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Mystères d’Alsace : le schnaps aide t-il vraiment à mieux digérer ?

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Julius Pepperwood rentre dans son bureau, encore baigné de la lumière de la fin de journée strasbourgeoise. Il se cale confortablement dans son fauteuil, et repense à ses nombreux repas de famille effectués durant les fêtes.  Dans ces moments se dévoilent de nombreuses croyances, pas forcément vérifiées par l’épreuve des faits. Une a néanmoins retenu son attention : boire de l’alcool fort à la fin du repas aiderait à mieux digérer. Pour débuter son enquête, il troque son habituel verre de whisky contre un verre de schnaps directement pris de la cave de son grand-père. L’occasion de revenir sur cet alcool, à la fabrication alambiquée.

Le Schnaps et l’Alsace, tout une histoire d’amour. Cet alcool à base de fruits – la cerise, la prune, la quetsche ou encore la mirabelle – est une véritable tradition dans notre région. On ne compte plus les repas de famille alsaciens où l’on a pu entendre : « un petit digeo ? » à la fin du repas.

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Après tout, c’est dans le nom : un digestif ne peut qu’aider à mieux digérer. Et, pour toutes celles et ceux qui auraient déjà testé, une bouteille de schnaps retrouvée dans sa cave vingt ans après sa fabrication, concasse façon puzzle tout aliment présent dans nos intestins, et même l’estomac qui va avec. Mais est-ce que cette croyance est vraiment vérifiée ?

alcool fort
© Bastien Pietronave / Pokaa

Le schnaps, ou "l'esprit de l'Alsace en bouteille"

Avant de répondre à la question, intéressons nous à l’histoire du schnaps, « l’esprit de l’Alsace mis en bouteille » comme défini si lyriquement par l’Association des Jardins et Vergers de l’Outre-Forêt. Etymologiquement, rien de très compliqué : schnaps vient de l’allemand, et signifie eau-de-vie. Désormais, il peut signifier également la « goutte », ou encore la « gnôle ».

Il faut savoir que l’Alsace – et la Lorraine également – est la région en Europe où l’on produit la plus grande variété d’eaux‑de‑vie de fruits. Une histoire faite de traditions et de folklore, qui débute avec le « vin brûlé » de Colmar, ou Brandwinn dans la langue d’Arsène Wenger.

Au commencement, soit au 16ème et 17ème siècles, on distillait en effet du vin dans les alambics. Petit à petit néanmoins, ces derniers se démocratisent et le vin n’est plus le seul à être distillé. En effet, à la fin du 17ème et début du 18ème, on commence à distiller… la kirsch, cette cerise noire à gros noyau et très sucrée, dont vous avez sans doute déjà goûté une eau-de-vie.

Plus tard, d’autres fruits viendront compléter l’offre : quetsches, prunes, mirabelles, myrtilles et même framboises. Et plus récemment encore, les distillateurs rivalisent d’ingéniosité pour produire des eaux-de-vie issues de leurs matières premières : sureau, alisier, baies de houx, églantines, racines de gentiane et même bourgeons de sapin… tout est bon dans le schnaps.

Néanmoins, depuis quelques dizaines d’années, la tradition de distillation du schnaps à l’alsacienne s’étiole. Non pas à cause de la diminution de la consommation d’alcool, mais parce que les consommations ont évolué : désormais, c’est davantage le gin, le rhum, la vodka, la téquila ou encore le whisky qui ont la cote. Laissant de côté les eaux-de-vies fruitées, qui prennent la poussière dans les caves alsaciennes. Alors qu’elles regorgent de saveurs, à savourer tempérées, et non pas glacées.

schnaps
© Bastien Pietronave/Pokaa

Boire un digestif à la fin du repas aide-t-il vraiment à mieux digérer ?

Mais est-ce que ce verre de schnaps pris en fin de repas aide réellement à digérer ? Il semblerait que la réponse soit non. Que ce soit sur Futura Sciences, Slate ou encore la rubrique de fact-checking de Libération Check News, tout concorde à dire qu’ingurgiter un verre de schnaps, ou autre digestif, n’aiderait pas la digestion. Ce serait même tout le contraire.

Une étude scientifique a d’ailleurs été publiée sur le sujet en 2010. Intitulée « Effet sur la fonction gastrique et les symptômes de la consommation de vin, thé noir ou schnaps avec une fondue de fromage : un essai croisé », elle s’intéresse à la digestion d’une fondue savoyarde, selon que l’on boit de l’alcool ou non.

Résultat ? Celles et ceux qui ont bu trois verres de vin blanc ou un verre de schnaps pour finir ont pris près de 9h à digérer, contre 6h pour celles et ceux qui seraient resté(e)s à l’eau et même 3h si on rajoutait du thé noir au mélange. À garder en tête pour la prochaine raclette.

chartreuse alcool
© Bastien Pietronave / Pokaa

La raison principale ? L’alcool reste extrêmement calorique ; ainsi, boire un verre d’alcool augmente mécaniquement le nombre de calories à absorber. En plus, l’alcool bloque la sécrétion de gastrine, une enzyme qui permet de digérer, en sécrétant des sucs gastriques, transformant nos aliments en nutriments, pour assurer un passage sans encombre dans nos intestins.

Forcément, s’il n’y en a pas, pas besoin de vous faire un dessin : l’estomac ne bouge plus et on peut attendre pour la digestion. Dernière joyeuseté : l’alcool est directement absorbé et envoyé vers le foie, ce qui augmente le travail de ce dernier, déjà épuisé par le énième rab’ de choucroute de papi/mamie.

Mais finalement, pourquoi est-ce que cette croyance perdure ? Il y a une raison à cela : parmi ses nombreux effets négatifs pour notre estomac et nos intestins, l’alcool possède tout de même la capacité à distendre l’estomac. En d’autres mots : créer de la place là où il n’y en avait précédemment plus. Donc quand on boit un petit digestif après un gros repas, on ressent immédiatement un sentiment de légèreté… qui s’en va bien rapidement, laissant sa place à un estomac plus lourd que jamais.

Julius Pepperwood repose son dossier, l’air satisfait. Un nouvel contre-argument à mettre dans sa besace pour le prochain repas de famille. Fatigué, mais repus, il se laisse aller dans son fauteuil, faisant tourner son schnaps dans son petit verre. Des siècles d’histoire à déguster. Et une histoire de la boisson qu’il faudra peut-être un jour raconter…

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Commentaires (3)

  1. Ce n’est pas pour rien que la tradition du « trou normand » participe aux repas gargantuesques (souvenir de la scène entre Gabin et de Funès dans un film dont le titre m’échappe). Les schnaps fruités a 12/15°c. Ceux de « derrière les fagots » très frais sinon imbuvable. Et si la production baisse, c’est aussi en raison de la perte des droits de distillation, par la disparition de nos aînés (classe 1910/1920).

  2. Point trop d’accord : ce n’est pas le schnaps qui aide à digérer, mais le canard (= un sucre trempée ds une eau de vie). Moi qui suis hyper sensible, je peux vous dire que ce mélange (à très faible dose) dilue toutes les graisses. Indispensable !

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