Année de crise sanitaire due au virus covid-19, 2020 a été celle des difficultés financières pour un certain nombre de commerçants, d’entreprises, et de travailleurs – notamment les plus précaires. Mais elle a aussi donné naissance à de nouveaux métiers, ou de nouvelles opportunités professionnelles et financières.
Désinfecter des locaux professionnels
Spécialisée dans le nettoyage et basée à Strasbourg, l’entreprise RH a développé une nouvelle activité après le premier confinement : désinfecter les locaux professionnels grâce à un nébuliseur et des produits très spécifiques, capable de détruire le virus dans l’air ambiant et sur les surfaces.
« Avant, on ne faisait pas ça, explique Laurent Ruh, dirgeant de la société. Mais à la fin du premier confinement, beaucoup de clients nous ont appelé pour demander une remise en état avant leur réouverture et action de désinfection préventive. » Le chef d’entreprise s’est renseigné auprès de la Fédération des entreprises de propreté (FEP) et découvert qu’elle proposait des formations à ses adhérents. Mi-mai, RH propreté a passé une certification, et huit agents ont été formé à la désinfection par nébulisation grâce à des modules en visioconférence. « Ils se sont entraînés à l’utilisation du matériel puis on s’est équipés, poursuit Laurent Ruh. C’est un investissement conséquent. Mais on voulait éviter de faire ce qu’on a beaucoup vu à la télé, à savoir des gars en blanc qui pulvérise dans tous les sens à la Rambo : c’est ce qu’il ne faut surtout pas faire. »
Pour désinfecter des locaux, après l’apparition de cas covid dans une entreprise, ou simplement par mesure de prévention, il faut en effet d’abord nettoyer toutes les surfaces – « ce que les gens ne savent pas forcément », glisse Laurent Ruh – ensuite seulement est diffusé le produit par nébulisation – un système qui permet la diffusion du produit dans l’air en microgouttelettes. « Il ne faut personne dans les locaux pendant trois ou quatre heures », détaille le chef d’entreprise qui, curieux, s’est aussi essayé à l’exercice, enfilant pour cela la « combinaison de cosmonaute et le masque à gaz ».
En mai, la demande était assez forte pour des interventions de ce type. L’été a été plus calme, mais pendant ce second confinement, RH propreté poursuit cette activité, à raison de deux à trois désinfections par semaine.
Designer des produits d’entreprises utiles en période de crise sanitaire
Graphiste spécialisée dans le print et la publication sur site web, Tamara Link a décroché un nouveau job pendant la crise sanitaire, chez Pandacola. Spécialisée dans les produits publicitaires, les goodies, et les cadeaux personnalisés, l’entreprise a adapté son catalogue cette année et proposés de nouveaux objets personnalisables, comme des masques, ou encore des flacons de gel hydroalcooliques.
Pendant l’épidémie, Pandacola a décroché des contrats avec quelques collectivités pour fournir des masques aux élèves de primaire et collège. C’est Tamara qui a été chargée de créer les motifs qui orneraient ces masques. « Je voulais que ce soit unisexe, que ça plaise à tous les élèves, explique cette Strasbourgeoise avec enthousiasme. J’ai dessiné deux renards pour les élèves de primaires, ainsi que des loups en origami et des cactus pour les élèves de collège. J’ai trouvé ça chouette de pouvoir donner un côté fun au port du masque, de le dédramatiser un peu. Ça permet de sortir un peu de cet esprit sanitaire très anxiogène… »
Deux mois plus tard, Tamara se sent tout à fait épanouie dans son boulot. « Ça peut sembler étrange de dire ça comme ça, parce que c’est une période particulièrement compliquée pour beaucoup de gens, mais le covid a eu un impact positif pour moi », détaille celle qui se sent aujourd’hui épanouie et impliquée dans son travail. Si la crise sanitaire a créé une demande concernant des produits comme le gel hydroalcoolique, les masques, ou encore les cloisons en plexiglas, la demande en produits publicitaires classiques n’a pas diminué pour autant. En conséquence, Pandacola a décidé d’embaucher. Trois postes ont été ouverts cette année dans l’entreprise, en plus de celui de Tamara.
Livrer des courses à ceux qui ne peuvent pas forcément se déplacer
Depuis le début de l’épidémie, des actions solidaires ont également vu le jour. Comme Shopopop, une application qui met en relation des personnes souhaitant se faire livrer leurs courses et des particuliers qui rentabilisent ainsi leurs transports. Étudiante en troisième année de science de l’éducation résidant à Erstein, Amélie Dubois a découvert l’existence de cette application au début du second confinement. « En faisant ses courses au Leclerc, ma belle-mère a reçu un dépliant sur Shopopop. J’ai téléchargé l’appli et quelques jours après j’ai fait ma première course », détaille Amélie.
Pour chaque course, elle reçoit une compensation financière variant entre 5 et 8 euros. Mais c’est un complément de salaire plus qu’un boulot à part entière. « L’accès à l’application s’interrompt si on fait trop de courses, explique Amélie, c’est pour laisser de la place à des personnes qui n’en auraient pas encore fait. Ils ne veulent pas que des gens fassent que ça pour gagner de l’argent uniquement. » Pour Amélie, qui travaille déjà en tant qu’éducatrice de tennis à côté de ses études, c’est surtout « de l’entraide ». « Pour des personnes âgées, qui n’osent pas trop sortir, ou des mères de famille qui doivent garder leurs enfants en plus du boulot, ça dépanne énormément. »
Anne Mellier