos vidéo, il se trouvait que j’avais ma caméra. J’étais à priori le seul à en avoir une.

Alors il m’a emmené avec lui en me disant : par contre on va dans un endroit qui ne va sûrement pas te faire kiffer, je préfère te prévenir. Je me suis tout de suite dit que je ne devais pas le faire même si je n’étais pas certain de l’endroit où il allait m’emmener. Mais mon instinct m’a freiné. Puis il a sorti un argument de taille : l’argent.

«  Tu verras mec c’est bien payé, fais moi confiance ».

Il m’a dit que c’était cash. Mais à cet instant je ne savais toujours pas où j’allais ni ce que j’allais voir. Tout ce que je savais c’est que j’allais sortir de là avec un max de billets, alors je me suis mis à le suivre. J’avais 19 ans et le mec m’a dit : tu viens bosser avec moi 3 heures tu te fais 300 balles… Là tu te dit : hummm OK !

On roule on roule puis on arrive à Kehl, devant un hangar, je suis arrivé dans un univers que tu n’imagines pas, en plus avec ma petite tête je fais super jeune, quand je débarque on se dit « c’est qui ce minot, le stagiaire ? ».

C’était bel et bien un tournage de film de cul.

Je venais d’arriver à Strasbourg six mois plus tôt et tout ce que je savais sur la ville de Kehl c’est qu’il y avait un tabac pour un habitant, mais rien de plus, je n’avais jamais traversé le pont. On rentre dans les locaux et là le monde change. Tout le monde vient me voir en me demandant si j’étais là pour faire les cafés, dans un anglais approximatif. Ils étaient tous d’Europe de l’Est, il y avait très peu d’allemands. Je rencontre le réalisateur et il ne me lâche plus, il me donne des indications précises et directes, je rentre instantanément dans le vif du sujet.

Un métier qui fait l’effet d’une petite fessée bien placée… des fois on en redemande

Tout est arrivé très vite, d’un coup je me suis mis à faire de la vidéo porno. Mais il m’a fallu 4 ou 5 fois avant de me dire, « je vais au travail », c’était un peu irréel. La première fois ou je suis arrivé j’étais un peu perplexe. Moi quand on me donne un travail je veux absolument le faire à fond, quelle que soit le sujet et quel que soit le projet. Alors j’ai voulu le faire avec la persévérance et le professionnalisme que j’ai toujours eu, sans juger. Que ce soit un film de cul ou un reportage sur des gens en costume un peu trop parfait. Mon travail reste le même. Je me suis impliqué, peut être un peu trop.

Trop impliqué ?

Je voulais trop bien faire, je faisais très attention. L’argent m’a stimulé bien-sûr car je voulais être indépendant et m’émanciper de mes parents, chose difficile à cet âge. Mais honnêtement tu sais ce qui m’a habité le plus mec ? La curiosité.

On va pas se mentir, moi je suis un gars comme les autres, le porno a fait mon adolescence. Je voulais nourrir ma curiosité, et en fait je pensais maîtriser ce monde et ses aspects, mais en fait je n’étais pas prêt. Je me sentais blindé et finalement j’ai carrément déchanté, petit à petit. A l’époque j’étais avec une fille avec laquelle je suis resté pendant trois ans et je n’ai pas osé lui dire.

Tu as gardé le silence avec tout le monde ?

J’ai mis deux semaines à le dire à mon père et un an pour le dire à ma mère. Avec ma copine ça a mis six mois. Tu sais pas comment les gens réagissent, j’en parlais plus facilement à mon frère et à mes cousins, mes amis proches le savaient tous.

Et ils en pensaient quoi ?

Tous mes potes mecs trouvaient ça stylé, et les meufs trouvaient ça crado. L’une d’entre elle m’a même dit

« mais… tu arrives à te regarder dans la glace ? »

J’étais à des kilomètres de m’attendre à ce genre de questions, j’ai trouvé ça dingue parce que je savais et que elle non. En fait, on a souvent l’image du porno pas du tout réglo, le Jacky et Michel à l’arrache du dimanche soir avec un coté méprisant et sexiste. J’étais dans un environnement où le « truc » était de qualité et j’ai vite compris qu’on était dans une branche stable et maîtrisé de la pornographie. C’est l’un des derniers studio qui fait des DVD, c’est réglo, propre, l’ambiance de taff et super, c’est pas un environnement anxiogène.

Tu penses que ça l’est pour tout le monde ?

Des fois tu te demande d’où sortent certaines nanas mais c’est un tabou, dans ce métier tu fermes ta gueule, c’est l’omerta. Mais je peux pas te mentir en te disant que je ne me pose pas constamment des questions sur la condition des femmes. Un jour, il y a un an de ça je filmais une nana qui paraissait super jeune même si elle ne semblait pas mineure, j’ai juste été pris d’affection pour elle, ça se sentait qu’elle était mal à l’aise, qu’elle avait pas kiffer sa journée.

On fume une clope et elle tire un peu la gueule, alors je lui propose de manger un bout. Je l’ai trouvé vraiment cool mais ma relation à cet instant T était celle d’un grand frère qui lui apportait un peu de bienveillance dans sa journée. J’ai eu ce sentiment de devoir, celui de l’accompagner et de ne pas la laisser seule avec ses sentiments.

Quel a été son témoignage ?

Elle m’expliquait qu’elle n’avait ni parent ni amis, qu’elle vivait dans un petit appartement à Kehl, qu’elle venait de Roumanie et que c’était le réalisateur qui l’avait fait venir, et elle était bel et bien encore mineure…

Je suis rentré dans sa part d’intimité, elle se livrait et me disait ce qu’elle ressentait d’une manière qui me semblait détendue, son visage n’était plus le même que dans le studio. Elle me disait qu’elle était heureuse d’être là, malgré quelques journées compliquées. C’était soit ça soit faire la pute sur le trottoir. Et là ce sont des tournages où les filles touchent presque 1000 balles par jour, pour des nanas roumaines c’est malheureusement énorme !

Mais ça n’excuse en rien tout ce qu’il y a autour, cette jeunesse… Mais il faut se mettre à sa place, elle te dit que c’est une chance d’être là, une chance que beaucoup n’ont pas. C’est dur, un peu trash mais c’est comme ça, un jour elle retournera au pays…c’est ce qu’elle m’a dit.

Attention, zone d’expérimentations sexuelles, merci de garder le silence

C’était il y a un an, tu continues toujours ce genre de tournage ?

Oui mais pas plus de trois fois par mois, je pourrais clairement faire ça trois fois par semaine si je voulais, il y a plus de vingt zones de tournages différentes et ça tourne en permanence. Je pense qu’il y a la même chose en France mais je le sais pas, et je n’ai pas envie de le savoir, je ne suis que dans le milieu porno Allemand et ça me suffit amplement. En Allemagne c’est super secret, ultra fermé. Des potes à moi, réglos et intéressés m’ont déjà proposé de venir mais c’est impossible. On m’a dit au studio : toi tu as eu de la chance, mais ce sera toi et seulement toi.

En fait tant qu’on ne voit pas, ça n’existe pas, et si ça n’existe pas il n’y a pas de problème, alors on ne fait pas entrer n’importe qui pour éviter ces problèmes.

Est ce que c’est devenu une routine pour toi ? Qu’est ce que tu ressens aujourd’hui ?

Aujourd’hui les choses ont un peu changées, je suis plus à l’aise mais c’est aussi parce que j’ai pris un peu de distance. Je suis parfois encore dégoûté. Honnêtement des fois tu as pas envie de filmer ce que tu vois.

Pourquoi ,c’est quoi comme type de films ?

Sale mec, vraiment hardcore.

En fait tous les mois on a un planning avec les tournages et on a des mots clés qui définissent un peu en scred le type de tournage que ça va être. Je vais être cru mais des fois il y a du lesbien, du gay, du hardcore, de l’interracial, de tout… Mais moi j’ai appris à savoir ce que j’aimais filmer, c’est peut-être bizarre mais je suis un pro, je suis toujours là la recherche de la belle image, c’est pas que c’est mon grand kiff mais il y a des scènes où c’est un peu plus érotique, un peu plus travaillées dans lesquelles il y a une belle lumière etc.. C’est pas juste la nana ou le mec qui prend 4km pendant 4 heures. Et là j’y vais presque avec plaisir parce qu’il y a quelque chose de beau.

Une overdose de verges 

Qu’est ce qui t’a le plus choqué ?

Des fois tu vois des choses tellement abusées que quand tu rentres chez toi tu ne touches pas à ta copine. Ce qui m’a le plus choqué c’est trois types sur une fille, le respect est là quand les caméras sont coupées mais quand elles s’allument c’est une sauvagerie totale. Les mecs sont tous barrés mais ils sont tous hyper ouverts d’esprit, hyper cool… Je ne sais pas comment l’expliquer c’est trop chelou.

De toute façon pour faire ce métier je pense qu’il faut être sans filtre et c’est le cas, ils sont tous fous en fait. J’ai eu l’occasion de discuter avec des acteurs avec lesquels je suis presque devenu ami, et les mecs disaient que quand ils vont sur un tournage le matin c’est un peu comme si ils allaient à la boulangerie chercher une braguette

Et toi, est-ce que ton rapport au sexe a changé ?

J’ai eu des mois sans libido, parce qu’en sortant du studio les symboles du beau sexe et du désir avaient disparu, cassé. Et depuis trois ans je suis incapable de regarder un film porno, parce que dès que j’en mate un je juge la lumière, les plans, les angles, quelle caméra pour quel plan, je suis devenu exigeant malgré moi. Mais ça va au delà de ça, je ne vais même plus au cinéma parce que quand j’y vais je râle tout seul quand il y a des trucs qui me plaisent pas. Alors je débats sur des conneries et ça me soûle.

Tu as senti tes limites ?

Il y a eu un moment où j’en faisais trop, ça m’occupait trop l’esprit, le fait de ne plus toucher ma copine alors que elle était tout naturellement en demande commençait à me peser. Pas besoin de te faire un dessin. Quand tu rentres, tu as la tête en feu, c’est physique, tu portes une caméra de dix kilos pendant huit heures c’est un peu harassant. Parce que attention ils bossent avec du super matériel que je ne pourrai jamais me payer, c’est du matos cinéma. Ça aussi ça m’a attiré, du matériel de qualité comme ça c’est pas donné à tout le monde et surtout je pouvais avoir un choix sur le matériel et aussi et surtout un peu sur la technique.

Mais pour revenir à tes questions oui j’ai eu du mal avec ma copine, je me lève le matin et je sais pas quoi lui dire, ça l’a foutu mal et c’est normal. Mais avec la fille avec laquelle je suis en ce moment j’ai été tout de suite clair. Je l’ai rencontré sur Tinder et au premier rendez-vous je me suis senti obligé de lui dire tout de suite, il y avait comme un poids sur mes épaules, même si on ne savait pas ce qui allait se passer entre nous je me suis senti obligé, de toute façon elle allait me capter.

L’amour triomphe TOUJOURS

Est-ce qu’elle t’a cru tout de suite ?

Non elle ne m’a pas cru tout de suite. Les mecs par exemple pensent que je me vante parce qu’ils trouvent ça stylé et qu’ils ont envie de faire pareil même si c’est malsain. De toute façon, on est sorti le lendemain avec mes potes et je savais que des vannes allaient fuser, avec eux le secret dure 5 minutes. Je l’ai donc mise au courant tout de suite, et je lui ai dit que si elle avait un problème avec ça on pouvait en parler et je pouvais arrêter de suite.

Tu l’aurais fait ? Et l’attrait de l’argent ?

Tout l’argent que je fais là dedans c’est le loyer + la bouffe + la voiture. Du coup tout ce que je fais à coté c’est de l’argent de poche. C’est donc pas facile d’arrêter d’un coup mais je pouvais le faire, je pouvais me le permettre, mais il y a aussi l’attrait pour le job en lui-même qui est désormais plus du tout négligeable.

Aujourd’hui je vis en partie de ça et ça me plaît. Je t’avoue qu’au début voir des bites à l’écran c’était chelou mais là je me suis fait une place, j’ai plusieurs activités de cadreur et de réal, je bosse dans la pub etc… je ne compte pas mes heures, j’ai un pied dans cinq ou six projets des groupe et ça m’éclate. Je pense que je vais péter un câble un jour avec mes 70 heures semaine mais si je ne le fais pas maintenant je ne le ferai jamais. C’est peut-être un peu too much je pense que je vais péter un plomb dans pas longtemps.

Tu as évolué dans ton boulot ? Et ton état d’esprit ?

Oui, maintenant je m’y suis fait et je m’y plaît, je ne suis plus le petit nouveau et avec le recul je comprends que les films que nous faisons sont beaux, alors je me perfectionne. Ils sont beaux autant dans l’acte que dans l’esthétique et la réalisation. Il y a même un film où on m’a donné carte blanche du début à la fin, grosse pression, c’est moi qui leur ai demandé et ils ont accepté.

Je pense qu’on a tous été réal à un moment quand on était petit. Quand on matait des films de cul et qu’on se disait : j’aurai voulu que ça se passe comme ci ou comme ça, et ben moi je l’ai fait. Et tu sais quoi le film a plu, il était beau. Là je n’avais plus aucune distance avec le travail, j’avais passé un cap. C’est quand même le studio numéro 1 en DVD en Allemagne, les seuls qui tiennent avec ce format, c’est ouf.

Kann ich diese Gurke in diesen Gentleman legen?
(Est-ce que je peux mettre ce concombre dans ce monsieur ?)

Qu’est ce que l’industrie allemande et française ont de différent ?

Tout, les allemands ils ne font pas dans la demie mesure. Les formats sont souvent longs et ils ne lésinent pas sur les moyens. En fait c’est comme le film du dimanche soir mais en trash. En fait ce que je fais à Kehl se rapproche pas mal de toutes les choses que tu peux voir sur Pornhub ou les grands noms du X. C’est du porno professionnel mais peut-être, c’est vrai, à destination de gens plus âgés.

En fait quand je vois les films en 4K je sais qu’il y a 15 personnes derrière la caméra et tu portes forcément un regard un peu voyeur qui me plaît moyen, il manque ce coté intimiste.

Et ta copine actuelle qu’est ce qu’elle en pense ?

Aujourd’hui j’ai un rapport super sain avec le porno, mais si ma copine me disait stop j’arrêterai. Mais elle ne va jamais me le dire parce que ça ne change plus rien. Il n’y a plus cette notion de « j’ai vu un truc sale » et heureusement. Ce qui est drôle c’est que mon frère a fait un stage de six mois en gynécologie et on a eu ce débat, à savoir si à force “d’en voir” ça ne nous lasserait pas. Un peu comme quand une meuf est kiné, elle n’a pas forcément envie de soigner les petits bobos de son mec le soir en rentrant chez elle. Bon j’avoue que l’exemple est un peu bancal mais bon tu m’as compris.

Ma copine n’a pas une once de jalousie, parce que je suis à 100 % réglo. Je suis complètement gaga de cette fille alors je joue franc jeu. Des fois elle me dit : montre les rushs, et je ne peux pas.

Pourquoi ?

Parce qu’on ne peut pas sortir de l’espace de tournage avec les cartes SD, elles nous sont littéralement confisquées. Il y a zéro fuite. Sinon je peux faire ce que je veux avec. Tu sais je mets la vidéo sur Pornhub elle fait 300 000 vues je me fait 300 balles, en deux secondes. En plus j’ai pas les droits et certaines nanas ont pas forcement envie de se retrouver sur des sites obscures, ce serait même malsain pour moi.

Tu penses que le porno est une bonne école pour ton métier de vidéaste ?

Si tu savais le nombre de réalisateurs connus qui sont passé par là ! C’est une très bonne école pour essayer de faire passer une émotion, même si ça paraît incroyable. En fait tu peux faire passer des milliers d’émotions différentes et le porno est très émotif, il y a plein de codes à respecter mais aussi des champs libres, beaucoup de champs libres. Et comme je te disais, on a tous le film idéal dans sa tête, quand quelqu’un réalise quelque chose tu peux comprendre sa sensibilité et comprendre qui il est vraiment. Je t’avoue que j’ai même pensé à le faire moi même, avec ma caméra.

Et pourquoi tu l’as pas fait ?

Ça aurait été dépasser les limites de notre intimité, à ma copine et à moi, même sans exposer les visages et notre intimité. Maintenant il y a une nouvelle mode, c’est les Youtubeurs du sexe. Ce sont des couples qui uploadent une vidéo par semaine, ils sont ensemble ils kiffent leur vie, ils ne montrent même pas leur visage, ils ont des pubs avant les vidéos et ils se font un paquet de blé. A un moment ça m’a traversé l’esprit, mais je me suis dit que ça irait trop loin. Et je voulais pas pousser dans l’égocentrisme.

***

On part fumer une clope, un moment clé pour aider les langues à se délier et apporter quelques détails surprenant qu’il m’a autorisé à retranscrire par la suite.

***

Non, je ne tremperai pas ma biscotte dans cette madame 

Ta parole est libre et tu parles sans filtre, tu as l’air d’avoir un secret en ta possession je me trompe ?

Oui c’est vrai, on voit des choses tellement folle, j’adore avoir l’occasion d’en parler librement. C’est un monde de niche, et je connais des détails que personne ne connaît, je sais ce que c’est, tout le monde croit connaître le porno mais, sans prétention, je suis le seul à le savoir vraiment. J’adore ça, je suis le premier à répondre aux questions de tout le monde, d’ailleurs merde tu as peut-être des questions ?

Continue tu y réponds point par point depuis tout à l’heure je veux pas te couper…

Ahah ça roule, arrête moi si je parle trop !

En fait j’étais le premier à me poser des questions sur cette industrie et sur ses secrets, maintenant que je suis dedans je me sens comme une espèce de porte parole discret, je suis le premier à répondre à toute la curiosité parfois malsaine de mes potes. Je sais que dans ma bande d’amis tout le monde le sait même si je ne le crie pas sur les toits, c’est pas gênant. Et tu sais la première question qu’on me pose à chaque fois ?

Si tu as déjà participé en tant qu’acteur ?

EXACT. En fait on me l’a déjà proposé. En gros un réal est venu me voir et il m’a dit : C’est aujourd’hui, c’est pour toi. Je lui ai dit «  Même pas moyen ». Il m’a répondu : Mais si allez ! On a une dame là, elle a 35 ans, toi tu fais jeune il peut y avoir un coté tabou à l’image. Et là il m’a sorti des billets… Il m’a proposé 1200 € putain.

De une je ne voulais pas, de deux j’avais pas confiance en moi, de trois je savais pas du tout comment « jouer »,  et j’aurai été paniqué parce qu’on était 15 : deux perchmans, trois ou quatre cadreurs, bref trop de monde. Mais il y a déjà deux ou trois cadreurs que je connais qui y sont allé plusieurs fois c’est courant. Moi j’ai jamais dérapé. Même si il y a ce coté hyper réglo, c’est sale… tu vas baiser une meuf qui a vu défiler 6 gars avant toi… tu vois le genre. Déjà ça c’est mort, et puis merde non ! Il y a des limites à la connerie.

Le monde à l’enverge 

Est-ce que tu peux me rappeler les détails que tu me donnais en off ?

Ah oui, en fait je voulais attirer ton attention sur les petits traquenards de tournage, toutes ces choses qu’on ne voit pas ou qu’on croit savoir. Par exemple la scène finale (tu m’as compris) est tournée au début. Et moi ça je savais pas ! Mais  le pire c’est que tu es tellement proche de l’action, des fois tu as l’impression de participer… Mais tu sais ce qui est le pire ? LE BRUIT MON GARS. Moi je bosse avec des écouteurs filtres et je mens quand je suis là bas, j’ai de la musique dans les oreilles en vrai, sinon tu entends des gros “claque claque”… Quand tu es à 30 cm de « La chose » ces bruits te hantent, tu deviens fou.

La première fois que je suis arrivé le type fait la scène d’éjac en premier et je me dit : C’est quoi ce bordel. J’en avais aucune idée. La meuf prend une douche et elle revient, l’un des mecs prend une pilule et fume une clope, l’autre se pique la bite pour qu’elle devienne un foutu bout de bois… et c’est parti pour 4 heures. Le mec met de la pommade anesthésiante sur sa bite, elle sur sa chatte et let’s go, il n’y a plus aucune sensibilité, ce sont juste des outils, des machines à baiser.

Il y a quand même des meufs qui montent au plafond mais la plupart du temps c’est ultra joué, sur joué carrément. Et puis toutes les 20 minutes ça coupe et les types font des étirements, ils se remaquillent… putain quand j’y pense.

Lumière, amour, passion, image et corps dénudés

Dans ton métier tu fais autre chose qui mettent les corps en lumière ?

Je fais aussi de la photo de nue et de lingerie, pour moi il n’y a rien de plus beau que le corps d’une femme, je suis obnubilé par ça, mais de manière plus poétique. C’est pour ça que je prends souvent ma copine en photo. Mais je les garde pour moi, en France les gens ne sont pas prêts à ça, si tu es pas dans la mode ou un grand nom de la photo ça fait tout de suite pervers.

Mais j’adore mettre en image, que ce soit en photos ou en vidéo le corps de la femme. Et du coup quand je fais du lesbien je kiff, pas sexuellement mais pour l’image. J’ai une caméra de ouf, de la lumière magnifique, j’ai des caméras à plus de 20 000 euros… c’est un terrain de jeu. Et quand je regarde le résultat final c’est un peu de l’art selon moi. Mais sinon faire le réal d’un film hardcore où ils sont huit c’est très peu pour moi.

D’autres anecdotes ?

Le mythe de la fille qui repart en boitant après 4 heures de tournage n’en est pas un… mais ça c’est assez rare. Une fois un couple a débarqué, de mon âge, ça aurait pu être ma copine et moi. Ils arrivent dans le studio pendant un tournage je sais pas comment… ils parlent à la secrétaire, ils avaient besoin d’argent et le porno les intéressait.  On a commencé à les filmer dans l’aprem et c’était super intime, cette vision m’a vraiment changé du reste et j’ai trouvé ces images assez pures. On s’est dit : C’est ce genre de film qu’on devrait faire. Mais malheureusement ce n’est pas ce que les gens recherchent. Ça m’a marqué.

Un jour une pote m’a dit qu’elle était intéressée par le porno, je lui ai dit direct que c’était pas pour elle. Les mecs font tous les kékés et c’est plus de la déconne mais elle je lui ai très sérieusement fermé la porte en lui disant que c’était pas pour elle, que je lui laisserai même pas approcher le milieu, il est bien trop glauque.

En parlant de glauque, je suis un compte Instagram d’un couple qui voyage et qui fait des vidéos porno, ils voyagent, ils sont sponsorisés par des grosses marques de site de cul, il kiffent… et on ne sait pas qui sont ces gens. Ils ont des noms et pas de visage, je conseille donc aux curieux de passer par là. Et ça peut ressouder un couple.

Tu penses que les Allemands sont plus chelous que les Français niveau sexe ?

Carrément, ils sont sales, pas de limite. Il y a toujours un coté trash avec eux, mais peut-être que ça vient de moi et de mes aprioris, peut-être que je suis plus sage ou différent que la moyenne des français. Mais avant cette année, dans tout ce que j’ai filmé, aucun truc ne m’aurait plu à l’image… tu vois le délire.

Moi je suis plus un gars qui aime le romantisme, le réel… et ça n’a pas changé depuis que je filme du hard. Je suis cameraman, parfois metteur en scène ou réal mais c’est tout, et je mets une limite, c’est juste un taff, point. Et puis le monde des médias a une mauvaise image de tout ça, mais moi je vais être honnête, j’ai envie de continuer. Ça ne change rien à mon caractère, même concernant ma copine. Des fois je l’emmène avec moi sur d’autres tournages (pas de x) pour qu’elle comprenne mon univers, pour que quand je lui dis que je vais taffer je vais pas baiser des meufs ou faire n’importe quoi.

C’est con mais c’est nécessaire, avec ce genre de choses on peut tout imaginer et c’est bien normal. Toujours la transparence. Je ne veux pas la perdre, pour rien au monde, c’est une perle et une personne incroyable alors il n’y aura jamais de zone d’ombre, je filme du cul, c’est tout.

C’est un peu dingue je sais, mais j’aime sortir du conventionnel.


Les verres sont vides, le carnet de notes est plein et les images de ces types qui font des étirements entre chaque scène de hard me font sourire autant qu’elles me dérangent. Mais aujourd’hui j’ai rencontré une personne droite dans ses bottes, quelqu’un de passionné qui voit le beau partout où il peut le voir, même dans les endroits où il est bien caché.

J’ai rencontré un vrai pro, quelqu’un qui apporte un regard bienveillant sur sa propre vision de la pornographie, sur les pratiques plus farfelues des autres, quelles qu’elles soient, sans aucun jugement, que ce soit soit chez soi ou derrière une caméra. Il avait un regard vif qui traduisait son engagement dans ce qui le fait le plus vibrer : être derrière la caméra.

J’attaquais ce sujet avec beaucoup d’ignorance, avec des aprioris et des jugements, des images préconçues sur ce monde qui selon moi était débordant de perversité, mais j’ai rencontré un mec terriblement amoureux. Un type fort d’un immense respect et surtout bordé d’une réelle sensibilité, une sensibilité pleine de contrastes et de complexité. Un gars plein de respect pour ces femmes et ces hommes qui se mettent en scène, ceux qui sont derrière la caméra mais aussi et surtout un respect presque biblique pour l’image, la belle image, celle qui inspire, qui porte des émotions, qui te transporte, qui fait battre ton coeur plus fort, une image pure et juste, qu’elle te fasse sourire ou qu’elle t’amène à jouir.

Merci à Monsieur X pour son temps et pour m’avoir ouvert les portes verrouillées de son univers. 

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Commentaires (1)

  1. Peinard le type, il temoigne d un reseau de prostituteur pedophile a quelques km de chez nous! J espere que les autorités liront cet article et feront une enquête.

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