Depuis plusieurs mois, des soupçons de faits de violences au sein du centre LGBTQI+ la Station circulent sur les réseaux sociaux. L’association vient d’annoncer sa fermeture temporaire et qu’une enquête interne allait être menée. Le conseil d’administration invite les potentielles victimes ou témoins à contacter la structure via une adresse mail dédiée.
En février dernier, la jeune association locale “Ouvrons les Guillemets”, engagée contre les violences sexuelles publiait un appel à témoignages concernant des faits de violences physiques, psychologiques et/ou sexuelles de la part d’une personne membre ou d’une ancienne personne membre de la Station.
Le centre LGBTQI+ indique avoir été informé de ces faits au même moment et que ses membres avaient alors pris contact avec la structure en question. “Pour le moment, cette association a choisi de ne pas collaborer avec nous. Ce qu’on peut entendre, parce que ça peut-être difficile de parler avec des gens qui gèrent le lieu où ces faits se sont passés. Nous, on sera toujours ouverts, si elle décide de travailler avec nous sur cette affaire mais sinon nous avancerons aussi en interne.” maintient Garance Coquart-Pocztar, présidente de la Station.
Suite à ces accusations, certains partenaires et structures ont décidé de cesser leur collaboration avec la Station, comme l’association Juin’69.
Une enquête interne accompagnée par l’agence Egaé
La Station vient finalement d’annoncer qu’une enquête interne allait être menée suite à des témoignages d’usager.e.s relatant des faits de violences qui auraient eu lieu au sein des locaux. Pendant toute la durée de l’enquête, l’accueil au grand public restera fermé. Mais la présidente précise que les pôles d’activités comme le pôle de sensibilisation avec les interventions en milieu scolaire ou encore le pôle juridique qui accompagne les demandeurs d’asile restent eux ouverts. Les rendez-vous mensuels comme le café 45+, le café Aro/Ace ou encore le café de la Nouvelle Lune sont également maintenus.
Pour mener à bien cette enquête, le conseil d’administration a choisi de se faire accompagner dans cette démarche par le groupe Egaé, une agence de “conseil, de formation et de communication experte de l’égalité entre les femmes et les hommes, de la lutte contre les discriminations, de la diversité et de la prévention des violences sexistes et sexuelles”.
Créée par la militante Caroline De Haas et Pauline Chabbert, l’entreprise guide les structures dans la conduite d’enquêtes internes, la mise en place de procédures et de dispositifs de signalement et de traitement des violences. “Pour nous, c’était important d’être accompagnés par une association féministe engagée et militante, puisqu’on l’est nous aussi.” précise la présidente du centre LGBTQI+.
Un appel à témoins lancé aux potentiels témoins et/ou victimes
Le comité d’administration de la Station invite toute personne qui souhaiterait témoigner en tant que victime ou témoin, de faits de violences sexistes, sexuelles ou discriminatoires qui auraient eu lieu dans les locaux ou auraient été commis par des membres ayant une responsabilité au sein de la structure, à écrire à l’adresse suivante : [email protected].
Seuls trois membres du conseil d’administration pourront accéder à la boîte mail comme le précise Garance Coquart-Pocztar : “Le conseil d’administration a voté la création d’une commission confidentielle, qui gère l’enquête et qui est composée par trois membres du conseil. C’était important pour nous que ce soit séparé, pour être le moins perméable à des conflits d’intérêt. Cette commission a accès aux mails et travaille avec Egaé.”
À ce stade, difficile de savoir combien de temps l’enquête va durer et jusqu’à quand la fermeture de l’accueil se prolongera. Mais la présidente assure que la Station prendra le temps qu’il faut pour faire la lumière sur ces potentielles violences et prendre les dispositions qui s’imposent : “On va prendre le temps de bien faire les choses. S’il était possible de rouvrir pour septembre 2023, ce serait super mais si ce n’est pas réglé d’ici là, on fera ce qu’il faut pour obtenir réparation, s’assurer que la Station soit un endroit en lequel on peut avoir confiance, se sentir bien et en sécurité.”