Hier soir, l’Espace Django proposait pour sa troisième édition, un « concert caché » dans un lieu original et surprenant. Le concept (dont on te parlais déjà ici) est simple : tu achètes un billet en ignorant tout de l’endroit où le concert aura lieu, ainsi que de l’artiste qui s’y produira. Après une première édition dans une piscine municipale, suivi d’une seconde à la Brasserie des 3 Mâts, on avait grande hâte de découvrir le lieu choisi pour ce troisième concert caché. Il est vrai que l’Espace Django nous surprend régulièrement avec sa programmation singulière, et il semblerait qu’hier soir, une nouvelle étape ait été franchie dans leur recherche de l’atypique.
Si on m’avait dit que je passerais la soirée dans une grange à danser sur du garage brut/boogie-woogie joué par un musicien espagnol complètement allumé doté d’un crâne de taureau et de breloques aux coudes et aux poignets, je n’y aurait peut-être pas cru. Et pourtant, l’équipe de Django l’a fait. Retour sur une soirée d’illuminés lumineuse.
C’est à 19h30 à l’Espace Django que le rendez-vous a été donné à la centaine de chanceux ayant acquis un billet. On lit une impatience palpable sur chaque visage, qu’importe l’âge, et c’est aussi dans l’enthousiasme enfantin qu’il procure que réside la magie de ce genre d’événements. Car que l’on ai 5 ou 65 ans, la curiosité reste la même lorsque notre imaginaire est ainsi titillé, elle rapproche, nous donnant la sensation d’être une petite communauté de privilégiés, prêts à partager le temps d’une soirée, une aventure hors du commun. On nous entraîne à l’extérieur, où deux bus nous attendent afin de nous mener vers le lieu secret de la soirée; l’ambiance y est survoltée. Après une quinzaine de minutes de trajet, nous traversons une petite forêt avant de voir apparaître un magnifique corps de ferme. C’est à la Ferme éducative de la Ganzau, dans cet endroit en pleine nature, comme coupé du monde, que le concert se déroulera.
On nous laisse une petite heure devant nous pour déguster de délicieuses tartes flambées et visiter les lieux. Chèvres, chevaux, moutons, vaches, canards, paon, cochons, lapins et ânes, tout le monde aura droit à sa caresse. Le lieu est reposant, et alors que le soleil se couche paisiblement sur les champs, nous sommes invités à nous rendre dans la grange réaménagée en salle de concert éphémère. C’est beau, les lumières tamisées et les petites guirlandes subliment la vieille pierre, les bottes de foin parfument l’air. Un homme vêtu d’une salopette de redneck et doté d’un crâne de taureau entre dans la grange en agitant les breloques accrochées à ses poignets et à ses bras. L’ambiance vient d’être annoncée, la soirée risque d’être bien allumée. Le Minotaure exubérant et tapageur traverse le public en rampant dans la paille, jusqu’à ses multiples instruments.
Des claviers, des grelots, des clochettes, des objets de toute sortes, et des cymbales sur lesquelles il tape de ses cornes, ce type est à n’en pas douter complètement dingue. On ne peut nier cependant sa virtuosité, oui VURRO à dû être bercé trop près du mur, mais quel génie. Sa folie et son énergie emplissent la salle d’une sorte d’aura chamanique. Tout le public est transporté par le groove rock’n’roll et le boogie woogie bien épicé de ce talentueux multi-instrumentiste. Le moment est unique, danser les pieds dans le foin sur la prestation diablement efficace d’un homme-taureau était à n’en pas douter un événement incontournable.
A la fin de sa prestation, VURRO nous quitte en se roulant dans le foin dans une sorte de transe. Il nous reste un peu de temps avant le retour du bus, suffisamment pour aller nous réchauffer autour des fours à tartes flambées et en déguster encore quelques parts tout en échangeant sur ce moment dont on ne réalise pas encore tout à fait si il est réellement arrivé.