Quand on entend « Luxembourg », on pense grosses banques et cigarettes moins chères. À la rigueur, Parlement européen et grands bâtiments. Mais il y a bien plus à découvrir. Destination peu prisée des touristes, elle regorge pourtant de nombreux trésors à l’intérieur de ses 2.586 m2, entre architectures de caractère, paysages éblouissants ou histoire rocambolesque. Pour y voir plus clair, on a pris la route. Et 2h30 plus tard, nous voilà en train de percer les mystères du Grand-Duché à Luxembourg ville : on vous raconte notre périple.
Le Luxembourg est un tout petit pays comptant à peine 640.000 habitant(e)s, lové entre la France, la Belgique et l’Allemagne. Mais il ne manque pas de caractère, loin de là ! Forgé par son histoire mouvementée, il voit le jour à la fin du Moyen Âge, alors que le comte Sigefroi de Luxembourg bâtit sa forteresse Lucilinburhuc sur le sommet du Rocher du Bock.
C’est donc en haut de ces falaises, où se trouve le cœur de la capitale aujourd’hui, que naît la ville de Luxembourg puis le Duché du même nom. Avant d’obtenir son indépendance en 1839, ce territoire placé stratégiquement titille les convoitises du continent et passe entre de nombreuses mains, des Français(es) aux Néerlandais(es), en passant par les Espagnol(e)s et les Autrichien(ne)s.
Mais alors, on parle quoi au Luxembourg ? Le français, l’allemand et le luxembourgeois (aux douces influences germaniques) sont les trois langues officielles de cette monarchie parlementaire. Ici, le grand-duc régit le pays en tant que chef de l’État, tout en étant encadré par un parlement, élu par le peuple.
Revenons à nos moutons : entre grands espaces verts et héritage historique, cette destination méconnue au charme pittoresque regorge de surprises. On a décidé de partir en exploration dans ces contrées très facilement accessible depuis Strasbourg : suivez le guide.
Étape 1 - La gare et sa verrière, comme un air de déjà-vu
Pour se rendre au Grand-Duché de Luxembourg, plusieurs options existent depuis Strasbourg. Premièrement, la voiture. Il est possible de passer par la France, mais aussi par l’Allemagne pour éviter les péages. Dans tout les cas, il faut compter deux à trois heures de route, et une trentaine d’euros de frais.
Pour éviter de se prendre la tête sur le Michelin, Flixbus propose des trajets directs en 3h, pour une quinzaine d’euros mais souvent de nuit. Avis aux hiboux et autres êtres noctambules : c’est le bon deal pour vous.
Parce qu’on aime dormir et se laisser porter, on a finalement opté pour le train. S’il existe un TGV direct qui relie Strasbourg à Luxembourg-ville en 1h45, celui-ci coûte toutefois plus cher que le TER, avec un changement à Metz. On a choisi cette dernière option, et on s’en est tiré(e) pour 60 euros l’aller-retour.
À Luxembourg, on débarque à la gare centrale, et on se sent de suite comme à la maison. En même temps, il a quelques similitudes : le bâtiment néo-baroque qui abrite les quais, achevé en 1907 et classé monument historique, est protégé par une grande verrière depuis 2012. Et devinez quoi ? C’est la gare de Strasbourg qui a été la muse des architectes !
Pour se déplacer dans la ville, il y a bien évidemment des bus, mais aussi le tram qui a fait son retour depuis 2017, et dont la ligne ne cesse de s’étendre. Bon, c’est bien mais pas très inhabituel, nous direz-vous.
Sauf que si : au Luxembourg, les transports publics sont gratuits depuis 2020. Les cars, le tram, les trains, TOUT. L’objectif ? Inciter la population, ainsi que les touristes, à en profiter. On valide (l’idée, pas le ticket), et on fonce au centre-ville.
Étape 2 - La Ville-Haute et son atmosphère pittoresque
On se balade au milieu des bâtiments historiques du centre, jusqu’à tomber nez à nez avec le Palais grand-ducal, soit la résidence de ville du grand-duc de Luxembourg. Avec ses tourelles et son style Renaissance, il arbore un vague air de Poudlard, tandis que les gardes du roi se tiennent devant, à l’instar des statues : même pas besoin d’aller jusqu’à Buckingham Palace pour en profiter.
On poursuit notre visite avec la cathédrale Notre-Dame de Luxembourg, bâtie dans un style gothique et plantée discrètement entre les habitations. Après cette pause spirituelle, on arrive place de la Constitution, au pied de la Gëlle Fra (femme dorée). Juchée sur son obélisque, elle rend hommage aux Luxembourgeois(es) tombé(e)s durant les deux guerres mondiales. Et surtout, elle flotte magiquement dans les airs.
Nous voilà au bord de la corniche de la Ville-Haute, surnommée « plus beau balcon du monde ». Et c’est là qu’on comprend ce qui fait toute la particularité de la capitale luxembourgeoise : le centre historique est bâti sur une falaise, et le reste de la ville se déploie sur des étages différents, traversés par les petites vallées de l’Alzette et de la Pétrusse.
Modernité, bâtiments anciens et nature se côtoient sur les différents étages. Pour les enjamber, le pont Adolphe et ses immenses arches en pierre se dresse fièrement, découpant ce paysage qui ressemble un peu à un patchwork d’architectures et d’histoires.
Étape 3 - Vauban, vous, ici ?
Nos yeux dansent sur le paysage depuis les remparts de la ville, qui abritaient le château aujourd’hui détruit. Tenu par les Espagnol(e)s, les Autrichien(ne)s, les Prussien(ne)s puis les Français(es) au fil des siècles, il en reste de nombreuses traces dans le paysages… Et notamment celles laissées par ce cher Vauban, au 17e siècle. Oui oui, celui qui a conçu les fortifications strasbourgeoises.
Connu pour son travail d’architecture militaire, ce gentilhomme a participé à la création des forteresses de Luxembourg, notamment par l’ajout de nombreuses casemates – on peut même les visiter. Késako ? Il s’agit d’abris souterrains et des chambres à canon reliées par des longs couloirs, construits au creux du rocher du Bock pour assurer la défense de la forteresse. Immersion garantie.
Étape 4 - Et la Ville-Basse ?
Qui dit Ville-Haute dit aussi Ville-Basse. Encore une fois, le choix ne manque pas pour s’y rendre, entre les rues pentues, l’ascenseur panoramique du Saint-Esprit qui offre une vue imprenable, ou encore le funiculaire qui relie les différents niveaux de la ville en 63 secondes, top chrono. Le tout gratuitement.
Au pied de la falaise se trouve l’immanquable quartier Grund, aux allures de petit village tout droit sorti d’un conte, avec ses maisons pastel bordées de verdure, ses ponts de pierre et ses coins de nature. De quoi faire une bonne balade et s’ouvrir l’appétit. D’ailleurs…
Étape 5 - Petites adresses pour reprendre des forces
Au menu des spécialités luxembourgeoises, la carte est variée : pâté au Riesling Rieslingspaschteit, saucisses grillwurst, mettwurst… Mais aussi galettes de pommes de terre gromperekichelcher, collier de porc, boudin noir… Et là, c’est le moment où vous vous demandez si on est pas encore en Alsace. Du cochon, du riesling et des noms étranges à foison… Kopfertami !
C’est simplement parce que la cuisine luxembourgeoise est concoctée, tout comme dans nos contrées alsaciennes, à partir d’un mélange d’influences germaniques et de produits du terroir. Pour s’en mettre plein la panse, plusieurs restaurants tels qu’ Um Dierfgen ou De Feierwon, permettent de s’offrir un bon petit plat tradi’ dans une ambiance chaleureuse.
Pour varier les plaisirs et ne pas faire exploser notre taux de cholestérol, on est également allé tester les mac’n cheese végans (avec supplément truffe) chez Beet : un déliceeee. Il y a aussi le restaurant libanais Chiche !, dont la cuisine est aussi fabuleuse que le décor.
Pour les envies sucrées, on fonce à la Chocolate house pour déguster un chocolat chaud un peu particulier. Ici, on choisit sa chocospoon – sa cuillère au chocolat quoi, parmi un étalage fort alléchant, puis on la laisse fondre dans une tasse remplie avec le lait de notre choix.
Étape 6 - Voir les étoiles avec Lisa Junius à la galerie Creutz
Pour digérer notre goûter, on s’arrête à la galerie Creutz & Friends, qui accueille régulièrement des expositions d’artistes locaux/les des plus rafraîchissantes. En ce moment, c’est Lisa Junius qui habille les murs avec ses créations oniriques.
Assiettes, vases, pinces à cheveux, stickers et objets divers ou œuvres murales : Lisa est une artiste touche-à -tout, qui travaille dans un univers entre le féminin, le cosmique et la nature, le tout dans des tons essentiellement bleus et blancs. On est sous le charme de ses créations célestes. Et on ne dit pas ça parce que Lisa a fait l’intégralité de ses études d’art à Strasbourg, avant de revenir en terre natale… non !
Étape 7 - Petit tour sur le campus de Belval, ancienne friche industrielle
Oui, le Luxembourg est un pays riche, dont l’économie rayonne grâce aux travailleurs/ses frontaliers/ères, et surtout, grâce aux quelques 140 banques implantées sur le territoire, séduites par les avantages fiscaux et financiers qu’offre le Grand-Duché. D’ailleurs, le PIB par habitant(e) est le plus haut du monde.
Mais depuis le début des années 2000, ce petit pays souhaite dépasser ses clichés, et se faire une véritable place dans les domaines culturels et intellectuels. C’est ainsi que la première et unique université publique du pays est sortie de terre à partir de 2003.
Aujourd’hui, son campus central se trouve sur l’ancien site industriel de Belval, tout près de la frontière française. La plus grande aciérie du Luxembourg a certes fermé ses portes, ses cheminées et fourneaux ont été intégrés dans l’architecture de cet ensemble universitaire aux airs futuristes.
Centrée sur une approche multilingue et le développement de la recherche, cette université reflète la puissance financière du Luxembourg, mais aussi celle de son savoir, le tout dans un cadre à couper le souffle, mi-campus américain mi-musée. On s’y est baladé juste pour le plaisir des yeux, et on a adoré.
Étape 8 - Vous reprendrez bien un peu de culture ?
Direction le plateau de Kirchberg, qui est le quartier d’affaires de Luxembourg ville. Ici, les grands buildings et les institutions côtoient quelques chefs-d’œuvre architecturaux. Outre le Parlement européen (que l’on connaît bien aussi à Strasbourg) et la Banque européenne d’investissement, ce quartier aussi moderne que récent est l’épicentre de la vie culturelle.
La nuit tombe, et les immenses contours de la Philharmonie se dessinent, à travers les dizaines de colonnes qui portent ce colosse futuriste. Pas le temps de trop laisser tourner sa tête, car le musée d’art contemporain MUDAM se trouve juste à côté, exhibant lui aussi une architecture aérienne hors du temps.
Pour finir, on se balade dans le parc Draï Eechelen (les trois glands en français), en attendant que les étoiles achèvent de se lever. On profite de la vue panoramique sur toute la ville, qui s’illumine petit à petit, tandis que nous arrivons bientôt à la fin de notre journée bien remplie.
Étape 9 - Schueberfouquoi ?
Pour finir sa soirée avec des étoiles dans les yeux, une autre option est d’attendre la tenue de la Schueberfouer, une de plus grandes fêtes foraines d’Europe, qui a lieu chaque année entre fin août et début septembre.
Sa particularité ? Inaugurée en 1340 par le comte de Luxembourg Jean l’Aveugle (encore un personnage haut en couleur), elle a pour but de faire rayonner la culture et la production luxembourgeoise au carrefour de l’Europe. Au fil des siècles, cet immense marché festif s’est hybridé avec les lumières et sensations fortes des fêtes foraines, tout en maintenant la tradition de la gastronomie de rue.
Cette année aura lieu la 682ème édition, et c’est un excellent prétexte pour se prévoir un week-end féerique.
Et ensuite ?
On vous a présenté Luxembourg ville, mais ce petit pays regorge encore de trésors à découvrir absolument, entre verdure, villages aux airs suisses, ou encore châteaux et abbayes sortis tout droit d’un film Disney.
Parmi les immanquables, on vous recommande très chaudement Vianden et son château, mais aussi le plus ancien village luxembourgeois Echternach, ou encore Larochette, pour se dépayser totalement.
On espère que cette virée vous a plu, et on vous dit à bientôt pour de nouvelles aventures !
Article très intéressant qui sait donner envie ! Petite coquille dans l’étape 8 là où vous parlez du parc : les étoiles ( et non les étoiles)
Bonjour,
C’est corrigé 🙂
Bon dimanche à vous !