Les Gilets jaunes se sont mobilisés sur deux actions en ce samedi 9 novembre à Strasbourg : un rassemblement statique visant à faire de la sensibilisation au sujet du RIC, du GCO ou encore de StocaMine, et une manifestation à laquelle environ 1000 personnes ont participé. Les forces de l’ordre ont blessé 3 personnes à la tête, en faisant usage des matraques et de bombes lacrymogènes. 2 personnes ont été interpellées, l’une suspectée d’avoir jeté une bouteille, l’autre d’avoir cassé une vitre d’abribus.
« Tant que ce système capitaliste continuera de prendre autant de personnes à la gorge, on continuera, on ne lâchera rien ! » s’époumone une Gilet jaune dans un micro, pour lancer la manifestation. À peu près un millier de personnes s’apprêtent à partir de la place de l’Etoile vers le centre-ville aux alentours de 14h.
Dans le même temps, une petite dizaine de stands sont tenus par des Gilets jaunes et des représentants d’autres luttes sur la place d’Austerlitz. Élise parle du référendum d’initiative citoyenne (RIC) :
« Le but, c’est d’avoir la possibilité de reprendre la vie de la société en main. Là on a plus d’impact. Le RIC, par exemple, serait la possibilité de faire un référendum sous condition de recueillir un certain nombre de signatures. C’est un dispositif de démocratie directe. »
Juste à côté, des stands tenus par des militants contre le GCO, contre la privatisation d’Aéroports de Paris ou encore pour le désenfouissement des déchets ultimes de StocaMine qui menacent de polluer la nappe phréatique rhénane.
Charles, Gilet jaune depuis le début, voit cette action comme complémentaire de la manifestation :
« Le mouvement mute, il se diversifie. On veut vraiment parler à un maximum de personnes qui ne comprennent pas ce qu’on fait. En réalité, tout le monde est concerné.»
« Travaille, consomme, et ferme ta gueule ! »
La manifestation passe par la place Gutenberg, la place de l’Homme de Fer, elle se dirige ensuite vers la place de la République. Au rythme des slogans « Anticapitalistes », « Travaille, consomme, et ferme ta gueule », ou encore « Révolution », les manifestants marchent encadrés d’un important dispositif composé de policiers et de gendarmes.
Vers 15h, rue de la Mésange, certaines personnes hésitent à tourner vers la place Kléber pour ne pas suivre le parcours déclaré de la manifestation. « Notre vie est déjà dictée, on va où on veut pendant la manif’ » entend-on. Une ligne de policiers se met en barrage. Les Gilets jaunes insistent. Les policiers sortent leurs matraques, frappent copieusement, aspergent les manifestants avec leurs bombes à gaz. Deux manifestants sont blessés à la tête à ce moment-là. Une bouteille, une canette et un pétard fusent en direction des policiers.
La manifestation continue vers la place de la République, les esprits sont échauffés. Vers 15h20, les militants en fin de cortège sont au contact des policiers qui ont blessé deux manifestants devant la place Kléber. Les forces de l’ordre sont en ligne et font avancer les Gilets jaunes en colère qui essayent de s’adresser à eux. Subitement, un coup de matraque est donné sur un homme d’une cinquantaine d’années qui se retrouve à terre. C’est le troisième personne blessée lors de la manifestation. Une bouteille est ensuite jetée vers les forces de l’ordre.
Les Gilets jaunes applaudis par de nombreux riverains
Après un quart d’heure de tergiversations, la manifestation reprend sa route en direction du quartier des Contades. Une vitre d’abribus est brisée. Un homme suspecté par la police d’avoir commis la dégradation est arrêté. Une autre personne suspectée d’avoir jeté une bouteille en direction des forces de l’ordre est aussi interpellée.
On entre dans une phase plus calme de la manifestation. « On est là, même si Macron ne veut pas nous on est là, pour l’honneur des travailleurs, et pour un monde meilleur, nous on est là », chantent les manifestants. Ils vont jusqu’au Parlement européen et contournent l’Orangerie vers 17h pour se rediriger vers la place de l’Etoile en passant par l’Esplanade. Les Gilets jaunes, le plus souvent applaudis par les passants et par des personnes à leurs fenêtres, chantent à tue-tête et allument des fumigènes.
Arrivés au Rivétoile, certains manifestants tentent d’entrer dans le centre commercial. Toutes les grilles se ferment mais ils parviennent à en bloquer une. « C’est le symbole de la consommation, il faut qu’on crie quelques slogans à l’intérieur quand même ! » Finalement, les derniers manifestants convergent vers la place de l’Etoile et se dispersent vers 18h, mais ils appellent déjà à la convergence vers Paris la semaine prochaine, pour l’anniversaire des Gilets jaunes à Paris, et pour la grève générale du 5 décembre contre les réformes de l’assurance-chômage et des retraites.
THIBAULT VETTER