Alors que l’interdiction des véhicules Crit’Air 3 aurait dû être prononcée au 1er janvier 2025, l’Eurométropole a décidé de repousser l’échéance de 2 ans, jusqu’à fin 2026. Une décision motivée par une amélioration de la qualité de l’air, d’un parc automobile qui évolue mais aussi (surtout ?) par la mise en place à cette date du contrôle automatisé par l’État, avec sanctions.
Bonne nouvelle pour les automobilistes qui détiennent une voiture Crit’Air 3 [les essences immatriculées avant 2005 et les diesels immatriculés avant 2010, ndlr]. Alors que ces dernières auraient dû être interdites au sein de l’Eurométropole de Strasbourg (EMS) à partir du 1er janvier 2025, leur interdiction a été repoussée de 2 ans, jusqu’à la fin de l’année 2026.
Une décision annoncée le 19 septembre dernier par Pia Imbs, après une première évaluation du dispositif de la Zone à faibles émissions (ZFE), conduite par l’agence d’urbanisme ADEUS. Toujours soucieuse de respecter les impératifs écologiques sans « freiner l’activité économique », la présidente de l’Eurométropole a salué une « politique ambitieuse », qu’il faut désormais revoir.
Les voitures Crit’Air 3 tolérées dans l’Eurométropole jusqu’à fin 2026
C’est donc l’information principale : les Crit’Air 3 sont encore tolérées sur tout le territoire de l’EMS jusqu’à la fin de l’année 2026. En période d’interdiction « pédagogique » depuis le 1er janvier, elles auraient dû ne pas passer la nouvelle année. Mais au regard de l’amélioration de la qualité de l’air dans la métropole, passée de « Territoire ZFE » à « Territoire de vigilance ZFE », elles prennent 2 ans de rab.
Une décision qui peut être expliquée par le fait qu’il aurait été compliqué d’interdire dans quelques mois les Crit’Air 3. De plus, le parc automobile de l’EMS a perdu 7 000 véhicules entre 2022 et 2023, et est devenu de moins en moins polluant depuis la mise en place de la ZFE. Dans le même temps, les Crit’Air 3 représentent encore 19,3% des véhicules immatriculés dans l’EMS, et 15% des véhicules en circulation. Un pourcentage conséquent.
Enfin, alors que certain(e)s ne se sont pas privé(e)s d’y voir une manœuvre au vu des municipales de 2026, la décision de reporter l’interdiction des Crit’Air 3 est surtout liée au calendrier de mise en place du contrôle automatisé par l’État, avec sanctions. Aux dernières nouvelles, cette interdiction devrait se faire en 2027, même si le changement de gouvernement pourrait très bien rebattre les cartes.
Une ZFE qui fonctionne… avec encore des points de vigilance
Quoi qu’il en soit, la décision a été prise car des améliorations ont été constatées depuis la mise en service de la ZFE, et notamment côté qualité de l’air. En 2023, la station de référence à Strasbourg était sous la valeur réglementaire en vigueur pour le NO2 (36 μg/m3). Au fil des années, les concentrations de NO2 et de particules fines ont évolué à la baisse, une tendance liée à la baisse des trafics notamment, mais aussi à des conditions météorologiques favorables ces dernières années.
De plus, alors qu’en 2019, 220 000 personnes dans l’Eurométropole étaient exposées à une concentration moyenne annuelle en dioxyde d’azote supérieure à 20 μg/m3, elles ne sont plus que 7 800 personnes à être encore exposées à ce niveau de pollution.
Une amélioration qui doit inciter à poursuivre les efforts car 92% de la population métropolitaine reste exposée au niveau limite de pollution préconisé par l’OMS (10 µg/m3). Et toutes les concentrations, même quand elles s’améliorent, restent ainsi très éloignées des objectifs de l’OMS (10 µg/m3).
Cette poursuite des efforts est d’ailleurs une priorité pour la maire Jeanne Barseghian, qui déclare : « La Zone à faibles émissions n’est qu’un outil au service d’une volonté politique. Et notre volonté reste toujours d’exclure les véhicules les plus polluants. » Ainsi, pour le moment, l’interdiction des Crit’Air 2 est toujours prévue pour 2028. Mais il n’est pas impossible qu’il y ait de nouveaux changements à l’horizon…