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Nature en ville : elles transforment les trottoirs de Strasbourg en jardins

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Article soutenu mais non relu par la Ville de Strasbourg.

Lancée en 2017, l’initiative « Strasbourg ça pousse » permet aux habitant(e)s de la capitale européenne de demander la déminéralisation d’une parcelle d’espace public pour la jardiner. Une manière de végétaliser la ville et de l’embellir, mais aussi, de créer du lien.

Entre le quai Saint-Thomas et la rue de l’Ail, à la Petite France, la ruelle de l’Esprit est de ces passages aveugles que l’on ne remarque pas au premier coup d’œil. Au cœur de cette ruelle étroite, se cache cependant une petite oasis de verdure.

Dans un large bac surélevé, sauge, consoude, lierre, vigne, herbe de la pampa et autres plantes prospèrent malgré la fraicheur du mois de novembre et l’absence d’ensoleillement. De quoi émerveiller Lisa Laurent, la jardinière de ce petit carré.

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Strasbourg ça pousse Nature en ville
La ruelle de l'Esprit et son petit jardin. © Adrien Labit / Pokaa

Rompre avec un centre-ville minéral

« J’ai emménagé ici il y a environ un an », retrace cette Strasbourgeoise de 35 ans travaillant dans le milieu associatif local sur des thématiques d’agriculture urbaine. Trouvant la ruelle « sombre » et « minérale », elle s’est rapidement intéressée à l’initiative « Strasbourg ça pousse », dont elle côtoyait tous les jours quelques exemples, une parcelle ayant été installée à deux pas de chez elle.

« À force d’en voir ici où là, j’ai fini par demander comment il fallait faire pour en avoir une et je me suis lancée », se souvient Lisa Laurent. Comme d’autres habitant(e)s de la capitale européenne, elle s’est alors rendue sur le portail en ligne « Strasbourg ça pousse » et a déposé sa demande.

Strasbourg ça pousse Nature en ville
Lisa Laurent, jardinère du carré de verdure de la ruelle de l'Esprit. © Adrien Labit / Pokaa

Depuis 2017, la plateforme permet aux Strasbourgeois et Strasbourgeoises de demander la déminéralisation d’une parcelle d’espace public pour la jardiner. Il peut s’agir d’un pan de trottoir, d’un pied d’arbre appartenant à la collectivité ou de la façade d’un immeuble, si le/la propriétaire est d’accord.

La Ville étudie ensuite le dossier : regarde ce que la personne veut faire et l’emplacement. S’assure aussi qu’elle pourra s’en occuper fréquemment. « On déconseille aux étudiants de se lancer là-dedans, car ils seront peut-être amenés à bouger rapidement », détaille Jérémy Haetty, technicien paysage du projet. En effet, « Strasbourg ça pousse » s’inscrit dans le temps long. Il s’agit de prendre soin d’un fragment de ville, d’espaces collectifs ! 

Laisser plus de place à la nature en ville

« Strasbourg ça pousse est né dans le sillage de notre démarche zéro pesticide, reprend Suzanne Brolly, adjointe à la maire de Strasbourg en charge de la ville résiliente et de la gestion domaniale des espaces verts et naturels urbains. La décision de ne plus mettre d’herbicides sur les trottoirs a entrainé le développement d’une flore spontanée, plus ou moins bien tolérée par les habitants. »

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Marie Simon et Jérémy Haetty en charge du projet « Strasbourg ça pousse ». © Adrien Labit / Pokaa

Dans le même temps, la collectivité a dû faire face à une forte demande d’espaces à jardiner de la part des habitant(e)s. L’attente étant longue pour obtenir un jardin partagé, certain(e)s citoyen(ne)s se sont mis à fleurir leurs trottoirs à l’aide de bombes à graines. « On voyait des fleurs pousser entre les pavés et les agents de la Ville se faisait engueuler par ceux qui trouvaient que ce n’était pas assez bien désherbé d’une part, et par ceux qui avaient fait des plantations et estimaient qu’ils désherbaient là où il ne fallait pas d’autre part », détaille l’élue.

Décision a alors été prise de sensibiliser les services à préserver les zones fleuries par les habitant(e)s. Et de l’institutionnaliser ! L’initiative s’inscrit dans une démarche de « déminéralisation de l’espace public » permettant de réduire les îlots de chaleur en ville et de mieux absorber les eaux pluviales.

La création d’un portail unique sur internet vise à favoriser son appropriation par le plus grand nombre. Car « le meilleur moyen d’augmenter la part de nature dans la ville, c’est d’impliquer un maximum d’acteurs dans cette démarche », juge Suzanne Brolly.

Un peu de verdure, beaucoup de changement

Pour réaliser son « Strasbourg ça pousse », Lisa Laurent a essentiellement misé sur la récup’. Des dons du service espaces verts de la Ville ou d’ami(e)s. « Mon seul achat, c’est le pied de vigne », sourit celle qui a privilégié des plantes ne demandant ni arrosage, ni entretien. Une fois plantées, les essences vivent leur vie. La jardinière passe de temps en temps désherber si nécessaire ou enlever les déchets laissés par quelques indélicat(e)s.

Le jardinet a commencé à changer la vie de la ruelle. La jeune femme a déjà trouvé des gens assis sur la bordure, à discuter ou à déjeuner. D’autres, en train de faire des vidéos Tiktok avec la parcelle pour décor. La gardienne des lieux a par ailleurs déjà surpris de petits groupes de merles farfouillant dans le feuillage en gazouillant. « C’est fou comme un tout petit peu de verdure peut faire évoluer les choses », se réjouit Lisa Laurent, qui compte bien continuer à prendre soin de son jardin.

« Ça me fait plaisir de faire ça. C’est à la fois une manière de rompre avec le côté minéral du centre-ville, et de contredire ceux qui pensent qu’on ne peut pas faire pousser des choses dans l’espace public parce que cela va être détruit. »

Une nature curieuse et accueillante

Autre jardin, autres gardien(ne)s. Entre l’Esplanade et l’avenue de la Forêt-Noire, un autre espace de verdure a vu le jour au pied de la crèche, rue de Flandre. Une bordure étroite, mais colorée, ceinte d’une petite clôture décorée de ruban, pour le plus grand bonheur des enfants de l’établissement. Ici et là, quelques fleurs en plastique viennent égayer le parterre rendu gris par la saison et la taille. Sous les feuilles restantes cependant : quelques coccinelles et abeilles peintes sur des galets semblent attendre le printemps.

Strasbourg ça pousse Nature en ville
Le jardinet au pied de la crèche. © Adrien Labit / Pokaa

Désireux de « faire venir la nature aux alentours de la crèche », le personnel de l’établissement a choisi de déposer une demande « Strasbourg ça pousse » il y a un an. « C’était en novembre 2022 et les bacs ont été installés rapidement, en février-mars 2023 », retrace Anne Lemetayer, directrice de la structure.

« Ce qui nous plaisait, c’était de participer à une initiative de la Ville visant à intervenir sur l’espace public, poursuit la responsable. Ici, c’est un lieu fréquenté par les parents qui viennent chercher leurs enfants, mais aussi par d’autres personnes du quartier qui s’arrêtent et viennent voir ce qu’on plante, ce qu’on a mis comme décoration. »

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Myriam Breigsach, Anne Lemetayer et Sylvie Dillenbach. © Adrien Labit / Pokaa

Les agent(e)s de la crèche veillent toutes les semaines sur cette petite parcelle, arrosant, taillant, plantant ce qui doit l’être. Incluant les plus petit(e)s aussi, parfois, pour la décoration. Bientôt, peut-être, pour la mise en terre des tulipes et autres bulbes. « Certains parents s’impliquent dans le projet », se réjouit Myriam Breigsach, éducatrice. Pour qui l’enthousiasme autour du parterre est aussi « un signe qu’on manque d’espaces partagés comme celui-ci. »

« On donne un peu de bonheur aux gens »

Devant le centre Bernanos, à l’Esplanade, se trouve l’un des plus anciens « Strasbourg ça pousse ». Un des plus grands. Un des plus beaux aussi sûrement. Presque 30 m² de parterre accueillant 145 plants de 30 à 40 essences différentes. Sauge sclarée, hysope, euphorbe, rudbeckia, calament au parfum légèrement mentholé… Nicole Fischer égraine sans difficulté le nom des espèces qu’elle y a plantées.

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Le jardin devant le centre Bernanos. © Adrien Labit / Pokaa

À 70 ans, la jardinière vient presque tous les jours prendre soin de ce parterre installé par la Ville en 2020, à la demande du père Thomas Wender, officiant dans l’église voisine. « Je m’occupais déjà du jardin du centre Bernanos, où je suis bénévole pour l’enseignement du français. Il m’a demandé si je voulais bien prendre soin du parterre également », retrace cette passionnée des plantes.

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Nicole Fischer devant le centre Bernanos. © Adrien Labit / Pokaa

À l’installation des bacs, Nicole Fischer a d’abord commencé par faire quelques esquisses à l’aquarelle, pour mûrir la disposition des plants. « La Ville nous a recommandé de ne pas trop mélanger les couleurs. J’en ai donc choisi trois : le bleu, le blanc et le jaune. »

La septuagénaire s’est employée à varier les formes et les volumes au sein de son jardin. Elle veille aussi à ce que l’on puisse y trouver des fleurs tout au long de l’année !

Se promener le long du parterre, c’est apprendre autant de noms d’essences de plantes que d’insectes. La voir réfléchir aux prochaines plantations, qui devront à la fois résister aux rigueurs de l’hiver strasbourgeois et aux chaleurs de l’été. Et puis sourire malicieusement au moment où l’on écorche le nom d’une espèce. Elle invite à se saisir d’une feuille, à sentir, la regarder.

Nicole Fischer aime autant jardinier « qu’observer la nature ». Dans un carnet qu’elle ne quitte jamais, elle note ce qu’elle plante, quand elle arrose, les dates des premières gelées. Et partage volontiers sa passion avec les jeunes du centre Bernanos lorsqu’elle a besoin d’aide pour de gros travaux de désherbage et du jardinage. Ou quand elle croise le chemin d’un(e) étudiant(e) intéressé(e).

« Quand on jardine, il y a souvent des gens qui s’arrêtent pour regarder ce que l’on fait. Ils nous demandent ce que l’on est en train de planter. Parfois, certains nous remercient. On apporte un peu de bonheur à ceux qui passent. » Un peu de beauté aussi. Qui participe sans doute à faire le succès de l’opération.

Six ans après son lancement, « Strasbourg ça pousse » compte aujourd’hui près de 300 îlots de verdure ! 

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Commentaires (2)

  1. Super initiative !
    Je passe tous les jours devant les bacs de la rue Gustave Doré dans l’hypercentre, ils sont foisonnants. En
    revanche dans la rue du Jeu-des-Enfants voisine ils semblent plus négligés. C’est bien dommage…

  2. Je passe souvent devant le centre Bernanos et je m’arrête, maintenant je sais qui remercier pour ces jolies couleurs, source d’inspiration.
    Alors Merci !!

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