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Bilan d’automne : entre rêve et déception, quelle suite pour le Racing Club de Strasbourg ?

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Après une deuxième défaite consécutive face à Monaco le 9 novembre dernier (1-3), le Racing termine le premier tiers de son championnat à la 11e place. Après des débuts enthousiasmants, la machine s’est enrayée, laissant apparaître des fêlures dans la carcasse strasbourgeoise. En pleine trêve internationale, le moment est parfait pour faire un premier bilan de la saison de nos Bleus et Blancs, avec en toile de fond une Meinau en travaux et une ambiance toujours particulière.

Le 9 novembre, un peu après 19h : l’arbitre siffle la fin du match dans une Meinau bien vidée de ses spectateurs/rices. Le Racing s’incline pour la deuxième fois consécutive, cette fois-ci face à Monaco (1-3) après le 2-0 encaissé à Saint-Étienne. Une rencontre que les Bleus et Blancs avaient pourtant bien débuté, avant de rompre et d’encaisser 3 buts en seulement 10 minutes.

Une fin amère, même si pas imméritée, qui clôture un premier tiers d’exercice qui aura vu le Racing passer de vent de fraîcheur à sensation, pour ensuite revenir progressivement sur Terre. Et alors que Strasbourg se déplacera à Nice le 24 novembre pour un match qui vaut déjà cher, petit retour sur 11 matchs qui ont vu le Racing et la Meinau faire le yoyo entre l’intrigant et l’inquiétant.

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Racing
© Nicolas kaspar / Pokaa

Le terrain : un Racing parti très fort, avant de sérieusement s’essouffler

On pourrait être tenté de reparler une nouvelle fois de la crise qui agite les tribunes de la Meinau, mais si le sujet a son importance, on l’évoquera plus bas, il a trop souvent effacé les analyses sur le jeu du Racing. Alors qu’il y a des choses à dire.

Car loin des grandes promesses du début de saison, le Racing tire actuellement la langue, et certains défauts commencent à bien se voir. Et si la 11e place actuelle du club le garde à seulement 4 points des places européennes, elle ne le met qu’à 3 points des barrages. Une situation incertaine, qui représente finalement bien ce que traverse Strasbourg en ce moment.

Racing
© Nicolas Kaspar / Pokaa

Un Racing 100% plaisir

En premier lieu, gardons le positif : excepté face à Saint-Étienne, quand on regarde Strasbourg cette saison, on prend du plaisir. Une donnée non négligeable, alors que l’air du temps est plutôt à l’uniformisation des systèmes de jeu, des tactiques et donc des matchs. Un désamour progressif du football que combat le Racing, avec ses jeunes joueurs combatifs et volontaires et un Liam Rosenior qui innove, bien décidé à imposer sa mentalité à tout le championnat.

Pas étonnant donc de voir le Racing occuper la 4e place des meilleures attaques de France, avec Santos meilleur buteur du club (5 buts) et Bakwa meilleur passeur (4 offrandes). Les matchs sont rythmés, le pressing (surtout avec Emegha) est étouffant, et qu’il joue Paris ou Angers, le Racing ne renie jamais ses principes de jeu. On ne va pas se mentir : après la bouillie de foot ingurgitée la saison dernière, on peut être fier/ère de ce que l’on propose cette saison.

Racing
À Paris, Strasbourg n'a jamais cessé de jouer. © Nicolas Kaspar / Pokaa

Les matchs sont souvent débridés et spectaculaires, que l’on gagne ou que l’on perde. Construites depuis la relance du gardien, certaines actions sortent directement d’un tableau noir. Et alors qu’on avait du mal à chercher un match référence l’an passé, plusieurs performances de haut niveau ont déjà été réalisées cette saison. Et lorsque cela ne tourne pas en leur faveur, les Bleus et Blancs ne baissent jamais la tête et continuent à se battre. Sur ce point, les valeurs strasbourgeoises sont bien respectées.

Là-dedans, des joueurs ont réussi à tirer leur épingle du jeu. Santos est indispensable au milieu, les rares mauvaises performances de sa part coïncidant avec une baisse de régime de l’équipe. Sarr s’est très vite adapté au grand bain de la Ligue 1, Guéla Doué est la meilleure recrue de cette saison, tandis que Emegha a passé un cap dans presque tous les compartiments du jeu et dégage une mentalité de capitaine. Enfin, Nanasi éblouit par sa facilité technique, même s’il tire sérieusement la langue depuis plusieurs matchs, formant un duo redoutable avec un Moreira très surprenant.

Racing
Marseille, match référence. © Nicolas Kaspar / Pokaa

Un Racing qui s’essouffle, entre manque de rotation et faiblesse du banc

Nanasi, qui sort déjà d’une saison complète avec son ancien club de Malmö, est finalement un bon indicateur de la forme du Racing : après des débuts tonitruants, le club manque désormais d’un second souffle, avec 1 seule victoire sur les 5 derniers matchs. Deux explications peuvent être avancées : une absence de rotation dans l’effectif laissant les joueurs sur les rotules et un banc qui n’apporte aucune solution satisfaisante.

Pour le premier problème, il suffit de regarder les chiffres : globalement, si l’on enlève les quelques changements tactiques réalisés à la mi-temps [5, ndlr], Liam Rosenior effectue ses premiers changements en moyenne à la 80e minute. C’est (très) tardif, et dans un système de jeu qui demande autant d’énergie, de repli défensif et de dépassement de fonction, les titulaires ont du mal à terminer les matchs. Contre Monaco, dès la 60e, le Racing n’avait plus de gaz et a progressivement reculé, jusqu’à encaisser sur une erreur défensive.

Racing
© Nicolas Kaspar / Pokaa

Lorsque l’on regarde les minutes jouées par les joueurs du Racing, le constat est édifiant : sans compter le temps additionnel, Bakwa joue 87 minutes par match [joueur le plus utilisé avec 956 minutes en 11 matchs, ndlr], Santos 87,7, Doukouré 85,7, Diarra 84,54 et Guéla Doué 90 minutes. Si le Racing a fait le pari de la jeunesse, les organismes sont tout de même mis à rude épreuve, surtout que depuis cette année, le club a pris une dimension internationale. De nombreux joueurs partent en effet jouer pour leur sélection, ne prenant donc aucun repos. Une nouvelle donnée avec laquelle doit composer Liam Rosenior.

Si cette absence de rotation peut être imputée à l’entraîneur anglais, on y vient, elle est aussi expliquée par la faiblesse du banc strasbourgeois. L’an dernier, Patrick Vieira ne disposait d’aucune vraie solution, devant lancer des joueurs comme Sebas ou Ali pour pallier aux manques de l’effectif. Cette saison néanmoins, le Racing a énormément recruté, doublant presque tous les postes. Le problème, c’est que presque aucun joueur sur le banc n’a les qualités pour remplacer les titulaires.

Racing
© Nicolas Kaspar / Pokaa

Senaya n’est que l’ombre du joueur qu’il était, pas mis en confiance par un entraîneur qui ne semble pas vouloir l’utiliser. Au milieu, Mwanga n’a pas sorti la tête de l’eau depuis le début de l’année 2024, Diong est encore jeune et utilisé avec parcimonie, tandis que Lemaréchal, recruté 8 millions d’euros, est trop tendre et perdu dans le système de Rosenior. En défense, Wiley revient tout juste de blessure, tout comme Lukovic en attaque. Oscar Perea, recruté 5,5 millions d’euros, n’a jamais foulé une pelouse de Ligue 1, tout comme Yoni Gomis, recruté 2,5 millions d’euros. Enfin, en l’absence d’Emegha, Mara, recruté 12 millions d’euros, a du mal à peser à la pointe de l’attaque et semble encore avoir besoin de temps.

Bref, le Racing dépend énormément de ses titulaires, qui jouent beaucoup dans un système qui leur en demande tout autant. Les remplaçants ont du mal à matcher l’intensité demandée lors de leur rentrée, peu mis en confiance par leurs bouts de matchs glanés par-ci par-là, qui plus est dans un système compliqué à appréhender. On arrive donc dans un cercle vicieux, où le Racing tire la langue de plus en plus tôt dans le match, et doit se reposer sur un banc en crise de confiance pour le sortir de situations difficiles. Pour l’instant, force est de constater que cela ne fonctionne pas. À voir lors du mercato d’hiver, si BlueCo se décide à pallier aux manques.

Racing
© Nicolas Kaspar / Pokaa

Le coach : Liam Rosenior doit trouver de nouvelles solutions

Une partie de ces problèmes peut être imputée au recrutement façonné par BlueCo, obnubilé par la recherche de jeunes pépites à fort potentiel monétaire dans le futur. Sans rabâcher le besoin d’expérience, le Racing manque parfois de quelques têtes fortes qui connaissent la Ligue 1 et qui pourraient calmer le jeu. Sans eux, les joueurs pêchent parfois par manque de lucidité, pour les raisons invoquées au-dessus.

Mais ce progressif essoufflement porte également la marque de Liam Rosenior. OVNI à son arrivée, le jeune coach anglais a vite séduit ses pairs par ses principes de jeu bien affirmés, ses coups tactiques bien sentis et sa personnalité très humaine, un peu à la Ted Lasso. La com’ du Racing ne s’en est d’ailleurs pas privée, tentant par son entraîneur de retrouver l’éclat de la réputation de club familial si longtemps cultivée.

Racing
© Nicolas Kaspar / Pokaa

Sauf que depuis quelques matchs, le manque de résultats n’aidant pas, quelques failles commencent à se faire béantes dans le système de jeu prôné par l’entraîneur anglais. Principalement côté droit, où ni Bakwa, ni Diarra ne jouent réellement à leur poste. Contrairement à un Moreira s’épanouissant en exploitant son potentiel physique impressionnant, Bakwa n’est pas taillé pour un poste de piston, demandant des efforts défensifs conséquents.

L’ailier manque alors de lucidité là où il est censé faire les différences, devant le but. Et même s’il reste décisif [1 but et 4 passes décisives, on a vu pire en 11 matchs, ndlr], il a loupé quelques grosses occasions çà et là qui auraient pu donner à la saison du Racing une toute autre tournure. De son côté, Diarra joue un rôle hybride au milieu, parfois devant, et s’il reste sérieux, il manque d’impact, ne réalisant plus ses chevauchées comme il savait les faire lorsqu’il partait de plus loin sur le terrain.

liam rosenior
© Nicolas Kaspar / Pokaa

En s’entêtant parfois dans ses idées, Rosenior montre également ses limites, notamment son manque de solutions face aux équipes typiques Ligue 1, qui défendent bas et attendent le contre. On l’a vu face à Saint-Étienne, où le Racing ressemblait plus à une équipe de handball cherchant la faille, qu’à l’équipe surprenante et incisive qu’elle était d’habitude. Une faille dans la matrice anglaise déjà aperçue face à Angers, où les principes de jeu prônés frôlaient la caricature.

Finalement, Rosenior suit la trajectoire des joueurs recrutés par BlueCo : il a besoin de temps pour s’acclimater aux spécificités tactiques du championnat, parfois frustrantes en privilégiant le refus du jeu pour mieux contrer ensuite. Le déséquilibre dans l’équipe du Racing pourra peut-être se voir comblé au mercato d’hiver mais, en attendant, l’entraîneur strasbourgeois connaît ses premières turbulences. À voir de quelle manière il compte les gérer.

Racing
© Nicolas Kaspar / Pokaa

Les tribunes : une ambiance toujours aussi lourde à la Meinau

Après la réalité du terrain, le Racing doit également composer avec celle des tribunes. Alors que la Meinau est en travaux, c’est toute l’ambiance qui semble s’être embarquée dans un chantier dont on ne semble pas apercevoir la fin. On a déjà discuté en long, en large et en travers des… travers de la Meinau ; et force est de constater que depuis ce moment-là, les choses ne se sont pas arrangées.

Tout le monde reste campé sur ses positions, certains ne se privant pas d’insulter copieusement (et honteusement) les UB (Ultra Boys) sur les réseaux. Le débat tourne en rond, se raidit et se radicalise. Dernière conséquence ? Face à Monaco, les UB 90 se sont fait huer par une partie du stade alors qu’ils lançaient leur premier chant, après 15 minutes de grève.

Déjà amputée d’une tribune et d’une capacité de résonance pour cause de travaux, la Meinau sonne plus creuse désormais, surtout avec celles et ceux partant dix minutes avant la fin. Plus inquiétant, elle semble également plus hostile. Non pas envers les joueurs, mais envers elle-même.

Racing
© Nicolas Kaspar / Pokaa

Les appels à l’unité ou à la nuance semblent être vains, bien que les UB aient une nouvelle fois expliqué leur position récemment. En outre, comme le jeu proposé n’est plus vraiment au rendez-vous, les dissensions s’entendent encore plus. Jusqu’à toucher en plein coeur la véritable âme du Racing : son public. Encore une fois, le risque est grand : les joueurs partiront, les actionnaires aussi, mais l’institution Racing, elle, restera. Tant qu’il y aura des passionné(e)s pour pousser derrière.

Alors que la Meinau va durablement changer de visage dans les prochaines années, avec plus de places accordées aux VIP et la fin des populaires, il faut rester vigilant pour ne pas définitivement perdre ce qui fait du Racing un club différent des autres. Il ne reste qu’un seul match à la Meinau en 2024, espérons qu’il se termine sur une bonne note, pour repartir sur de nouvelles bases en 2025.

Racing
© Nicolas Kaspar / Pokaa

Au début de la saison, on jugeait le Racing aussi intrigant qu’inquiétant. Onze matchs sont désormais passés, et le postulat est plus ou moins le même. On a vécu de belles émotions, de grands matchs, mais la hype semble désormais derrière nous et des périodes plus compliquées s’annoncent sur le terrain, comme en tribunes. Gage au Racing de bien finir 2024, pour ne pas revivre une saison aussi éprouvante que la précédente.

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