Lieu de mémoire aujourd’hui, mais d’extrême souffrance durant la Seconde Guerre mondiale, le camp de Natzweiler-Struthof fait partie intégrante de l’histoire de l’Alsace. Depuis plusieurs dizaines d’années, le public et les nouvelles générations peuvent le visiter, pour ne pas oublier les horreurs commisses dans le passé. Situé à 50 minutes de Strasbourg, on vous y emmène pour une petite leçon d’histoire.
Ouvert dès 1941 par les nazis dans l’actuel Bas-Rhin, à côté de Schirmeck, le Struthof a une particularité : c’est le seul camp de concentration situé (aujourd’hui) en France. La raison ? De 1940 à 1945, l’Alsace et la Moselle étaient annexées au Troisième Reich.
Si le Struthof était le camp principal, il était relié à pas moins de 50 autres camps annexes plus petits. Au total, durant son utilisation par les nazis, ce lieu aura vu défiler 52 000 déporté(e)s de 31 nationalités différentes. Selon les chiffres, 22 000 ne reviendront jamais, donc environ 40%, ce qui en fait l’un des camps les plus meurtriers du Troisième Reich.
Étape 1 : le Centre européen du résistant déporté (CERD)
À notre arrivée, première étape : le Centre européen du résistant déporté (CERD). Ce lieu est inauguré le 3 novembre 2005, lors des 60 ans de la Libération, par le président de l’époque, Jacques Chirac. Cet espace a été conçu comme une introduction à la visite du camp, qui est situé à quelques pas.
La visite commence par un documentaire sur l’histoire de la construction du Struthof, pour avoir un peu de contexte. Le CERD est agréable à arpenter, dans un cadre sobre et solennel.
Le CERD est construit au-dessus de la kartoffelkeller (« cave à pommes de terre »), une immense cave en béton armé de 120 mètres de long construite par les déporté(e)s du camp, entre 1943 et 1944.
Devenue aujourd’hui le symbole de l’oppression et de l’épuisement des déporté(e)s par le travail et les coups, son usage de l’époque reste un mystère.
Autour de la cave s’organise une exposition permanente regroupant des dizaines de photographies et documents. Par ordre chronologique, elle présente la montée du fascisme et du nazisme en Europe, la politique mise en œuvre par Hitler, les résistances et enfin la liberté.
Avant la fin, l’expo évoque aussi la suite de l’histoire de l’Europe : de sa (re)construction aux nouvelles menaces qui pèsent aujourd’hui sur la paix.
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Étape 2 : le camp de concentration
Après cette première visite, nous prenons la direction de l’entrée du camp. Sous l’idéologie nazie, 15 baraques en bois existaient. Aujourd’hui, il n’en reste plus que deux : l’une est transformée en musée, et l’autre, fermée au public, servait à l’époque de cuisine.
Nous nous dirigeons directement au bout du camp, et nous suivons la pente abrupte pour nous rendre au pied du four crématoire – et de sa cheminée de neuf mètres de haut.
À l’intérieur du bâtiment, plusieurs expériences étaient réalisées sur les déporté(e)s par des nazis. Aujourd’hui, il reste encore la table où ces tests étaient pratiqués ainsi que les lits des cobayes. Les images valent mieux que les mots, et elles font froid dans le dos…
Juste à droite, lorsque l’on ressort de cette baraque, on tombe sur la fosse aux cendres où étaient jetées celles des victimes. L’endroit est devenu l’un des premiers lieux sacrés au moment de la libération du camp.
Une croix en fleurs, une inscription « honneur et patrie » et de nombreuses plaques écrites dans les langues des victimes composent également ce lieu de mémoire. L’émotion est palpable.
De l’autre côté, le block prison : il existait dans chaque camp et était utilisé pour appliquer des punitions corporelles. À l’intérieur, 20 cellules de 8 m2, toutes identiques. Certain(e)s détenu(e)s y restaient des heures, d’autres des jours. Dans tous les cas, les punitions étaient inhumaines.
Étape 3 : le musée
On rebrousse ensuite chemin et on remonte sur les hauteurs du Struthof. Il existe au centre du camp une succession de marches construites par les déporté(e)s eux-mêmes. Mais là encore, la topographie du lieu ajoutait de la souffrance dans le quotidien des détenu(e)s, quand il s’agissait de monter ces marches.
Cette voie n’est pas accessible aux visiteurs/ses et nous reprenons donc le même chemin qu’à l’aller. Une fois en haut, direction le musée à l’entrée, qui propose d’autres documents et témoignages que le CERD.
À l’intérieur, il est possible de retracer l’entièreté de l’histoire du camp de concentration. Vous pouvez aussi y trouver des archives, des morceaux d’histoire comme des tenues de déporté(e)s offertes par plusieurs familles.
Étape 4 : la villa du commandant et l'ancienne chambre à gaz
C’est sur cet espace de mémoire que nous sortons de ce lieu chargé d’histoire. Nous prenons ensuite un itinéraire de randonnée (1 km) appelé « chemin des déportés » en direction de la chambre à gaz (la descente est déconseillée aux personnes qui ont des difficultés à marcher et il est possible d’utiliser sa voiture).
Sur le trajet, nous passons devant la villa du commandant du camp ainsi que devant son ancienne piscine. Un bâtiment construit par une habitante de la région qui a ensuite été réquisitionné par les nazis. Aujourd’hui, il est impossible de le visiter.
Après 15 minutes de descente, nous arrivons devant la chambre à gaz, aménagée par les SS (Schutzstaffel) à l’automne 1942 dans une ancienne chambre froide. Ce bâtiment était, avant la guerre, un lieu de tourisme, car situé en face de l’ancienne auberge du Struthof.
Lors de l’arrivée des troupes américaines en 1944, le bâtiment est vide et abandonné. Ce n’est qu’un an après qu’il sera expertisé par le professeur et médecin légiste Camille Simonin à la demande de la justice militaire française.
Si, depuis, l’auberge a été restituée à ses propriétaires, l’annexe a été classée en 1951 « Monument historique » et est aujourd’hui ouverte au public.
Établissement
Camp de Natzweiler-Struthof
Quoi ?
Lieu de mémoire de la Seconde Guerre mondialeQuand ?
27 Juil. 2024où ?
D130, 67130 NatzwillerPlus d'infos ?
Tarifs : 8€ par adulte, 4€ par enfant (de 10 à 18 ans)