Il y a maintenant plusieurs années, Cyril Bour a eu la merveilleuse idée d’installer une caméra dans un nichoir installé dans le grenier de ses parents à Théding, en Moselle. Au fil des printemps, des nichoirs supplémentaires ont été installés et de nouveaux pensionnaires sont arrivés. Aujourd’hui, son site retransmet en direct le quotidien de dix nichoirs et comptabilise jusqu’à 1 200 visites par jour.
Entouré d’animaux depuis son plus jeune âge, Cyril a grandi dans la campagne mosellane. Un environnement qui fait naître une passion pour les oiseaux et leur mode de vie. “Comme ils venaient directement dans le grenier, c’était accessible. Et puis j’aime leur méthode de vie, comment ils participent à l’équilibre alimentaire, le fait qu’ils élèvent les jeunes en couple par exemple, alors que ce n’est pas forcément le cas chez les mammifères. Il a fallu que j’apprenne à les observer, à les écouter.” raconte le passionné d’oiseaux.
Dans la maison de ses parents située à Théding, un couple de faucons crécerelle a pris l’habitude de venir nicher dans le grenier depuis 1996. Pour pouvoir observer ces fidèles locataires sans les déranger, la famille a l’idée de placer une caméra dans le nichoir : “Au tout début, c’était des prises photos du nid toutes les 15 secondes en 2007 on n’avait même pas assez de débit pour passer une vidéo. Ce n’est que l’année d’après qu’on a pu mettre une vidéo, mais c’était très limité. On ne pouvait que partager à dix personnes maximum.” se souvient Cyril.
En 2017, il demande à son père de construire un nouveau nichoir, puis à un ami en 2019, pour tenter d’attirer de nouvelles espèces : “On a commencé par les mésanges. Elles ont un nichoir qui ressemble à une boite, avec une avancée, qu’on appelle un balcon. Le plus important, c’est le diamètre du trou d’envol. Selon le diamètre, on va attirer telle ou telle espèce.”
“La première année, on a eu des mésanges bleues, après des mésanges charbonnières, et après on a eu la visite de chouettes effraies, donc on a fait un nichoir pour elles aussi. C’était un pari risqué, c’est quand même deux rapaces -Ndlr. les chouettes effraies et les faucons crécerelle – avec chacun un caractère.” Cyril reconnaît d’ailleurs que quelques conflits ont lieu chaque année. Mais la plupart du temps, les faucons crécerelle mènent leur petite vie le jour, tandis que les chouettes vivent la nuit. Il est donc rare que les deux espèces se croisent.
Aujourd’hui, l’amoureux des oiseaux a quitté le nid familial pour s’installer à Ostwald. Bien qu’il habite en appartement, il ne résiste pas à la tentation d’installer son propre nichoir sur son balcon. Aussitôt installé, le nichoir connecté affiche déjà complet avec et accueille un couple de mésanges charbonnières.
10 nichoirs à suivre en direct et une ribambelle de petits oisillons à voir naître et grandir
Sur son site “Les Faucons de Théding”, on peut suivre dix nids en direct via les webcams installées à l’intérieur et à l’extérieur du nichoir : “Je n’enlève même plus les webcams à l’automne, je les laisse toute l’année en place. On voit que les oiseaux les regardent parfois, ou tapent avec leur bec dessus. Ça ne les gêne pas mais c’est amusant à voir.”
Les visiteurs peuvent suivre le quotidien des faucons crécerelle évidemment, des chouettes effraies, des mésanges bleues et de trois couples de mésanges charbonnières (un situé sur le balcon de Cyril à Ostwald, l’autre chez ses parents et le dernier chez un ami strasbourgeois qui a aussi installé un nichoir sur son rebord de fenêtre).
Il ajoute : “On avait des rouges-queues, mais qui ne viennent plus en ce moment. Et cette année, on a fait des trous sous le toit chez mes parents et là, ce sont des étourneaux sansonnets, ce sont des oiseaux très beaux qu’on peut voir début d’automne et fin d’hiver. Ceux qui font des nuages d’oiseaux comme des bancs de poissons, c’est toujours très impressionnant à regarder.”
Évidemment, le printemps c’est la saison parfaite pour observer les oiseaux pendant leur période de reproduction. Pour certaines espèces comme les faucons ou les chouettes, les petits ne s’envoleront que fin juin voire début juillet : “Il y a toujours quelque chose à voir sur le site. La nuit pour les chouettes effraies, le jour pour les autres. Mais c’est sûr qu’ils sont tous généralement plus actifs le matin et le soir”
Pour le moment, plusieurs oisillons ont déjà vu le jour et d’autres ne devraient pas tarder à montrer le bout de leurs becs. Les mésanges charbonnières d’Ostwald sont en tête de la course puisque les petits sont nés le 18 avril dernier et devraient donc s’envoler d’ici environ une semaine. Du côté de l’autre nid de mésanges charbonnières et des mésanges bleues, ça grouille de petits aussi ! Quant aux chouettes effraies, on attend les naissances devraient arriver d’ici deux semaines. Pour celles et ceux qui louperaient LE moment fatidique de l’éclosion des œufs, pas d’inquiétude, un replay est possible jusqu’à 12 heures en arrière sur chaque diffuseur YouTube.
Et le moins que l’on puisse dire, c’est que ce spectacle offert par la nature réjouit de nombreux passionnés. Sur le site, une vraie communauté s’est créée, notamment grâce au chat accessible sous chaque direct pour commenter. La plupart des visiteurs reviennent observer les oiseaux plusieurs fois par jour. Et si la plupart se connectent depuis la France, beaucoup d’Allemands semblent aussi intéressés, comme des Suisses, des Tchèques ou encore quelques Américains.
Un nichoir sur son balcon strasbourgeois pour donner un coup de pouce à la nature
Dès l’installation d’un nichoir sur son balcon à Oswald en 2020, des mésanges charbonnières ont élu domicile chez Cyril. Mieux encore, il semblerait que la femelle reste tout au long de l’année : “Elle passe toute l’année au nichoir, elle vient y dormir en hiver. C’est la petite locataire. En tout cas, celle qui est là en ce moment, c’est la même que l’année dernière, c’est sûr.”
Selon le Strasbourgeois, tout le monde peut installer son propre nichoir, même en ville : “J’encourage même tout le monde à le faire ! À la fête de Noël au bureau, j’offre souvent un nichoir. On peut trouver des nichoirs à Botanique, chacun peut essayer de le mettre sur son balcon, ou sur son rebord de fenêtre, ou même sur son lieu de travail, pour donner un petit coup de pouce à la nature.”
Pas besoin de connaître les oiseaux sur le bout des doigts pour se lancer et leur offrir un nid douillet. Et si la plupart du temps, ce sont plutôt des oiseaux communs comme les mésanges qui viendront s’installer, de belles surprises peuvent arriver comme des mésanges noires ou huppées, ou encore des moineaux : “On n’a pas toujours l’espèce qu’on vise !”
Bien sûr, quelques règles sont à respecter, comme éviter au maximum de s’en approcher, surtout pendant la période de nidification, au risque de provoquer un échec de la nichée. Pour la nourriture c’est pareil, mieux vaut laisser l’oiseau se débrouiller tout seul. Et sans surprise, le chat ne sera pas un bon allié dans cette aventure.
Derrière ce petit geste simple, c’est tout un enjeu de préservation qui se joue. En ville, on a pris l’habitude de couper un arbre dès qu’il vieillit et menace de tomber. Or, comme le rappelle Cyril, c’est à ce moment-là qu’il offre le plus de possibilités de nidification grâce aux trous qui se forment dans le tronc.
Certains oiseaux comme les rapaces (le faucon crécerelle et la chouette effraie) sont menacés. Quant aux autres, les chiffres communiqués par la LPO montrent une diminution constante du nombre d’espèces. “En les montrant à travers les caméras, les gens apprennent à les connaître et voient à quel point ils sont fragiles. Quand on aime quelque chose, on le protège.” précise Cyril.
Pour suivre en direct les nids connectés, rendez-vous sur le site Les Faucons de Théding !
Merci Cyril et Caroline de ces photos et texte, preuve est que, près de chez soi, oiseaux, insectes et petits mammifères , tout ce petit monde existe et nous montre les merveilles de la nature et sa fragilité. Continuez à nous faire rêver!