À Strasbourg et alentours, nombreux/ses sont celles et ceux qui agissent à leur niveau pour valoriser la filière locale et bio sur le territoire. Producteurs/rices, transformateurs, distributeurs, institutions, gérant(e)s de commerces ou consommateurs/rices : on a rencontré des femmes et des hommes engagé(e)s pour une agriculture plus propre et une consommation plus saine. Avec l’aide de l’Agence Bio, qui pour la deuxième année consécutive lance la campagne nationale #BioRéflexe et de l’association Bio en Grand Est qui déploie la campagne en région, on en a appris davantage sur les bénéfices d’une consommation à la fois locale ET biologique. On vous partage tout ce que l’on a appris lors de ces rencontres.
Depuis plusieurs décennies, l’agriculture biologique se fait une belle place au soleil. Encadré par une loi européenne depuis plus de 30 ans, ce type de production défend « le respect de l’environnement et de la protection du climat, de la biodiversité, de la santé humaine et du bien-être animal », selon la définition de L’Agence Bio.
Et après une immersion dans le monde du bio avec un brasseur et un boulanger fin août ou encore la découverte d’une coopérative alsacienne engagée début septembre, direction les champs autour de Strasbourg.
Car aujourd’hui, on vous propose une rencontre avec deux maraîchers : David Hornecker et Nicolas Burgmann, qui travaillent respectivement au Jardin de Marthe et à la Ferme de la Ganzau.
David Hornecker, maraîcher au Jardin de Marthe
• Pouvez-vous me parler de votre métier ?
Je suis exploitant agricole. Tous les jours de l’année, je m’occupe de mes terres ou du produit de mes récoltes que je vends directement sur place, dans la boutique située juste à côté de l’exploitation : c’est là que l’on fait l’essentiel de nos ventes. C’est un boulot prenant, mais qui me plaît énormément, et puis on est tout le temps dehors.
En fait, on n’est pas seulement maraîcher, on fait plusieurs boulots différents, et ça change tous les jours. On n’a pas le temps de s’ennuyer, car il faut bichonner sa production, surtout quand on fait du bio, car les cultures réagissent plus aux caprices de la météo. Quand on ne traite pas artificiellement, il y a toujours quelque chose à faire.
• Qu’est-ce qui vous plaît dans ce métier ?
Je suis fils d’agriculteur, je suis dans les champs depuis l’âge de 15 ans, j’ai ça dans le sang, je ne saurai même pas quoi dire de plus.
J’aime le fait de toujours devoir trouver des solutions pour réussir à produire, c’est un défi de tous les jours et je trouve que c’est motivant, ça nous fait garder la forme et ça nous rend polyvalent. Quand tu arrives le matin, tu dois adapter ton travail à la météo, au vivant qu’il y a dans tes champs, ça me plaît énormément.
• Comment vous adaptez-vous ?
On est dépendant du climat global, mais aussi de la météo. S’il fait moche ou s’il fait beau, notre journée n’est évidemment pas la même, on doit constamment adapter notre travail, surtout lorsque l’on cultive une diversité de produits, comme ici au Jardin de Marthe.
On a des arbres fruitiers, des serres, du plein champ, et la pluie va souvent nous mettre au défi comme il y a quelques mois. Mais on s’en est bien sorti par rapport à certains collègues. C’est ça aussi notre travail, ce n’est pas seulement la récolte.
• Pourquoi avoir fait le choix de produire en bio ?
C’est mon père qui a décidé de passer en bio il y a déjà des années, moi, j’ai juste repris le flambeau.
Ici, il n’y aucun secret, tout est 100% clean. Je suis dans les champs depuis que j’ai 15 ans et j’ai toujours connu ça comme ça, pour moi, c’est normal. Mais je sais qu’à l’époque, mes oncles avaient eu des problèmes de santé liés aux traitements appliqués dans les champs. L’histoire de la famille a donc petit à petit motivé ces choix qui sont devenus la norme.
On est fiers, on n’utilise pas de poisons comme les produits phytosanitaires, qui vont tuer le vivant. Parce que quand tu appliques un produit chimique sur un sol et que plus rien ne pousse, que tout est mort et que la terre est à nue, tu te poses des questions quand même. Nous on est sûr que personne ne tombera malade ici.
Après, on n’a pas autant de rendements, c’est sûr, mais au moins, on dort sur nos deux oreilles. Et puis on fait perdurer quelque chose d’important : une entreprise familiale. On produit des choses nourrissantes, plus nutritives, moins gorgées de flotte, et avec davantage de goût évidemment !
Chez nous, on nourrit la terre, pas la plante, on alimente une base vivante. C’est cette terre enrichie de nutriments et d’insectes qui nous permet de produire, pas autre chose. Et en plus de protéger les sols et ce qui en sort, on propose des produits ultra-frais, consommés quelques heures après la récolte. On est donc aussi très content quand les gens viennent acheter directement chez nous.
Nicolas Burgmann, maraîcher à la Ferme de la Ganzau
• Pouvez-vous nous parler de vous et de votre rôle à la Ferme de la Ganzau ?
J’ai 37 ans, je suis gérant de la Ferme de la Ganzau. On y produit une grande variété de fruits et légumes, pas moins de 50 je crois. Salades, tomates, poireaux, patates, melons, pastèques, on fait de tout, et même des fleurs comestibles comme les physalis. Et puis on produit toute l’année, car chez nous, il y a de la vie été comme hiver.
• Où vendez-vous votre production ?
On l’a vend en direct sur place à la ferme et on fournit également des magasins spécialisés et certains traiteurs, on fait également des marchés hebdomadaires, et on dispose d’une ferme éducative.
On y accueille des enfants pour leur montrer la nature, les animaux et les sensibiliser à l’environnement. On fait également de la libre cueillette, ils mettent la main dans la terre et les parents aussi, tout le monde adore ça.
• Est-ce que c’est important pour vous de produire bio ?
On est passé en bio dès 2011, mais même avant ça notre sol était propre, on y a jamais mis de cochonneries. On le voit et on le sent, notre sol est fertile, et notre production est forcément bien plus intéressante que si on répandait tout un tas de fertilisants ou de désherbants chimiques.
Moi, je consomme majoritairement des produits bio, alors je ne vois pas pourquoi je produirai autrement, c’est juste normal pour moi. Et puis en bio, tu ne peux pas faire n’importe quoi, tu es contrôlé, ton exploitation est contrôlée, il y a un suivi sur ta production, je trouve que c’est vraiment bien, on ne peut pas faire semblant et heureusement.
• Selon vous, pourquoi les client(e)s vous sollicitent ?
Les clients ont confiance en nous et ils nous connaissent depuis longtemps. Ils savent que chez nous, ils trouveront des produits plus qualitatifs, plus nutritifs, et pas bourrés de conneries qui détruisent la faune et la flore. Les gens savent ça, ils viennent pour ça et ils savent pourquoi, c’est tout. Ils veulent manger plus sain.
Et puis, quand tu as l’habitude du bio, tu ne peux pas t’en passer. Les fruits et légumes ont plus de goût, ils se gardent plus longtemps, c’est quand même autre chose quoi. Je pense aussi que les clients viennent chez nous pour soutenir leurs producteurs de proximité, et pour soutenir la démarche bio. Ils consomment parfois moins, mais local et bio, c’est un choix réfléchi, et puis on leur propose des prix quand même très intéressants.
Merci à David et Nicolas pour leurs réponses, et rendez-vous dans les champs, à la Ferme de la Ganzau ou au Jardin de Marthe pour mettre les mains dans la terre ! Vous pouvez également vous rendre aux Jardins de la Montagne Verte pour rencontrer la maraîchère Fatima Riahi, qui n’a malheureusement pas pu être présente lors de notre interview.
Et si vous voulez en savoir plus sur la campagne #BioRéflexe, vous pouvez cliquer ici 😉
