Pendant près de trois mois, la place du Temple Neuf accueillera de grands bancs circulaires installés à proximité de l’église. Les Strasbourgeoises et les Strasbourgeois perdront donc quelques places de parking, au profit de ce projet éphémère imaginé par le cabinet d’architectes “Les nouveaux voisins”. Si cette expérimentation éphémère s’avère concluante, la Ville pourrait envisager de rendre cette occupation permanente.
Cette année, pas moins de 18 projets éphémères prendront forme à Strasbourg et le réaménagement de la place du Temple Neuf en fait partie. Dès le 1er juin et jusqu’à fin août, de vastes bancs inclinés avec des buttes végétalisées derrière chaque dossier, seront installés sur la place qui sert habituellement de parking. Imaginés par le cabinet d’architectes “Les Nouveaux Voisins”, ces aménagements doivent permettre d’apprécier le panorama et l’église à leur juste valeur, tout en profitant d’un agréable coin ombragé.
Sur le reste de la place, des arceaux à vélo seront posés, ainsi que des arbres en pot et de la végétation qui pourront facilement être déplacés. Au total, le projet représente un coût de 17 940 euros, sans compter la programmation événementielle.
35 places de stationnement en moins
Pour que ce projet puisse exister, 35 places de stationnement seront supprimées pendant trois mois. Une nouvelle, qui ne semble pas ravir certains commerçants installés autour de la place ou à proximité. Marie Laurence Forrer est responsable de la boutique de bijoux et d’accessoires Mallory. Installée depuis 1978 sur la place du Temple Neuf, elle redoute que la disparition de ces places de parking n’impacte les commerces autour et regrette de ne pas avoir été consultée : “J’ai toujours connu ce parking, avec celui du Marché Neuf, ce sont des parkings qui ne dérangent absolument personne, qui sont pleins, ils servent à énormément de personnes qui viennent faire leurs achats en ville. Je ne sais pas pourquoi on veut le supprimer, c’est vraiment indispensable au quartier et ça dessert évidemment tous les commerces du quartier.”
D’après la commerçante, dont la boutique donne sur le parking du Temple Neuf, les places de stationnement trouvent preneurs tout au long de la journée et servent aussi bien aux artisans le matin qui y garent leur camionnette pour venir faire des travaux, qu’aux patients des médecins, dentistes ou psychologues qui ont leur cabinet à proximité, ou encore habitants d’autres ville qui viennent faire leurs achats le week-end. Quant au projet en lui-même, là encore, Marie Laurence Forrer n’est pas convaincue : “On veut remplacer le parking par des immenses bancs circulaires sur lesquels les gens pourront s’allonger pour admirer les immeubles. Ces immeubles ne sont pas affreux, mais ils ne sont pas extraordinaires non plus. Et on peut les regarder en une minute, le Temple Neuf n’est pas la cathédrale…”
Pour pallier à la disparition de ces places de parking, la Ville a passé 12 places en tarif zone bleu, situées dans les rues proximité de la place “C’est une première sur la Grande Île !” se félicite Joël Steffen, adjoint en charge du commerce. Des disques bleus sont donc distribués aux commerçants afin que leurs clients puissent se stationner le temps de faire leurs achats. Mais en passant de 35 à 12, le nombre de places disponibles sera tout de même réduit. Une décision que la municipalité assume totalement. “C’était déjà une volonté de la municipalité précédente et de celle-ci que de réduire la place de la voiture. C’est un acquis à Strasbourg.” indique Syamak Agha Babei, 1er adjoint. Et d’ajouter : “Le message pour les années à venir, c’est que la ville appartient à toutes et tous et que les usages de la ville peuvent évoluer dans le temps. Quand on regarde la place de la voiture on peut se demander si tout le monde a le même droit à la ville. Le coût de la présence accrue de la voiture en ville interroge. L’espace public est un bien commun et habiter, ce n’est pas juste du logement mais aussi être dans la ville et pouvoir se poser aussi.“
© Coraline Lafon / Pokaa
Des animations programmées tout au long de l’été
Gérante du restaurant Vino Strada, Isabelle Kraemer, redoute que les commences autour en pâtissent : “Je suis plutôt très branchée écologie, mais là on pense sincèrement que c’est une façon détournée de piétonniser le secteur sans nous en informer.” Si l’établissement est parvenu à s’adapter en développant son activité en tant que marchand de vin via Internet, la chute de fréquentation du centre-ville se fait tout de même ressentir. Et pour Isabelle Kraemer, ce projet éphémère est un nouveau coup porté aux commerçants strasbourgeois, déjà bien impactés par la crise sanitaire. “Ce serait dommage qu’on ait une ville fantôme. S’il n’y a plus d’indépendant, c’est un peu dommage. La petite mamie qui va acheter son gâteau chez Christian, son fromage chez Lorho, sa charcuterie chez Porcus et qui finit avec sa bouteille chez nous, si elle ne peut pas charger facilement dans sa voiture ou qu’elle perd du temps à se garer, elle va prendre d’autres habitudes.” déplore la gérante.
Mais selon Syamak Agha Babei, cette expérimentation au contraire une chance pour les commerçants du coin, qui voudraient attirer de nouveaux clients : “Peut-être que certains auront envie de faire des soirées dégustation sur la place par exemple. Si on se mettait à le regarder de cette manière-là, ça changerait la donne.” Les commerçants vont en effet pouvoir proposer leurs propres animations à la Ville.
D’autant plus que la Ville a déjà prévu de nombreuses animations pour inciter les Strasbourgeoises et les Strasbourgeois à s’emparer de cette place. Deux grandes expositions seront mises en place : l’une sur le climat et l’autre sur les abeilles. Tous les mercredis, des rencontres et des ateliers ludiques à destination des familles seront prévus. Des “stammtisch” avec les élus seront aussi organisés les jeudis soirs autour de thématiques comme l’alimentation saine, la question européenne ou la culture. Et enfin les week-ends accueilleront des temps culturels avec une programmation tournée vers la danse, le théâtre et la musique.
Une expérimentation qui permet de se tromper ou de pérenniser un nouvel usage
Avec ce projet éphémère, le 1er adjoint reconnaît que la municipalité prend le risque de se tromper : “On ne sait pas si ça va réussir, mais on souhaite oser, expérimenter, dans le cadre de ce qui peut être aussi un droit à l’erreur.” Et si au contraire, l’opération s’avère être un succès, la Ville ne se refuse pas la possibilité de rendre cette occupation permanente. Et pour en juger, des agents de la ville se rendront sur les lieux pour interroger les habitants présents sur la place tout au long de l’été.
Et c’est grâce à cette évaluation, que l’avenir de la place du Temple Neuf sera décidé, malgré les réticences de certains : “C’était la même chose pour la piétonisation des quais, des commerçants craignaient une baisse de fréquentation et pourtant on voit le résultat aujourd’hui. Qu’il y ait des résistances, c’est normal. Nous, on est dans une démarche de dialogue et on le sera toujours.”
D’autres projets éphémères devraient encore voir le jour cette année, portés par diverses structures ou associations. Un “café végétal” sera installé fin juin place Sédar Senghor, à Hautepierre et accueillera des ateliers autour de l’environnement, de l’alimentation durable, de l’art et de l’agriculture urbaine. Et en juillet, l’Atelier du Club invitera les jeunes strasbourgeoises et strasbourgeois à participer à la réalisation d’une fresque de street art aux côtés d’artistes.
*Article soutenu mais non relu par la Ville et l’Eurométropole.
En suppriment les places de parking ,déjà peu nombreuses,on interdit la ville à toutes les personnes qui ont du mal à marcher.
Il leur sera impossible de faire leur courses notamment alimentaires car en plus de marcher il faut PORTER ses paquets.
Et plus grave il ne faudra surtout pas choisir un médecin,dentiste kinésithérapeute ou opticien installé dans la grande île.
Mais en fait c’est déjà le cas puisque la ville est inaccessible àde nombreuses personnes durant tout le mois de décembre.
Peut-être qu’une nouvelle clientèle sera attirée par ces aménagements mais il s’agira d’un “grand remplacement “……des jeunes bien portants et l’élimination des vieux et personnes à mobilité réduite.
Madame Carpentier, le tramway et l’autobus sont d’excellentes solutions pour les personnes dont vous parlez.
Votre dernier paragraphe et son allusion nauséabonde est excessif.
D’autres alternatives au stationnement existent pour cette place, les stations Homme de fer et Broglie sont situées à 250m, de plus il est toujours possible pour une personne à mobilité réduite de se faire déposer le long de la place (où je suppose que les aménagements seront PMR). Sans parler de l’offre exponentielle de solutions de livraison à domicile qui existent de nos jours pour tout le monde, y compris les personnes ayant du mal à marcher… Supprimer ou limiter l’impact de la voiture dans les centre ville est une très bonne chose, revégétaliser pour créer des îlots de fraîcheur aussi, supprimer quand c’est possible le béton et l’asphalte au sol et remplacer par des surfaces perméables, ombragées et végétalisées permettra de créer des zones où la température restera “supportable” durant les épisodes caniculaires de plus en plus longs et intenses à venir ! Partout où la voiture s’est retirée, les commerçants ont vu un impact positif sur leur chiffre d’affaire ! On est beaucoup plus enclins à rentrer dans une boutique lorsque l’on flâne à pieds le long du quai des bateliers par exemple que si on va faire ses courses en voiture avec un but précis en se garant en face du commerce visé. Usagé de cette ville depuis plus de 10 ans je vous rejoins sur la question du marché de Noël qui exproprie clairement les strasbourgeois du centre ville et qui mériterait d’être repensé (consultation citoyenne en cours il me semble); par contre concernant ce type d’aménagement je pense qu’il redonne la ville à ses habitants et que de nouveaux usages découleront de ce type d’urbanisation qu’il faudrait à mon sens développer à d’autres endroits.
Complètement d’accord avec M. Lecerf !
Je fais pourtant partie d’une génération élevée avec la voiture comme valeur “positive” mais il est hors de question pour moi de rentrer en voiture dans la grande île qui est par ailleurs parfaitement desservie par le tramway.
Ce sont les mêmes qui nous prédisaient l’apocalypse lors de la piétonnisation du quai des bateliers alors qu’à présent, c’est un des endroits les plus prisés et appréciés de la ville !
Il était plus que temps de rendre piéton la place du Temple (et celle à côté), véritable aspirateur à voitures dans un très beau coin de la ville.
Le commerçant n’a absolument plu son mon à dire, il ne peut que subir les idées géniales de planter des radis au centre ville et de favoriser les autoroutes à velos Bravo !!
Cette place était au moins encore un endroit où on pouvait garer la voiture pour faire une course tôt le samedi matin. D’ailleurs l’nstallation de cette verdure ne semble pas vraiment réussi d’après que j’ai vu.