Une marche blanche en mémoire de Maël, un enfant de 11 ans décédé dans un incendie criminel il y a quelques semaines, a eu lieu ce samedi 14 septembre. 300 personnes se sont réunies dans une intense émotion et ont parcouru les rues de Schiltigheim, en s’arrêtant devant sa maison et dans son école, avec un mot d’ordre : que ce type d’événement n’arrive plus jamais.
« Petit ange s’en est allé, avec son insouciance, petit ange s’en est allé, loin de la lâcheté des hommes. » Ces mots écrits par un membre de la famille résonnent dans l’ancienne cour d’école du jeune garçon. En cette matinée du samedi 14 septembre, environ 300 personnes sont présentes à la marche blanche organisée en la mémoire de Maël, presque 2 semaines après le drame.
Cet enfant de 11 ans est décédé lors d’un incendie criminel, le 3 septembre au petit matin, au 47 rue principale à Schiltigheim. Le feu avait vraisemblablement été provoqué par un homme de 22 ans, identifié grâce à l’exploitation des caméras de vidéosurveillance. Déjà connu de la police pour des dégradations par incendie, le suspect n’a pas avancé de mobile particulier mais il a reconnu être l’auteur des faits devant les enquêteurs de la sûreté départementale et devant le magistrat instructeur.
Après une soirée alcoolisée passée avec des amis, il aurait d’abord mis le feu à une poubelle puis à une voiture, avant de pénétrer dans l’entrée du 47 rue principale et « d’allumer un nouveau feu » peu avant 4h. Dans cet immeuble à colombage, l’incendie s’est propagé rapidement prenant au piège de nombreux habitants. Le présumé auteur des faits encourt la réclusion criminelle à perpétuité.
Maël venait d’entrer en 6ème
La veille, Maël avait eu sa rentrée en 6ème. Son enseignante du CM2 l’a vu pour la dernière fois ce jour là en fin d’après-midi. Elle raconte la scène, micro en main :
« Il était venu me raconter son premier jour. Il avait l’air content. Je lui ai tenu la main, c’était un beau moment. Je me souviens qu’il voulait devenir entraîneur de foot, c’était son rêve. Il y a peu, il a pu fouler la pelouse du stade de la Meinau, comme les vrais joueurs, il était tellement heureux… Il était aussi doué pour les calculs, il en redemandait tout le temps… Il était bon en théâtre et il lisait des mangas. »
Les personnes venues en nombre écoutent attentivement les témoignages qui se succèdent. Beaucoup le côtoyaient, à l’école, au foot, dans la rue… ils se souviennent. Rares sont ceux qui ne versent pas une larme à la fin de ce rassemblement.
L’intensité était montée tout au long de la marche. Le cortège a fait un premier arrêt devant l’ancien immeuble de Maël. Ce bâtiment ancien comptait 43 appartements gérés par le Foyer Moderne, un bailleur social. Le père de l’enfant, Henri Nicaise Deghaud a pris la parole devant la foule :
« Maël était dans le salon cette nuit là parce qu’il avait eu du mal à s’endormir. Lorsque le feu s’est déclaré, il n’a pas eu le temps de sortir. Il s’est battu jusqu’à la fin. »
Les enfants tenaient la banderole
De nombreuses personnes ont déposé des fleurs au pied de l’immeuble et se sont recueillies un instant. Le cortège a ensuite poursuivi sa route vers l’école, les enfants portaient eux même une banderole sur laquelle on pouvait lire « Repose en paix Maël ». La famille du défunt, avec beaucoup de dignité, assurait elle-même la sécurité. Deux oncles du jeune garçon étaient en tête, ils géraient le rythme de la marche et arrêtaient les voitures pour laisser passer le cortège. L’un d’eux témoigne : « Il avait une grande famille qui est venue en nombre, y compris de Centrafrique d’où il est originaire. Nous sommes profondément choqués par cet événement et nous nous devons d’être présents en ces moments. »
La marche s’est terminée dans la cour du groupe scolaire Exen. Un moment particulièrement difficile pour les enfants. Ici, beaucoup ont grandi aux côtés de Maël.
Vers 12h, les témoignages arrivent à leur fin. Avant de clôturer l’événement, Henri tient à raconter un passage de la vie de son fils :
« Après sa naissance, nous avons appris qu’il était atteint de la drépanocytose, une maladie grave qui allait potentiellement causer sa mort avant ses 8 ans. C’est grâce à Farel, son petit frère, qu’il a pu survivre suite à une greffe de moelle épinière. »
Le message : « que cela n’arrive plus jamais ! »
Il se tourne vers ces 3 enfants et les embrasse en leur promettant que « Maël est au ciel maintenant. » Enfin, il termine en expliquant que lui et sa famille ne sont pas dans un esprit de vengeance, mais qu’ils souhaitent simplement que le décès soudain d’un enfant dans de telles circonstances n’arrive plus jamais. La foule se met à scander « Plus jamais ça ! Plus jamais ça ! »
Maël sera inhumé le samedi 21 septembre à Schiltigheim, où une messe se tiendra à l’église de la Sainte Famille à 10h.
Thibault Vetter