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Marquis de Sade : des vieux punks viennent enflammer l’opéra de Strasbourg

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Avez-vous déjà vu… une bande de vieux briscards de punks enflammer un opéra national ? La réponse est probablement non. Rassurez-vous, l’occasion se présente bientôt. Un légendaire groupe rennais se reforme et passe par Strasbourg pour un concert à l’OnR (opéra national du Rhin). Pour voir ce spectacle des plus improbables, rendez-vous le dimanche 23 septembre. Le groupe Marquis de Sade vous attend et compte bien vous arracher de votre siège à coup de riffs endiablés entre new wave et punk. Rencontre avec les deux têtes du groupe, le guitariste et compositeur Franck Darcel et le chanteur Philippe Pascal.

Ce sont des retrouvailles qui n’auraient jamais dû avoir lieu. Ils ne s’entendaient plus. Pendant presque 40 ans, chacun a flirté de son côté avec dans des ambiances musicales similaires, dans des groupes semblables, mais le mythe, l’aura des 5 années de présence scénique de groupe Marquis de Sade n’était plus. Samedi 16 septembre dernier, ils se réunissent exceptionnellement pour un ultime bal accordé aux fans. La salle est complète, le concert un succès, le public conquis et les artistes ont rallumé la flamme qui jadis animait le Marquis. Brûlés, comme consumés par leur musique, ils acceptent pourtant de repartir sur scène à nouveau, peut-être par plaisir et fidélité à l’œuvre littéraire inspirant leur nom de groupe, ou pour combler l’appétit du public laissé sur sa faim par une simple date à quelques milliers places. Dans les deux cas, pas de demi-mesure, pas de tournée classique.

La musique gravée sous la peau

Le Marquis revient déchirer quelques scènes, mais pas n’importe lesquelles. Pour Strasbourg, c’est à l’Opéra que le cri des guitares et le hurlement du saxophone du groupe se mêleront au chant de Philippe Pascal. De passage pour leur tournée de promotion, le duo de tête s’installe dans des fauteuils de cuir noir, accompagnant élégamment leur tenue. Toujours vêtus de leurs costumes de dandys obscurs, mystérieux et envoûtants, à l’instar de leur musique, ils sont toujours intemporels et complètement en décalage avec le lieu qui les accueille. Philippe Pascal et Frank Darcel nous ont accordé quelques questions.

Que pensez-vous de votre bref passage à Strasbourg?

F : Strasbourg, c’est un endroit que j’aime bien, malgré que je ne connaisse pas assez la ville. J’ai trainé un peu dans les rues hier soir, je m’y sens à l’aise. Voyageant beaucoup, je prends la température d’une ville assez vite.

Pourquoi cette reprise dans des lieux atypiques comme l’OnR (Opéra National du Rhin) ?

On a rejoué l’année dernière après 38 ans d’absence. On ne devait faire qu’un seul concert. On a repris plaisir, on a fait sold out. On nous a proposé de rejouer, mais uniquement dans des spots particuliers comme un ancien théâtre romain avec vue plongeante sur Lyon (Nuit de Fourvières) ou dans certains festivals. Il n’était pas question de partir en tournée. On va juste faire 7-8 dates. Il y avait une opportunité à l’Opéra, on a dit banco et ça s’est confirmé.

Vous avez des souvenirs particuliers liés à des scènes un peu différentes qu’une salle de concert “traditionnelle” ?

P : On a fait une émission de télé … elle s’est TELLEMENT mal passée. C’était un playback orchestre. J’étais le seul à jouer en direct. La musique a disparu au début. Les gens qui regardaient ne voyait pas le soucis, mais sur scène, il n’y avait que ma voix. C’était une émission de Thierry Leluron… En soit, c’était déjà assez surréaliste de monter chanter une chanson comme “Cancer et Drogue” dans une émission de prime-time (rires). Peut-être qu’il y a eu sabotage…

Vous avez failli vous appeler Gangrène…

F : C’était les prémisces punkoïdes. Philippe n’était pas encore arrivé, on changeait de nom toutes les trois semaines. C’était le plus potache et le plus stupide qui nous allait très bien. C’était sans prétention, on s’en foutait. Moi j’étudiais, les autres bossaient… Le vrai groupe a démarré sous le nom de Marquis de Sade un peu après.

D’où sort cette esthétique si caractéristique de Marquis de Sade?

F: L’esthétique qui entourait la musique était une sorte d’écrin qui n’est plus nécessaire maintenant. On pense que la musique parle d’elle-même. Après il se trouve qu’on s’habille plus ou moins de la même manière qu’à l’époque et qu’on aime toujours parler d’Europe et d’Europe Culturelle. C’est toujours une de nos passions. On lit beaucoup, on a regardé et on regarde ce qui se passe dans les autres capitales. On s’est beaucoup inspiré de l’entre-deux guerres… mais on écoute évidemment beaucoup ce qui se passe maintenant. Certains d’entre nous se sentent vraiment citoyens européens. Strasbourg est une des capitales de l’UE donc jouer ici c’est formidable.

A l’époque on était en terme de mélange musical européen un peu précurseurs en France. Maintenant il y a des capitales européennes de la culture tous les ans, et c’est d’ailleurs un peu rentré dans une sorte de légalisme… Enfin, il est vrai que l’image de l’Europe dans la jeunesse s’est un peu dégradée. Cette idée que l’UE n’est qu’une Europe des marchands, capitaliste, libérale… c’est dommage de s’en détourner à cause des préjugés actuels. L’Europe ça peut être plein d’autres choses et c’est surtout ce qu’on en fera. C’est aux jeunes de la prendre en main. S’ils ne l’aiment pas, ils devraient tenter de la changer. L’Europe en soit ce n’est pas le mal. L’Europe culturelle existe depuis les grecs et les romains… Je suis breton, j’ai vécu au Portugal, je me sens un peu portugais, j’ai passé beaucoup de temps à Bruxelles et Anvers, alors je me sens belge aussi…

Après, politiquement, on n’a pas tous le même vécu ni la même opinion au sein du groupe. Avec l’Europe culturelle que je fantasmais, j’ai fait des ponts assez rapidement avec l’Europe fédérale rêvée où la Bretagne aurait pu avoir un rôle comme celui de la Slovénie ou l’Ecosse avec une fin des Etats Nations. Je ne pense pas que la France va pouvoir continuer comme ça en contrôlant tout depuis Paris de manière aussi centralisée.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Il y aurait un aspect militant au groupe ?

P : Absolument pas, enfin moi je ne pense pas que la chanson soit un bon vecteur pour transmettre la pensée politique. On est obligé de simplifier, d’en faire des slogans … Je n’ai jamais eu de message du genre à déclarer, je n’ai jamais eu d’autre chose à déclarer que du groupe, de moi et de ce qui nous intéressait de notre imaginaire et de notre musique.

Vous recomposez en ce moment ?

P : On répète pour le moment. Franck compose toujours de son côté, il faudrait peut-être que je me mette à écrire… Pourquoi pas ! En tout cas, c’est sans obligation, sans pression. C’est tellement inattendu ce qui nous arrive. Ce n’était tellement pas prémédité ce concert du 16 septembre 2017. Il devait être unique et on l’avait pensé comme ça. Il s’avère que le fait d’avoir limité la jauge à 3000 a frustré des tas de gens, d’où cette agréable obligation de devoir refaire des dates dans des spots atypiques. Il y a une aventure en train d’arriver, un nouveau souffle, donc on se laisse porter et on verra jusqu’où ça va nous mener… On a été capable de se saboter il y a 38 ans, pourquoi pas s’autodétruire à nouveau maintenant (rires)?

La vie présente rarement des secondes chances et rejouer avec Marquis de Sade c’est un vrai bonheur. On a tous eu d’autres groupes, Franck est toujours dans un autre groupe, mais le batteur et le bassiste qui ont arrêté la musique pendant 30 ans… ils jouent mieux qu’à l’époque ! Le groupe est redevenu une machine de guerre qui prend le public à bras le corps. On est là pour ruer dans les brancards.

Qu’est-ce que vous pensez de nouvelles formes musicales comme le hiphop ou la musique électronique ? Ça vous intéresserait d’en explorer dans votre musique ?

P : La seule musique avec laquelle j’ai beaucoup de mal c’est le hiphop. J’ai donné à mon fils une cassette des prémices du rap français qu’un copain de chez Virgin m’avait refilé, il a tout de suite abandonné les vieux trucs de papa. Ca n’a sans doute rien à voir, en tout cas le rap ne me parle pas. La techno oui ! Des trucs comme Fluke ou Underworld m’ont bien bousculé à une époque. De notre côté on reste encore sur quelque chose de très classique, basse, batterie, guitare… et saxo !

Qu’est-ce que ça apporte le saxophone dans ce style musique ?

F: Ça se faisait à l’époque ! Le saxophone a eu sa petite heure de gloire dans la new wave du début des 80s et il a redisparu depuis. Mettre du sax dans du rock aujourd’hui ça reste assez osé, peu de gens le font. Je ne sais pas ce que foutent les saxophonistes… à par le jazz ils doivent être ou mort ou au chômage.

Ce qui a guidé les saxophonistes avec qui on jouait, c’est un américain nommé James Chance. Lui, c’était un vrai punk issu du jazz, à la base du mouvement No NewYork. Il a quelque chose de complètement en accord avec ce qu’on l’on fait, c’est-à-dire des références, une grande culture, mais surtout cette capacité de prendre le public à bras le corps….

P : Ah oui, « des références », « une grande culture », ça ne te rappelle rien ? (éclats de rire)

C’est un sujet sensible le côté intello ?

P : Non, mais nous sommes EXTRÊMEMENT cultivés, jusqu’au bout des ongles…

F: C’est pour masquer notre timidité.

Quelle importance ont les visuels dans vos nouveaux concerts?

P: On est des gens d’un certain âge. Je ne savais pas du tout ce qu’on allait donner sur scène pendant une heure et demi. Je me suis dit que ça serait bien d’expliquer un peu plus les morceaux du groupe à travers les visuels projetés derrière nous, qui apportent des clés de compréhension qu’on ne peut pas forcément avoir en lisant les textes ou en écoutant simplement la musique. Ça permettait d’aller plus loin pour ce dernier concert. Et puis pour me reposer et souffler derrière les images aussi … Enfin rassurez-vous, on tient le coup hein, même avec rappel. Ces images projetées, elles sont fabriquées de bric et de broc par mon fils, mes beaux-enfants … c’est des trucs piochés à droite à gauche pour expliquer par exemple pourquoi on parle de la Bande à Bader dans la chanson Walls.

Comment voyez-vous votre jeu de scène ?

P: Ah, je ne le vois pas, je le subis. La musique me met dans un état… J’ai retrouvé les sensations d’il y a 40 ans. On a terminé par Skin Disease, j’étais manche-nu et je me suis gratté jusqu’au sang. (à F) : la prochaine fois tu me feras penser à mettre des manches longues…

Crédits images: Couverture (Alexandre Dumas, fourni par l’Ososphère), Article (Martin Lelièvre pour Pokaa.fr)


> Concert du Marquis de Sade à l’OnR <

Opéra National du Rhin à Strasbourg

le 23 septembre 2018


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