Ils et elles sont Strasbourgeois et Strasbourgeoises mais ont mis les voiles loin de leur terre d’origine. Désormais installés dans un pays étranger, ils nous racontent leur vie d’expatriés, en temps de crise sanitaire. Parmi eux, Alexia, vit la crise sanitaire à plus de 18 000 km de l’Alsace, en Nouvelle-Zélande.
À de nombreuses reprises, la Nouvelle-Zélande a été érigée en bon élève dans la gestion de la crise sanitaire. Alexia est arrivée sur l’archipel en janvier 2020, avec son conjoint néo-zélandais rencontré au Canada.
En plein voyage sur l’île Sud au mois de mars, le couple a dû précipitamment se plier au confinement annoncé au mois de mars. “On avait trois jours pour se confiner. On s’est dépêchés de rentrer sur l’île Nord, chez les parents de mon copain, pour être en sécurité quelque part. Ça a été un peu speed, le confinement a été un choc pour tout le monde, notamment pour les voyageurs en vans qui sont nombreux ici. Il n’y avait que les supermarchés et pharmacies d’ouvertes au début“, se souvient la Strasbourgeoise. Un confinement qu’Alexia décrit comme “radical” mais qu’elle a plutôt approuvé : “Je les ai trouvés très réactifs. Ici c’est une île donc c’est facile de fermer les frontières. Les personnes venant de l’extérieur étaient placées en quarantaine dans des hôtels surveillés. Je pense que la situation économique et géographique leur a permis d’être de bons élèves. De plus, ils sont moins de 5 millions. “
Un système clair
Concrètement, dès le mois de mars 2020, la Nouvelle-Zélande met en place un système d’alerte à quatre niveaux, sur lequel le pays se basera tout au long de la lutte contre l’épidémie. À chaque niveau d’alerte correspondent des restrictions et mesures à appliquer.
“C’est très efficace et surtout c’est un système clair. Ce n’est pas comme en France où ça change tout le temps en fonction des indicateurs, commente Alexia. C’est vraiment bien fait même un enfant peut comprendre. Tu n’as pas besoin d’avoir fait Sciences-Po pour comprendre. Le confinement total c’était alerte niveau 4, après un mois on est descendu au niveau 3. Aujourd’hui, quand il y a des cas dans une ville, la ville passe en niveau 3“, décrit Alexia.
“Quand ils annulent un événement, c’est un peu chiant mais on s’y fait parce qu’on sait qu’il y en aura bientôt d’autres. On n’est pas, comme pendant longtemps en France, dans l’optique de ne pas savoir quand on pourra y retourner. Récemment je suis, par exemple, allée à un match de rugby. On ne porte presque jamais le masque, ça me ferait bizarre si je devais rentrer en France. Par contre, ici on scanne des QR codes avec une application quand on va quelque part. “
Outre la clarté du système, ce qu’a apprécié Alexia c’est la communication du gouvernement. ” Je trouve qu’ils sont vraiment bons pour expliquer les choses, je pense que c’est leur point fort par rapport à la France, analyse Alexia. La première ministre était à la télé tous les soirs pour expliquer et donner des infos, elle a même fait une session spéciale pour les enfants. Je pense que ça a aidé et ça n’a pas été perçu comme une décision élitiste mais prise pour la population. Même si, bien sûr, il y a quand même eu des gens qui ont râlé. “
Vivre la pandémie loin des siens
L’expatriée relativise malgré tout : en Nouvelle-Zélande, non plus, tout n’est pas parfait. “J’habite dans une petite ville et ça peut être compliqué si tu as besoin de soins. Il y a un centre médical mais si tu dois aller à l’hôpital, ils ont besoin d’envoyer un hélicoptère ou il faut faire 4h de route. Ça dépend d’où tu es mais c’est aussi ça la Nouvelle-Zélande“.
Alexia reconnaît également qu’être expatriée comporte quelques difficultés, que la crise sanitaire a amplifiées. “Tout est décuplé, partage-t-elle. J’avais par exemple besoin de documents administratifs mais en France tout était fermé.” Lorsque l’on vit à des milliers de kilomètres, la distance avec ses proches peut aussi parfois être difficile à supporter. Un sentiment largement accentué en temps de pandémie. “Ma grand-mère a été malade et je ne l’ai pas su tout de suite. C’est difficile de se dire que, d’aussi loin, si un proche est malade, on ne peut rien faire. C’est encore plus vrai pendant la pandémie.“
Au début de la crise Alexia a songé à rentrer en France. “Je suis infirmière et il y a des moments où je me disais que je devrais rentrer pour aider. D’un autre côté mes copines infirmières sont au bout du rouleau et je suis contente de ne pas avoir à vivre ça. Ici, ils manquent aussi de personnel mais ils sont beaucoup moins en sous-effectifs qu’en France.” Le retour s’est finalement avéré inenvisageable : peu de vols et des prix bien loin des moyens de la Strasbourgeoise.
Vivre à l’étranger c’est finalement vivre autrement cette drôle d’époque. Avec d’autres codes, d’autres restrictions, d’autres nouvelles habitudes. C’est, quelque part, ne pas partager la même histoire que les siens restés en Alsace. « Je n’aurais pas vécu la même chose que vous. Il y a cette mémoire collective que je ne partagerai pas », conclut Alexia.