Samedi, sous le soleil, une petite centaine de volontaires et militants ont décidé de nettoyer les rues de Strasbourg de ses mégots. Ils se sont baissés plus de 60 000 fois pour mettre les restes de cigarettes dans des bouteilles en plastique avant de se retrouver place Kléber pour mettre tout dans une grande boite transparente. Âmes sensibles s’abstenir, c’est assez impressionnant de crasse.
Il est 14h. Une petite quinzaine de volontaires se retrouvent devant le parvis de la faculté de droit sur le Campus Central de l’université de Strasbourg. Beaucoup se connaissent déjà, vu qu’ils militent dans des associations similaires (Campus Vert, Zéro Déchet Strasbourg, Alsace Nature) l’ambiance est amicale et la météo propice à la bonne humeur. Pâques est passé depuis moins d’une semaine et pourtant on croirait presque à un retour d’une chasse aux œufs pour adultes. Sauf qu’ici, pas de chocolat, mais des mégots à ramasser pour la bonne cause.
Une action ponctuelle surtout symbolique et pédagogique
Pendant une heure et demie, on ne s’arrête pas. Le groupe s’équipe de gilets jaunes, gants, sacs et bouteilles en plastique. Les passants fumeurs regardent l’opération d’un œil coupable, aidant un petit peu ou discutant avec les militants. Pourtant, seulement une infime partie du campus a pu être ratissée par les bénévoles avant qu’ils ne rejoignent la place Kléber. Deux autres groupes plus conséquents sont partis de Rivetoile et de la Gare. Tout monde arrive plus ou moins en même temps aux alentours de 15h30.
Quatre chapiteaux entourent une grosse boite transparente. Un sorte de mini-village associatif s’est installé, représentant les divers partenaires de l’événement : Campus Vert, Alsace Nature, Zéro Déchet Strasbourg, la Ligue Contre le Cancer, l’AMIRA et la Fondation du souffle pour les associatifs ; la Ville de Strasbourg et la Caisse d’Assurance Maladie – Bas-Rhin pour les institutionnels (il paraît que les patchs sont désormais remboursés).
“Notre santé dépend des efforts qu’on met en terme d’écologie”
Convergence des luttes : écologie et santé
Très vite, l’urne se remplit pour faire le plus gros cendrier de la ville. On découpe les bouteilles pour y verser des centaines de mégots. L’objectif des 50 000 mégots est atteint et beaucoup, beaucoup de bouteilles restent pleines, faute de place de stockage, augmentant l’estimation des mégots ramassés à près de 70 000. Quelques élus et représentants des associations prennent la pose devant la boite pendant que les membres font de la prévention.
Un mégot pourrait polluer 500L d’eau
“C’est pas parce qu’on ne fume pas qu’on n’est pas impacté par la pollution du mégot” déclare Alexandre Dessert de Zéro Déchet Strasbourg. “L’objectif est de faire surtout de la sensibilisation.” L’eau de pluie qui ruisselle ou celle des cours d’eau est contaminée par les substances toxiques dans les mégots avant de retomber dans les nappes phréatiques.
“Les mégots seront revalorisés”, assure-t-il. “L’entreprise MeGo assure leur traitement. Leur recyclage devrait faire du mobilier urbain, notamment des cendriers. On retrouve beaucoup de mégots devant les bars. Depuis l’interdiction de fumer dans les bars, les fumeurs sortent et il n’y a pas toujours de cendrier à disposition. Le cendrier de poche est aussi une solution !”
Le tabac c’est tabou, on y viendra tous à bout
“Le premier élément pour arrêter de fumer, c’est la motivation !” explique une responsable de la Ligue Contre le Cancer. “Ensuite, il faut que ça soit au bon moment. Ce n’est pas la meilleure idée d’essayer d’arrêter alors qu’on traverse une période difficile comme une perte d’emploi ou le décès d’un proche… Et surtout, il ne faut pas se laisser abattre après une rechute ! Si vous avez commencé à arrêter, c’est déjà que vous avez changé d’état d’esprit.”
Le tabac est responsable d’1 décès par cancer sur 4 et d’environ 200 personnes par jour en France. Les filtres prennent jusqu’à 12 ans à se dégrader tout seuls dans la nature. La Ligue contre le cancer devrait bientôt lancer une permanence de “coaching” à Strasbourg pour sortir du tabagisme. Fumer tue… mais pollue aussi ! D’autant plus de raisons pour arrêter?