À l’évocation du nom du célèbre photographe, on pense généralement à ses vues des rues parisiennes, et son iconique Baiser de l’Hôtel de Ville, et la fougue de ce couple qui s’affiche depuis 1950, du kiosque-souvenirs au magazine d’art. Mais saviez-vous que Robert Doisneau, était passé, après-guerre, immortaliser l’Alsace ? À l’occasion de la réédition de l’ouvrage Robert Doisneau, un voyage en Alsace, redécouverte d’une série trop peu connue.
Doisneau, soldat en Alsace
Alors qu’il est aux débuts de sa carrière de photographe indépendant, Robert Doisneau se retrouve mobilisé dès l’automne 1939. La Seconde Guerre mondiale vient d’éclater, et le jeune Parisien de 27 ans est envoyé en Alsace. En plein hiver, sur une terre touchée par la guerre et aux paysages glacés austères : en somme, inhospitalière.
Ce n’est qu’à l’après-guerre, à l’été 1945, que Doisneau y revient, découvrant quelques mois après sa libération et sa réannexion, un pays en reconstruction. Entre règlements de compte, retrouvailles, l’Alsace se remet d’une guerre qui l’a blessée, tant architecturalement qu’humainement.
Photographe et anthropologue ?
Dépêché sur place suite à une commande, et 2 mois seulement après l’armistice, Doisneau ne s’y positionne pourtant pas comme un reporter de (post-)guerre. Si des villages ont été rasés, des familles déchirées, et que la région est en pleine épuration… Le portrait qu’il en fait est pourtant plus humain.
Il propose une vision détachée de son contexte historique. Plutôt que d’insister sur les blessures, il choisit un point de vue d’anthropologue, immortalisant avant tout le folklore des Alsaciens et leurs paysages.
Au fil de ces 136 pages, on découvre ainsi pas moins de cent photos de l’artiste, souvent méconnues, accompagnées des textes de Vladimir Vasak, journaliste pour Arte, à Bruxelles. Aux côtés d’Anka Wessang – directrice du Club de la Presse de Strasbourg –, ce grand reporter est à l’origine de l’édition de 2008 et de sa réédition actuelle.
Ils précisent que « l’ouvrage rappelle minutieusement les étapes de cette histoire douloureuse afin d’enrichir la découverte de ces photos. Tout se passe comme si Doisneau avait voulu démontrer que « cette région symbolique était aussi belle que française » et à ce titre qu’elle cultivait, à sa manière, dans ses forêts, son folklore, ses enfants, un art du bonheur de vivre ».
Un bel ouvrage-carte postale à s’offrir. Pour les passionnés d’Histoire ou de photo, pour se plonger dans les souvenirs de l’Alsace d’antan, celle de nos aïeuls. Et imaginer un temps que les moins de (quatre-)vingt ans ne peuvent pas connaître.
En savoir +
Robert Doisneau, un voyage en Alsace
de Robert Doisneau, Vladimir Vasak, Anka Wessang
Aux éditions Flammarion
Sortie prévue le 5 mai 2021
Fanny Soriano
Merci à Fanny Soriano pour cette piqûre de rappel !