Aliénor et Gabriel ont lancé le podcast “Gueule de Bois”, un projet participatif qui invite les Strasbourgeoises et les Strasbourgeois à débattre autour d’un verre en soirée. Pour la saison 2, le duo organise des sessions d’enregistrement au bar la Solidarité, au cours desquelles les deux jeunes créateurs font la part belle à la politique de comptoir.
Elle est collaboratrice parlementaire et il est chargé de mission dans une entreprise de rénovation énergétique, mais ils ont décidé de se lancer dans l’univers du podcast. Depuis maintenant un an, ils tendent le micro à des Strasbourgeoises et des Strasbourgeois, pour leur redonner le goût du débat ainsi qu’à celles et ceux qui les écoutent.
Le podcast se transforme au fil des saisons et des actualités. Après une première saison axée sur des thèmes de société avec un(e) expert(e) en invité(e) tels que le porno féministe, le véganisme, ou encore les inégalités dans le sport, les créateurs ont proposé une saison spéciale à l’occasion des fêtes de fin d’année.
Et pour cette deuxième saison, dans un contexte rythmé par les élections présidentielles, c’est dans un bar qu’ils donnent rendez-vous, pour “parler de politique autrement”. Entre les pintes de bière et les fumées de cigarettes et se faufilant de table en table, Aliénor et Gabriel étaient à la Solidarité pour la deuxième fois, au lendemain des résultats du 1er tour.
“Aborder des sujets sérieux, mais sur un ton qu’on peut avoir entre potes”
Comme son nom le suggère, le principe de Gueule de Bois, c’est d’infiltrer les soirées pour glisser sur la table des sujets de société qui sont parfois soigneusement évités ou jugés trop sérieux. “On prend le coup d’une vraie soirée en bar, pour aborder des sujets sérieux, mais sur un ton qu’on peut avoir entre potes.” explique Aliénor. “C’est chill, on ne se prend pas la tête. L’idée, ce n’est pas de faire un cours magistral, ou un livre de sociologie, ça reste des potes qui discutent entre eux. Nous, on essaie de créer une porte d’entrée sur les sujets.” complète Gabriel. Pour éviter un effet “interview” l’équipe n’impose pas une liste de questions toutes prêtes et laisse libre cours à la spontanéité. Le micro tourne et se déplace au gré des prises de paroles.
Pour cette deuxième saison, les créateurs du podcast participatif sont partis du principe que l’on ne tend pas suffisamment le micro aux citoyennes et aux citoyens. Les deux acolytes qui se sont rencontrés à Sciences Po reconnaissent : “Tous les deux, on est très politisés et en tant que personne engagée, même nous on ne savait pas quoi faire, ni pour qui voter, donc on ne devait pas être les seuls ! Bien sûr, on a notre opinion, on ne s’en cache pas. Mais on a à cœur d’ouvrir la parole à tout le monde.” Ce lundi soir, au lendemain du 1er tour des élections présidentielles 2022, les questions concernent évidemment le ressenti des personnes interrogées vis-à-vis des résultats. Et l’intervention du duo à chaque table se conclut par un petit jeu qui reprend les codes du fameux Burger Quiz.
Aliénor et Guillaume ont été accueillis avec enthousiasme à la Solidarité, notamment par Nicolas, le gérant, visiblement convaincu par le projet. Mais si ces deux premières éditions ont été un succès, le duo envisage à l’avenir de se déplacer dans d’autres bars locaux pour toucher d’autres publics, ou même dans d’autres villes ou villages autour de Strasbourg. La saison deux devrait d’ailleurs se poursuivre jusqu’aux élections législatives prévues en juin prochain.
Pour que le débat se poursuive au-delà du podcast
Mais alors que peut-on retirer d’un groupe de potes qui s’embrouille ou qui nous partage ses opinions ? Et bien pas mal de choses en fait. “Déjà, le fait de ne pas se sentir seul quand on partage une opinion. Les retours qu’on a, c’est “Ça m’a fait du bien de voir que je ne suis pas le seul à me sentir désorienté pour ces élections. »” pointe Aliénor. Mais Gueule de Bois, c’est peut-être aussi l’occasion de bousculer un peu ses certitudes sur un sujet : “Certains pourront changer de regard, s’ouvrir à des sujets qui ne sont pas forcément les leurs.” ajoute Gabriel. Mais les auditeurs doivent aussi s’attendre à rire ou à répondre à leur téléphone ou à leurs écouteurs en écoutant les arguments des uns et des autres. Attention, on s’y prend vite !
Et si le débat se prolonge au-delà du podcast, une fois le micro éteint, le pari est remporté pour les deux créateurs. “Ce qui nous plaît, c’est qu’on voit que quand on part, les gens continuent à en parler. Et finalement, c’est ça l’objectif, pouvoir débattre et produire une réflexion qui va se prolonger ensuite sans nous. On veut que les gens entrent en débat avec eux-mêmes et les gens autour d’eux.” indique Aliénor. Les deux amis avouent même être à l’origine de quelques disputes de couple d’après les retours de certains auditeurs.