Julius Pepperwood regarde par la fenêtre, l’air songeur. La grisaille strasbourgeoise qui n’en finit pas commence à lui ronger le moral. Pour une fois, il n’a pas envie de siroter son habituel whisky, enfoncé dans son fauteuil capitonné. Il est davantage en recherche d’une boisson légère, festive et alsacienne, tant qu’à faire. Ça tombe bien, il a ça dans son frigo…
Tout le monde connaît la Desperados, ou Despé pour les intimes. Cette bière, aromatisée à un spiritueux à base d’agave, a rythmé la jeunesse de nombreux et nombreuses Strasbourgeois(es). Elle était aussi, pour beaucoup, leur première boisson alcoolisée – personnellement, c’était une Kriek au feu Zanzibar, place Saint-Étienne, tout juste avant mes 18 ans, ndlr.
Si certain(e)s l’accuse de ne pas être une « vraie bière », ses 5,9° peuvent néanmoins rendre service en apéro ou devant une soirée match, que ce soit l’originale ou ses (très) nombreuses déclinaisons. Mais surtout, et c’est là que ça devient intéressant, ce breuvage aux accents mexicains a des origines finalement bien plus proches de la choucroute que de la quesadilla.
La Desperados, une aventure alsacienne depuis 1995
Quand on parle de tradition brassicole alsacienne, on peut penser à Fischer ou à Kronenbourg, mais probablement pas à la Desperados. Pourtant, et c’est toute la « magie » du marketing, cette dernière, qui axe toute sa communication sur l’univers du western et du Mexique, est bel et bien brassée en Alsace !
Selon le site Heineken, « la pionnière des bières modernes » – faut peut-être pas exagérer non plus, ndlr – est née à Schiltigheim en 1995. C’est la brasserie Fischer qui est à l’origine de l’impulsion des fûts de la Despé, avant qu’elle ne soit rachetée par Heineken en 1996.
En 2009, Heineken ferme les portes de l’usine Fischer et transfère toute son activité à la brasserie de l’Espérance, toujours à Schiltigheim. Une partie de la production de Desperados est depuis assurée par la brasserie du Pélican de Mons-en-Barœul dans le Nord et par celle de la Valentine de Marseille dans les Bouches-du-Rhône.
Néanmoins, avec la fermeture prochaine de l’Espérance, annoncée par Heineken le 14 novembre 2022, il est possible que la Desperados vive ses dernières heures dans le monde brassicole alsacien. La fin programmée de presque 30 ans d’histoire de bière aromatisée et 160 ans de brasserie, après la fermeture de Fischer et Adelshoffen. Comme on dit, jamais deux sans trois…
Une paternité incertaine
Si la Desperados a bien été brassée pour la première fois en Alsace, sa paternité reste cependant incertaine. Pour certain(e)s, elle viendrait de la brasserie Röhrl à Munich, sous l’impulsion du maître brasseur Fritz Röhrl.
Pour d’autres, et on préfère cette théorie, la Despé serait la création de Michel Debus. Légende de la bière, maître brassicole diplômé et ancien PDG des brasseries Fischer et Adelshoffen, il est décédé le 2 octobre dernier. Une double origine alsacienne qui donnera une saveur plus locale à vos prochaines gorgées de Despé !
Elle a quoi d’alsacienne cette bière brassée par une industrie hollandaise ? Sérieux !? Reprenez vous, arrêtez votre limonade !
Bonjour,
Merci de votre commentaire. Si vous lisez l’article, vous verrez qu’elle a débuté son histoire en Alsace, qu’elle est brassée encore aujourd’hui en Alsace et que son inventeur est probablement Alsacien, et bien connu du monde brassicole.
Bonne journée à vous, ainsi qu’une bonne limonade 🙂
Nicolas