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Strasbourg : les habitant(e)s du Jardin des Deux Rives face à une invasion de sangliers

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Depuis plusieurs années, les habitant(e)s du quartier du Port du Rhin doivent compter sur la présence d’un voisin encombrant : le sanglier. À la tombée de la nuit, ces animaux investissent les espaces publics. Dans le parc des Deux-Rives, les rencontres se multiplient, pas toujours à l’avantage des humains.

Qu’il s’agisse de ragondins, de cigognes, ou encore de renards, les Strasbourgeois(es) se sont habitué(e)s depuis longtemps à croiser des animaux sauvages en ville, les photos de ces derniers faisant les délices des réseaux sociaux.

Cependant, depuis quelques années, il n’est plus rare dans certains quartiers de tomber nez à nez avec des « petites bêtes » plus problématiques et moins instagramables… Pouvant peser jusqu’à 150 kilos, le sanglier d’Europe ou sus scrofa, pour les latinistes, est installé dans la forêt du Neuhof où il vit sa vie depuis la nuit des temps. Sauvages, ces animaux évitent d’habitude les humains comme la peste.

Au Port du Rhin, pourtant, ils se rapprochent de plus en plus des zones habitées. Une situation qui inquiète les riverains.

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Sangliers jardin des deux-rives
© Adrien Labit / Pokaa

Quand ils arrivent en ville, les passants changent de trottoir

« J’en ai croisé des dizaines de fois.» David Levêque est professionnel de l’audiovisuel, installé au Port du Rhin depuis novembre 2022. Très vite, ses voisins le mettent au parfum : à la tombée de la nuit, les sangliers arrivent en ville.

« On m’a raconté qu’on en voyait sur les parkings et à proximité des habitations. » Rapidement, le jeune homme fait ses premières rencontres avec des bandes de cochons sauvages en forêt ou dans les chemins : « on s’observe un peu de loin et ils finissent par partir.» Comme la plupart des habitant(e)s, David évite de se promener en forêt passé une certaine heure, histoire de ne pas faire de mauvaises rencontres.

“Si ça avait été un papy du quartier, ça ne se serait pas aussi bien passé.”

Depuis deux ans, pourtant, les sangliers investissent de plus en plus les espaces publics. Le 5 octobre, alors qu’il promène son chien, David tombe sur une famille de sangliers en balade dans le parc : « Il était 22h40, il faisait nuit et j’ai entendu du bruit. En éclairant avec une lampe torche, j’ai vu quatre ou cinq sangliers et des marcassins. »

Effrayée, la petite harde s’enfuit, mais une laie (la femelle du sanglier) revient et charge le jeune homme. « Je suis monté sur un des jeux du parc pour enfants qui était à côté et mon chien parti en courant poursuivie par la laie. Heureusement, elle a fini par s’en aller.» Plus de peur que de mal, « si ça avait été un papy du quartier, ça ne se serait pas aussi bien passé.»

Déjà une semaine avant cette rencontre, au détour d’un bâtiment, David était tombé sur un sanglier qui avait mordu son chien. Celui d’une voisine s’est, lui aussi, fait attaquer cet été : « 40 points de sutures, c’est un miracle qu’il ait survécu ! », nous raconte t-il.

Dans le parc des Deux-Rives, très fréquenté les soirs de beaux temps, la présence des humains ne semblent plus dissuader les sangliers de venir. Peu à peu, ils investissent l’ensemble du jardin public : « Tant qu’ils restaient dans le fond du parc, à la limite, on n’y va pas. Mais on se rend compte qu’on peut en croiser partout, là, c’est vraiment plus embêtant.»

Un phénomène en augmentation

Au récit des usagers du parc des Deux-Rives, Eric Baubet ne semble pas surpris. Chargé de recherche à l’Office français de la biodiversité, ce chercheur spécialiste des sangliers décrit un phénomène en augmentation :  «  Sur les 10 dernières années, il y a de plus en plus de problématiques sur les sangliers en milieux urbains et périurbains.»

Loin d’être limité à Strasbourg, il s’agit d’une situation touchant de nombreuses villes de France et même d’Europe. En cause, selon le chercheur, l’augmentation des deux populations. Sangliers et humains sont plus nombreux sur un même territoire, ils ont donc plus d’occasion de se croiser.

L’intérêt des sangliers pour les zones urbaines et périurbaines vient de la relative tranquillité qu’ils y trouvent : « Il y a des zones où se cacher : de la forêt, de la broussaille, pour qu’ils se reposent en journée. Normalement, dans ces zones-là, il n’y a pas de chasse. Ils seront en sécurité sans être dérangés outre-mesure, car ce n’est pas dans le pic d’activité des humains que les sangliers sont le plus actif. »

Le chercheur décrit des animaux capables de différencier un chasseur d’un humain qui vaque à ses occupations et de s’accommoder de notre présence : « la ville, ce n’est pas leur préférence, mais ils arrivent à composer avec la présence de l’humain.»

“Il faut que les uns s’adaptent aux autres et vice versa”

Une fois les sangliers installés dans un secteur, difficile de les en déloger : « C’est un animal très opportuniste, il tire très facilement avantage de son environnement et rentre aisément en interaction avec les humains » détaille Eric Baubet.

Pour le chercheur, il convient d’éviter de les nourrir, même en pensant donner à manger à d’autres animaux. Il est aussi important de signaler les sangliers aux autorités, pour qu’elles puissent les déloger avant qu’ils ne s’installent trop sur la zone. Au-delà, « il n’y a pas de solution miracle, il faut que les uns s’adaptent aux autres et vice versa.»

Sangliers Jardin des deux-rives
Des panneaux d'avertissements ont été installés sur les grilles du jardin. © David Levêque

Du côté de la mairie de Strasbourg, les services déclarent être au courant de la situation et recenser tous les signalements. Gestionnaire du massif forestier de Strasbourg-Neuhof Illkirch-Graffenstaden, classée réserve naturelle nationale, la ville indique que « des mesures de régulations de la population [des sangliers] sont en cours sur la partie boisée.»

La chasse étant interdite dans une réserve naturelle, des battues administratives peuvent être organisées par les autorités. Marc Hoffsess, adjoint à la maire de Strasbourg, déclarait ainsi à nos confrères des DNA en décembre dernier : « le tir de sangliers reste un mal nécessaire. Les autres pistes, comme la stérilisation, ne donnant pas de résultats avérés.»

Au jardin des Deux-Rives, David Levêque constate l’installation récente de panneaux avertissant les promeneurs de la présence de sangliers dans le parc. Si la ville nous indique sans plus de précision que : diverses options sont en cours d’examen pour déterminer la meilleure stratégie à mettre en œuvre afin d’intervenir lors de la divagation de sangliers en ville”, le jeune homme déplore, quant à lui, que les grilles au fond du parc restent ouvertes. “Pour les sangliers, c’est encore plus facile de passer de la forêt au parc, il n’y a aucun obstacle.” Il s’inquiète qu’un jour quelqu’un puisse être blessé.

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Commentaires (4)

  1. Incroyable mais vrai ! Et c’est un juste retour des choses
    Quand j’étais jeune dans les années 60 peut-être même 70, il y avait la forêt du Neuhof à cet endroit donc le domaine de la faune sauvage ! Nous nous promenions chez eux et maintenant c’est l’inverse, ils se promènent chez nous.

  2. On leur a tout pris oui !
    Comme partout…que du béton…Mais non ils sont chez eux.
    Dommage que l’être humain ne comprend pas ça et ne comprendra jamais.

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