« Ça fait quand même un sacré budget » : la Ville retire 44 000 € de subvention à la SPA de Strasbourg

Sur les dix dernières années, ce sera la première fois que la SPA de Strasbourg ne perçoit pas de subvention annuelle de la part de la Mairie de Strasbourg. En décembre dernier, cette dernière a annoncé à l’association qu’elle ne verserait pas les 44 000 euros habituellement alloués au budget de fonctionnement du refuge.

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Une surprise pour la présidente du refuge Marie Amalfitano, qui explique avoir reçu le courrier juste avant Noël et n’avoir réussi à joindre personne à la Ville après avoir appris la nouvelle. Elle indique que cette l’année, la SPA de Strasbourg avait formulé à la mairie une demande de 100 000 euros : “Il y a eu le Covid et la fermeture du dispensaire, donc ça fait deux ans qu’on prend en charge de façon très conséquente les besoins des personnes qui sont à la rue ou qui n’ont pas de moyens. Ça fait quand même un sacré budget. Donc j’avais demandé 50 000 euros pour le refuge et 50 000 euros pour les frais engagés sur deux ans comme la prise en charge vétérinaire etc.”

Des tensions internes, des cas de morsures et un manque de formation selon la Ville

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Pour justifier sa décision, la Ville précise dans un courrier que “le fonctionnement interne de l’association pose problème et engage indirectement la responsabilité de la municipalité à plusieurs titres.” Elle explique également avoir établi une liste de nombreux points à améliorer en janvier 2021. Puis avoir demandé un audit dont les recommandations n’auraient pas été suivies, hormis pour la création d’un poste de direction.

“J’ai été élue le 5 décembre 2020 et le 15 décembre, j’ai été convoquée par les services de l’Eurométropole et on m’a dit “Il y a tout ça à faire”. explique Marie Amalfitano, “Quand j’ai repris, c’était vraiment catastrophique, c’était vraiment la foire. Il y a des points auxquels j’ai adhéré tout de suite, comme engager une direction et faire un audit. On a mis beaucoup beaucoup de process en place, puis on a fait un audit. Et non l’inverse, ce n’est pas l’audit qui nous a demandé de mettre une direction en place, c’était déjà indiqué.”

La municipalité pointe notamment des “tensions internes graves” qui auraient un impact sur le fonctionnement du refuge. À cela, la présidente de la SPA de Strasbourg répond : “La première année où on a été voté, dans le conseil d’administration, il y avait effectivement des tensions, mais qui ne sont plus du tout d’actualité. On a essayé de s’entendre et ça se passe très bien.” 

Toujours selon la Ville, les salariés et les bénévoles du refuge manqueraient de formation. Pour Marie Amalfitano, ce reproche n’est plus valable non plus : “C’est effectivement ce qu’il n’y avait pas avant, mais depuis que la directrice a pris son poste en août 2021, ça n’a plus rien à voir. Elle s’est emparée rapidement du sujet.”

Elle assure que les bénévoles sont formés gratuitement sur divers sujets : “comment mettre un harnais ou une muselière par exemple”, qu’une réunion est fixée chaque mois avec eux pour qu’ils expriment leurs idées et leurs doléances. Mais aussi que le refuge fait régulièrement appel à des comportementalistes en cas de besoin.

Plusieurs cas de morsures auraient également été rapportés. Mais une fois encore, la SPA de Strasbourg se défend, en précisant que le nombre de cas de morsures n’a pas spécialement augmenté ces dernières années. D’après le registre tenu par l’association, le nombre de morsures de chiens était de 17 en 2021 et 14 en 2022 : “On a répondu à ces plaintes en démontrant que tout avait été fait de notre côté, mais que les adoptants et les bénévoles n’ont pas suivi nos consignes. Aucune personne n’a perdu une main contrairement à ce qui a été raconté, on peut l’attester.” ajoute la présidente du refuge.

Une pétition lancée et une médiation qui débute le 23 février

Si Marie Amalfitano estime que l’immense majorité des points relevés par la Ville et l’adjointe en charge des animaux en ville Marie-Françoise Hamard sont caducs : “Ce qui nous est reproché est faux, les points pour lesquels on devait se mettre en conformité ont été traités ! Elle [ndlr.M-F Hamard] parle de choses qui n’existent plus car elle n’est plus venue ici depuis plus d’un an. Quand on l’écoute, ce refuge, c’est vraiment le lieu de tous les dangers.” Elle reconnaît toutefois que deux points restent à résoudre.  

Le premier concerne un transfert de charge d’assurance et de responsabilité pour l’ensemble de la structure du refuge et de la fourrière : “Ça, ça demande une convention commune avec la fourrière et pour l’instant, la SACPA  ne réagit pas à nos demandes et on ne peut pas le faire sans eux.” Le second se rapporte à l’expulsion d’une personne habitant depuis trois ans au-dessus de la SPA : “Cette personne a été mise en place par l’ancien conseil d’administration et c’est une longue affaire, qui sera jugée en juin.” 

Depuis que la décision est tombée, certains bénévoles du refuge ont pris l’initiative d’adresser un courrier à la municipalité et même lancé une pétition en ligne, qui réunit aujourd’hui presque 20 000 signatures, pour demander à la Mairie de Strasbourg de revenir sur sa position.

Hautement polémique, le sujet devait d’ailleurs être abordé lors du dernier conseil municipal le 30 janvier dernier. Mais l’opposition ayant finalement quitté l’hémicycle avant la fin de la séance pour “non-respect du règlement intérieur”, la situation de la SPA de Strasbourg n’a pas pu être évoquée, comme bien d’autres sujets. En attendant, une médiation est sur le point de débuter ce jeudi 23 février.

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