Avec la crise du Covid-19, “le trafic aérien a été réduit de moitié en 2021 par rapport à 2019”, selon l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI). Une baisse significative qui nous a poussés à vous demander, via notre compte Instagram, si vous aviez changé votre manière de voyager ces dernières années. Conscience écologique, restrictions liées à la pandémie, envie de prendre le temps ou changement de votre vision du voyage… Quelques Strasbourgeois et Strasbourgeoises nous ont raconté pourquoi et comment leurs habitudes ont évolué.
Le déclic, Adrien l’a eu lors d’un voyage en Australie il y a dix ans : “J’ai rencontré un Belge qui ne faisait que du stop et de la marche et je me suis dit “Pourquoi pas moi ?””, se souvient le maître d’hôtel de 31 ans. Il se met alors à partir presque exclusivement… à vélo. “C’est un autre rapport au voyage. Quand il pleut, je sens la pluie, je ressens vraiment le voyage alors qu’en voiture, j’y étais extérieur”, explique-t-il.
Grand cycliste et compétiteur dans l’âme, Adrien part de chez lui à bicyclette et ne prévoit pas forcément d’itinéraire. Parmi ses destinations récentes, Amsterdam, Dijon, Deauville ou encore Milan. “Ce que j’aime, c’est le temps que ça prend”, insiste-t-il. Aller de Strasbourg à Colmar n’est plus un simple trajet, ça devient une “aventure”.
Quant à Louis, c’est le train qui l’a convaincu. Pas tant par conviction au début que par hasard : “Pendant le Covid, je devais partir en Asie, mais avec les restrictions je suis finalement resté en Europe et j’ai tout fait en train“. Ce sont pas moins de 17 pays que le jeune homme de 26 ans a finalement visités. “Ça a changé ma manière de voyager”, confie le jeune homme.
Depuis, plus question de prendre l’avion, même pour aller voir son frère qui habite en Suède. “Ça va de pair avec mes convictions écologiques, mais c’est un gros changement“, poursuit Louis. Car avant 2020, il utilisait “régulièrement” l’avion pour se déplacer.
Louis n’est pas dérangé non plus par le temps supplémentaire qu’implique un déplacement en train, d’autant plus que finalement “ça ne change pas grand chose”. Les gares sont situées en pleines villes, contrairement aux aéroports où “il faut soit prendre des sortes de RER, soit y aller en voiture et le parking est souvent cher”. Et selon lui, le train, on y travaille mieux. Car dans l’avion, pas de wifi et souvent peu de place pour poser son ordinateur.
Prises de conscience écologique
Tout autre récit chez Nicolas : “J’ai calculé mon empreinte carbone en ligne, et j’ai eu une prise de conscience énorme ». Le jeune papa de 34 ans réduit depuis 2018 ses trajets en avions, car pour respecter les accords de Paris, “il est temps de s’y mettre ». Train de préférence, voiture s’il n’y a pas le choix. “Même si on m’offrait un voyage à Dubaï, je n’irais pas alors que je rêve d’y admirer l’architecture », avoue-t-il.
Quant à Julie, c’est à l’occasion de ses randonnées qu’elle mesure l’importance de l’écologie. “Lorsque tu marches dans la montagne, la pollution et le réchauffement climatique, tu les vois », explique-t-elle. Ce qui lui a donné envie de faire plus. Cet été, pour aller jusque dans les Alpes, ce sera transports en commun.
Et cet engouement pour la marche et le train, elle l’observe en ligne sur son compte Instagram dédié à la randonnée, qui voit son nombre de followers augmenter chaque jour. Un intérêt expliqué selon elle par “les prix de l’essence qui deviennent fous et nos étés de plus en plus chauds ».
Mais pour Julie, changer de mode de vie pour avoir l’empreinte carbone la plus basse possible est un choix qui peut tout chambouler. “J’avoue que c’est compliqué quand tu perds du confort, il faut modifier tes habitudes et il faut avoir le temps d’y penser », poursuit-elle. Avec un emploi à 35 voire 40 heures par semaine, “quand tu rentres et que t’es au bout de ta vie, ce n’est pas entendable de se faire marteler avec ta non-conscience écologique ».
“Avoir le choix est un privilège”
Dans la famille étendue de Nicolas, il est l’un des rares à avoir déjà pris l’avion. “C’est un truc de classe, ils n’ont pas les moyens », explique-t-il. Alors privilégier le train ne leur est pas accessible, non plus.
En effet, pour les voyages longue distance, les prix du train sont souvent moins avantageux que les voyages aériens low-cost. Par exemple, sur les comparateurs en ligne, un aller-retour Strasbourg / Barcelone, pour un adulte sans carte de réduction et entre le 12 et le 18 septembre (donc du lundi au dimanche), revient à 110 euros en avion… contre plus de 223 en train !
À condition, en plus, d’y passer presque 24 heures, quand le vol Strasbourg / Barcelone ne prend quant à lui que deux heures, d’aéroport à aéroport…
Quant à la voiture, ce même trajet revient à environ 400 euros : un peu plus de 200 euros d’essence et le reste de péages. Une sacrée somme, pour 10 heures de route aller-simple.
Privilégier le train est donc une contrainte financière, mais aussi une contrainte de temps évidente. “Cet été, on veut se dépayser avec mon copain, donc on va au Portugal en avion », explique Julie. Non seulement car la solution est “quatre fois moins chère”, mais aussi parce que, sur une semaine de congés payés, deux jours dans les transports ça peut faire beaucoup. “Ce sera la deuxième fois de ma vie que je prends l’avion », avoue la jeune femme.
Avec 70% des gaz à effet de serre émis par 100 grands groupes, difficile aussi de se restreindre lorsqu’on a l’impression de n’être qu’une goutte dans un océan. “Au niveau des entreprises si rien n’est fait, on ne changera pas l’histoire », martèle Julie. Le compte twitter @laviondebernard, suivant les déplacements du jet de Bernard Arnault dans sa société LVMH, illustre bien à travers son succès et les commentaires liés le ras-le-bol général de nombreux citoyens engagés.
Laurence Georges
“C’est lors d’un long voyage en train que Louis découvre ce moyen de transport”
Découvrir le train à 25 ans. Je suis mort de rire ! ^^
Louis ne prenait que l’avion et la voiture avant ? Gosse de riche…