Julius Pepperwood se trouve dans son bureau, bercé la douce lumière du mois de février. Assis dans son fauteuil, un verre de whisky à la main, il laisse son esprit vagabonder. Quand, soudain, une douce musique arrive à ses oreilles. Intrigué, il ouvre sa fenêtre, passe une tête dehors et cherche l’origine de ce mélodieux son. Il semblerait que celui-ci provienne de l’église, pas trop loin de chez lui. Prenant son imper’ et ses lunettes, il se lance alors à la recherche de l’église, qui lui réserve bien des surprises.
Strasbourg est une ville qui a attiré de nombreuses célébrités entre ses murs – et on ne parle pas que de M Pokora. Durant les 18ème et 19ème siècles, de fait de la position duale entre France et Allemagne, notre ville accueille de nombreux artistes français et allemands. On peut notamment citer Goethe, dont on retrouve une statue pas loin du palais universitaire, mais également Rouget de Lisle, l’inventeur de La Marseillaise que la Meinau chante à chaque soirée européenne. Une histoire musicale riche, dont l’un des plus grands compositeurs au monde a brièvement fait partie. Son nom ? Mozart. Wolfgang Amadeus Mozart.
Mozart à Strasbourg : symphonie d’un (petit) bide
Année 1778, mois d’octobre. L’automne a à peine démarré à Strasbourg quand un Autrichien de 22 ans débarque en calèche autour du 10 octobre, dans ce qui est aujourd’hui la place du Corbeau. Revenant d’un séjour parisien qui ne lui a pas trop plu, Mozart, puisque c’est de lui dont on parle, restera un peu plus de trois semaines dans la capitale alsacienne, avant de repartir pour Salzbourg, sa ville natale. Et il faut croire que les beautés de la ville l’ont quelque peu distrait, puisque son séjour strasbourgeois n’atteindra pas des sommets de productivité, à en croire le site All about Mozart. En effet, le compositeur de génie ne produira rien durant son séjour. Il donnera tout de même trois concerts : deux au théâtre de la place Broglie et un au poêle du Miroir.
Aujourd’hui, la venue d’une personnalité musicale à la renommée de Mozart mettrait la ville dans un état de fusion inimaginable. Pourtant, lors de ses trois concerts, le génie autrichien ne déplaça pas les foules. Pour son premier concert, il joue le 17 octobre au poêle du Miroir, lieu à la mode de l’époque. Ensuite, les 24 et 31 octobre, il joue au théâtre de la place Broglie. Les trois fois, peu de monde vint pour admirer ses talents.
Néanmoins, si le succès public ne fut pas au rendez-vous, tous les spécialistes de musique strasbourgeois s’étaient passés le mot. Et le succès critique fut inversement proportionnel. À tel point que Mozart déclarait ceci à son père peu avant son départ : « Strasbourg ne peut guère se passer de moi. Vous ne pouvez pas imaginer combien je suis estimé et aimé ici. Les gens disent que je suis désintéressé, stable et poli, et louent mes manières. Tout le monde me connaît. » Si Mozart ne terminera pas gagnant au concours de modestie, la réputation de la ville en termes d’accueil reste inégalée.
Une légende qui est restée
Malgré l’échec populaire de l’époque, le passage de Mozart est resté dans l’histoire et l’Histoire de Strasbourg. Pour s’en persuader il faut voir toutes les traces qu’il a laissées dans notre ville. Particulièrement dans deux églises : celle du Temple Neuf et celle de Saint-Thomas. En effet, Mozart écrit que, durant son séjour, il a pu « jouer en public sur les deux meilleurs orgues d’ici, de Silbermann : dans l’Église neuve et à Saint-Thomas ». Les orgues en question ont en effet été construits par les frères Silbermann, Jean-André et Jean-Daniel. Si celui du Temple Neuf, construit en 1749, a été détruit par la guerre de 1870, celui de l’église Saint-Thomas existe toujours, près de 300 ans après sa construction en 1741.
Par ailleurs, Mozart a également laissé sa trace dans le poêle du Miroir. En effet, au premier étage de cet ancien hôtel rue des Serruriers se trouve désormais celle qu’on appelle la « salle Mozart ». Cette salle, comme son ancêtre en son temps, accueille encore aujourd’hui des événements prestigieux. Enfin, si l’on se balade près de la place Kléber et que l’on lève un peu la tête près de l’Aubette, on apercevra un médaillon à son effigie sur la façade du bâtiment. Décidément, à Strasbourg, Mozart est là.
Julius Pepperwood rentre chez lui, après sa balade musicale et ensoleillée dans le Strasbourg du mois de février. Le cœur léger et la tête rempli de mélodies, qui vont de paire avec l’amélioration du temps. Et dans le vent strasbourgeois souffle encore de nombreuses mélodies. Comme si le fantôme de Mozart continuait de jouer certaines de ses compositions…