Parce que Strasbourg regorge de sportives et de sportifs, parce que certains sports ne bénéficient pas d’une médiatisation suffisante et tout simplement parce que raconter des histoires sur le sport et ses sportives et sportifs me passionne, Pokaa continue sa série de portraits sur les sportives et sportifs à Strasbourg. Aujourd’hui, marchons à la découverte de Pauline Stey, championne et recordwoman de France de 3000m marche.
Posséder un record de France à 21 ans, ce n’est pas à la portée de tout le monde. C’est pourtant le cas de Pauline Stey, Alsacienne de 21 ans et étudiante en DUT Gestion des entreprises et des administrations. Son sport ? La marche athlétique, dans laquelle elle est sportive de haut niveau depuis son arrivée au Centres de ressources, d’expertise et de performance sportive (CREPS), en 2019.
Comme bien souvent, son amour de la marche lui est venu un peu par hasard. Néanmoins, même toute petite, elle avait déjà une attirance pour l’endurance : « J’ai commencé l’athlé quand j’étais en CM2. J’ai toujours bien aimé l’endurance. Une fois que j’ai commencé la marche, je me suis vite prise au jeu et j’ai rapidement progressé ». Une progression aussi vive que son allure, qui la propulse rapidement dans le Top 10 français.
Un sport technique et exigeant
Pour marcher à ce niveau, il n’y a pas de secret : il faut s’entraîner. Pour Pauline Stey, une semaine d’entraînement classique ressemble à ça : « Je m’entraîne 6 à 8 fois par semaine, avec en tout 80 à 100km par semaine de marche ou de footing ». Un programme exigeant, mais indispensable pour bien performer dans ce sport, où il faut tenir sur le long terme.
J’ai toujours aimé m’entraîner et m’améliorer ; s’avoir que ce que je fait à l’entraînement me prépare pour la compétition.
Pauline Stey apprécie également l’aspect technique de la marche. En effet, il faut bien avoir à l’esprit que ce sport ne ressemble pas à de la course. L’Alsacienne développe : « Il y a deux règles : il faut avoir un appui au sol constant et que la jambe d’attaque soit tendue lorsqu’elle attaque le sol ». Des règles très importantes puisqu’en compétition, des juges sont là pour vérifier. Et si on ne les respecte pas, cela peut donner lieu à des éliminations, venant ruiner des mois de préparation.
Deux gros résultats coup sur coup avec une préparation réussie
Une prépa que Pauline Stey n’a pas manquée. Revenant d’une saison blanche marquée par les blessures, l’Alsacienne avait un objectif en tête : les Championnats de France de 20km marche, « la plus grande échéance, l’échéance olympique, ce pour quoi on se prépare toute l’année ». Et pour parfaire sa préparation, elle a rajouté les Championnats de France en salle sur 3 000m, pour travailler sa vitesse.
Et les résultats ont suivi. En arrivant, l’Alsacienne cherchait la gagne, mais aussi le record de France espoirs, parce qu’elle avait de bonnes sensations aux entraînements. Finalement, après être partie très vite dans les pas de sa concurrente directe, elle ne s’est plus arrêtée et a franchi la ligne en 12 min 26 sec 45 cent, record de France sénior explosé de plus de 4 minutes ! À l’arrivée Pauline Stey était forcément sur son petit nuage.
On sait ce qui est possible à la fin et on déconnecte le cerveau.
Cependant, elle doit très vite enchaîner sur son vrai objectif du 20km aux Championnats de France séniors : « Je pars très rapidement après en stage intensif avec l’équipe de France au Portugal, donc finalement, il n’y a pas eu d’euphorie ».
Et même si elle se sentait en forme, son dernier 20km remontait à juillet 2021 ; donc l’Alsacienne s’élançait dans l’inconnu : « Il fallait que je reprenne des repères et surtout du plaisir. Je voulais revoir aussi où je me situais niveau chrono ».
Le début de course a donc été pensé de façon à finir en bon état. Cela n’a pas été simple, notamment parce que l’Alsacienne s’est retrouvée seule pendant la course, mais les bonnes sensations l’ont maintenue à flot : « Il fallait être prête physiquement, mentalement, avoir confiance en soi pour tenir ». Finalement, elle termine 3e, en 1 h 32 min 24 sec, record battu de plus de deux minutes. Et surtout, Pauline Stey l’affirme : « J’ai encore une grande marge de progression ».
Une sportive ambitieuse, avec les yeux tournés vers les Jeux
Une marge de progression qui ne sera pas de trop pour les prochaines échéances qui attendent l’Alsacienne. D’abord, la coupe d’Europe par équipe le 21 mai prochain en République Tchèque, puis les championnats d’Europe espoirs à Espoo en Finlande. Mais dans sa ligne de mire : les championnats du monde séniors fin août à Budapest.
Si les minimas – le temps minimum demandé pour se qualifier, ndlr – à 1h29’20 semblent difficilement atteignables, une possibilité de se qualifier au ranking – faire partie des 30 premières mondiales, ndlr – existe également. Pauline Stey y croit donc dur comme fer : « Cela dépendra de plusieurs facteurs, donc je ne me prends pas trop la tête. Surtout qu’au début de saison, avec mon coach, on y pensait pas du tout. Mais après les championnats, si on fait des bons chronos sur 20km, y a moyen ».
Et bien entendu, dans un coin de sa tête existe l’objectif de se qualifier pour les Jeux de Paris 2024, « le graal pour toutes sportives ». Même si les minimas l’ont « un peu refroidie », Pauline Stey garde confiance en elle. Et surtout, elle a conscience que ce n’est que le début : « Là, je veux surtout construire pour l’instant. La prépa aux Jeux, elle commence dès maintenant ».
Photo de couverture : © Alanis Duc – Document remis