Depuis quelques semaines, le ciel strasbourgeois est le théâtre de croassement incessants, chaque fin d’après-midi. Un spectacle impressionnant de corbeaux freux alsaciens, qui a de quoi faire tourner les têtes. Pour en savoir plus, on est allé poser des questions à la Ligue de protection des oiseaux d’Alsace (LPO).
Croâ, croâ. Impossible d’être passé(e) à côté ces dernières semaines : aux alentours de 16h/16h30, certains secteurs strasbourgeois se retrouvent envahis de corbeaux freux, qui croassent dans le ciel en meute. L’Orangerie, le Wacken, le Conseil des XV et même les abords du Nouvel hôpital civil deviennent ainsi en quelques dizaines de minutes le théâtre de croassements assez impressionnants, digne des Oiseaux d’Alfred Hitchcock.
Un phénomène spectaculaire, mais pas nouveau à Strasbourg, où les premières nidifications des corbeaux freux datent des années 1950. Si certain(e)s les considèrent comme des nuisibles, ils jouent pourtant un rôle important « d’agents sanitaires ». En effet, ils consomment des animaux malades ou morts, limitant la propagation de maladies. Des « nettoyeurs de la nature » en somme, qui permettent de maintenir un territoire en bonne santé.
En bande organisée, personne ne peut les canaliser
Néanmoins, de tels corbeaux freux en escadron nous font poser pas mal de questions. Déjà, pourquoi à cette période, entre novembre et décembre ? « En hiver, la population alsacienne de corbeaux freux est rejointe par des individus venus du nord et du nord-est de l’Europe, qui cherchent des conditions météorologiques plus clémentes », explique Cathy Zell de la Ligue de protection des oiseaux d’Alsace (LPO), jointe par mail.
Néanmoins, contrairement à ce que l’on pourrait penser en les regardant voler aussi nombreux chaque soir dans le ciel strasbourgeois, notre ville n’est pas envahie par les corbeaux freux. C’est même le contraire : selon la LPO Alsace, en 2023, 9 564 couples ont été recensés en Alsace, contre 13 400 en 2012. Soit une baisse (inquiétante) de 28% en seulement une dizaine d’années.
Quand les corbeaux arrivent en ville
Ensuite, pourquoi se retrouvent-ils en ville, et particulièrement dans la capitale alsacienne ? « La périphérie des villes leur convient bien, car plus loin des prédateurs et plus proche d’une source de nourriture variée, l’espèce étant omnivore. » Strasbourg, bientôt capitale de la nourriture pour corbeaux freux ?
Au niveau des horaires de rassemblement, Cathy Zell développe : « L’espèce étant grégaire, les oiseaux se rassemblent la nuit dans des grands arbres tels que les platanes ; au petit matin, ils partent se nourrir, dans les champs avoisinants par exemple. »
Enfin, que les Strasbourgeois(es) et leurs oreilles se rassurent : les corbeaux freux alsaciens et leurs amis du nord et du nord-est de l’Europe quitteront progressivement nos ciels à partir de décembre. Ils débuteront alors une nouvelle saison : celle de la reproduction.