Jamais deux sans trois ? Depuis quelques jours, les rumeurs se font de plus en plus persistantes concernant un nouveau confinement. Le Conseil scientifique dit une chose, le gouvernement en dit une autre, résultat : une cacophonie qui ne nous aide pas à garder un moral bien entamé par presque un an de politiques restrictives. Le mercredi 27 janvier avait lieu une conférence de presse résumant la position de l’exécutif, complétée ce jeudi 28 janvier par une conférence de presse d’Olivier Véran, ministre de la Santé. On en profite pour faire un point sur les différentes options sur la table.
“L’efficacité du couvre-feu s’estompe »
Gabriel Attal, porte-parole du gouvernement, a fait partagé le constat ce mercredi 27 janvier lors d’une conférence de presse donnée à l’issue du Conseil des ministres. Emmanuel Macron attend les résultats du couvre-feu, en place depuis presque deux semaines maintenant sur l’ensemble de la France. Résultat à quelques jours des premiers chiffres ? Une efficacité “relative“, comme le concède Gabriel Attal.
Ce dernier rajoute même : “Il y a une efficacité qui ralentit la progression du virus, mais le virus continue à progresser, que les variants par ailleurs se développent à un rythme important.” En d’autres termes, et pour reprendre ceux d’Emmanuel Macron, le couvre-feu, ce n’est pas un échec, c’est juste que ça n’a pas marché.
Le lendemain, Olivier Véran a abondé dans le même sens. Lors de sa conférence de presse organisée ce jeudi 28 janvier, le ministre de la Santé déclare que “le couvre-feu à 18 heures a une efficacité. Il a permis d’éviter que nous connaissions la même vague épidémique que nos voisins”. Néanmoins, il précise que “cet effet s’estompe”.
Le problème des variants
Le problème réside dans les variants, qu’ils soient britanniques ou sud-africains. “Malgré tous nos efforts, les variants circulent activement en France.”, résume le ministre. En effet, au début du mois, les variants touchaient 500 Français par jour, contre “plus de 2 000 patients par jour actuellement ». Il conclut en précisant que « le couvre-feu n’empêche pas suffisamment le variant anglais de circuler. »
À tel point que le ministre évoque “une épidémie dans l’épidémie” menaçant de frapper “très vite et très fort si nous ne faisons rien”. En outre, il compare ces variants à “de nouveaux virus appelant de nouvelles réponses pour nous protéger ».
Quels sont les scénarios envisagés par le gouvernement ?
Si Olivier Véran n’a pas l’habilitation pour annoncer quelque mesure contraignante que ce soit, il ne fait plus trop de doutes sur le fait que les prochains jours réserveront de nouvelles contraintes dans nos vies covidées. Pour “anticiper“, comme l’a précisé le porte-parole du gouvernement, l’exécutif travaille sur “différents scénarios qui seront expertisés dans les prochains jours“. Ces différents scénarios vont du maintien du dispositif du couvre-feu à 18h comme c’est le cas aujourd’hui, à un “confinement très serré“. Gabriel Attal précise également que “le président de la République a demandé des études épidémiologiques et scientifiques complémentaires sur ces scénarios“.
Confinement le week-end et maintien du couvre-feu la semaine, écoles et cantines fermées, confinement comme en novembre ou alors le fameux confinement très serré qui serait semblable à celui qu’on a connu en mars, les propositions sont nombreuses. Et elles ont fait partie d’une grande consultation lancée par Jean Castex ce jeudi après-midi avec l’entièreté de la classe politique, avec les syndicats, le patronat et plusieurs autres acteurs.
Pour le moment néanmoins, comme souvent, le gouvernement a annoncé la perspective la plus compliquée, sans entrer dans les détails de ce qu’elle pourrait impliquer. Peut-être ayant pour but que celle-ci fasse le tour des médias, afin de préparer l’opinion publique au pire ? Et ce dernière pourrait être dévastatrice, que ce soit pour l’économie, la jeunesse mais surtout d’un point de vue psychologique, une composante de la crise sanitaire étudiée de près par le gouvernement désormais.
Est-ce qu’à Strasbourg le confinement à 18h a eu un réel effet ?
Terminons par un petit cas d’étude sur les effets du couvre-feu à Strasbourg et plus généralement dans le Bas-Rhin. Le couvre-feu a été décrété le dimanche 8 janvier à Strasbourg, au moment où le taux d’incidence sur la semaine du 29 décembre au 5 janvier était de 180 cas positifs pour 100 000 habitants. Presque trois semaines plus tard, le taux d’incidence est passé à 240 cas positifs pour 100 000 habitants, pour la semaine allant du 17 au 23 janvier.
Dans le même temps, au 7 janvier, il y avait 496 personnes hospitalisées dans les hôpitaux bas-rhinois, contre 615 au 27 janvier. En outre, dans la même temporalité, on est passé de 51 personnes en réanimation à 78. On peut donc se dire que le couvre-feu à 18h a eu un effet, dans le sens où le taux d’incidence grimpe très lentement, contrairement au mois d’octobre dernier où celui-ci avait explosé en seulement quelques jours. Les hospitalisations et réanimations augmentent elles aussi à un rythme plus lent, mais elle ne diminuent plus.
Enfin, alors que la variant anglais inquiète de plus en plus le gouvernement et les autorités sanitaires françaises, ayant déjà causé beaucoup de dégâts en Allemagne et au Royaume-Uni, la professeure Samira Fafi-Kremer, virologue et directrice de l’Institut de virologie des Hôpitaux universitaires de Strasbourg, a déclaré aux DNA le mercredi 27 janvier que “à ce jour, nous n’avons détecté aucun cas de variant anglais du virus.” Une bonne nouvelle, mais qui reste fragile.
Si Olivier Véran est juste passé faire coucou, le ministre a tout de même confirmé en substance un durcissement des mesures sanitaires. Désormais, la question qui reste est celle du type de confinement auquel nous allons être mangés ? Comme très souvent désormais, on se retrouve un peu seuls avec nos pensées : les écoles fermeront-elles ? Le confinement sera-t-il le même qu’au printemps ? Comment vont survivre les étudiants, les acteurs de la culture, les commerçants de notre belle ville à ce nouveau coup de massue psychologique ? Une chose est sûre : on est fatigués, blasés et décontenancés par une crise qui n’en finit plus. Les prochains jours seront décisifs pour savoir à quel degré de confinement nous allons nous retrouver.