Photographier des femmes en train d’allaiter leur enfant dans l’espace public. Voilà le projet porté par deux alsaciennes, Betty et Aurélie, pour banaliser l’allaitement en public et faire face à ceux qui le fustigent.
Assises à une terrasse, dans l’herbe d’un parc ou sur un banc public, des femmes allaitent leur enfant. L’image est belle et pourtant, pour certains, elle dérange.
Ces scènes quotidiennes, d’enfants se nourrissant au sein de leur mère, Aurélie, photographe, et Betty, fondatrice de l’association Babywrap’n’roll et monitrice de portage, ont décidé de les immortaliser. Les mettre en lumière pour contrer l’obscurité des regards réprobateurs, des remarques malveillantes et des gestes parfois violents.
“C’est toujours d’actualité “
Il y a quelques mois, les deux alsaciennes ont transformé ce sentiment d’injustice et de colère qui les traversait en un doux projet : Les allaitantes de bancs publics. “Un jour, alors qu’une femme qui allaitait en public venait de se faire gifler, Betty m’a contactée. Plus tôt, une autre femme avait été “invitée” à quitter un bureau de Pôle emploi alors qu’elle allaitait son enfant. Betty m’a dit : « tu as vu ce qu’il se passe, il faut qu’on fasse quelque chose ». Alors on s’est dit qu’on allait essayer de banaliser l’allaitement en public”, explique la photographe strasbourgeoise.
Elles imaginent alors un projet photographique. Pour cela, elles donnent rendez-vous à de petits groupes de mères, pour les immortaliser en train d’allaiter. Dans la rue, dans les boutiques ou même encore dans une laverie. Une première séance a lieu à Colmar, suivie par Nancy et Strasbourg. D’autres dates sont déjà prévues à Rennes, Nantes ou encore Saint-Malo.
“En voyant ce qu’il s’est passé il y a quelques mois à Disney Land Paris, on se dit que c’est toujours d’actualité, qu’on ne fait pas ça pour rien. On veut montrer que c’est normal. Il est aussi question de l’hypersexualisation de la femme. Pour vendre tout et n’importe quoi on vous met le corps d’une femme nue mais pour allaiter son enfant c’est choquant !” , réagit Aurélie.
“Elles ont le droit d’être là”
Et parfois même, au cours des séances, les regards et les commentaires ne sont pas tendres. “À Nancy, beaucoup de gens se sont arrêtés pour poser des questions, ils étaient extrêmement bienveillants, se souvient Aurélie. À Strasbourg en revanche on a eu des regards un peu plus fermés et on nous a rapporté des commentaires de personnes qui nous regardaient. Ce qui dérangeait le plus visiblement c’est le fait que certaines femmes allaitaient des plus grands.” Car il y a également chez Aurélie et Betty, cette volonté de se libérer des carcans et des pressions en tout genre que voudrait imposer une partie de la société. “On veut aussi montrer la diversité. Faire entendre que ces mères sont là et qu’elles ont le droit d’être là. Que ce n’est pas parce que les gens pensent qu’il faut arrêter d’allaiter à six mois que c’est le cas. Les mamans peuvent allaiter plus longtemps si elles le désirent, il n’y a pas d’obligation à respecter des soi-disant normes sociales”.
Lors de ces moments partagés avec ces femmes, les deux instigatrices du projet en profitent également pour réaliser des vidéos, des interviews, en songeant à un potentiel documentaire qui pourrait être diffusé lors d’expositions. “C’est un projet qui se peaufine encore, on a des idées à chaque fois qu’on fait de nouvelles dates”, partage Aurélie, qui espère voir le projet grandir encore. “Pour l’instant on se déplace sur nos fonds propres alors on n’est pas sûre de pouvoir aller partout”, explique Aurélie. Le projet semble pourtant emporter l’adhésion des mamans : “Pour la séance de Strasbourg on était complet en quelques heures, alors on y reviendra forcément”.
Bonjour,
Je suis ravie de voir les photos et vos idées.
Je suis maman allaitantes depuis bientôt trois ans et enceinte. Je suis très contente de pouvoir allaité c’est un vrai cadeau. J’espère que les mentalités vont changer
Bravo pour ce projet magnifique ! Il n’y a rien de plus beau que cette relation intime entre maman et bébé ! Que les jaloux ou les tordus regardent ailleurs !