La Place Kléber a ce pouvoir de rassembler les Strasbourgeois. C’est ici qu’on se retrouve pour voir le sapin de Noël s’illuminer, pour rejoindre une manifestation, pour célébrer une victoire sportive ou encore pour pleurer collectivement. Après l’attentat de Charlie Hebdo et celui de Strasbourg, c’est l’assassinat monstrueux de Samuel Paty vendredi dernier qui pousse désormais les passants à déposer, au pied du général qui veille sur la place, des bougies et des fleurs.
Compliqué de faire le tri dans les multiples émotions qui bouillonnent face à un évènement aussi traumatisant : la colère, surtout, mais aussi l’immense tristesse, l’incompréhension, le sentiment d’injustice, la peur. Le tout mêlé à un climat social de plus en plus anxiogène, une actualité de plus en plus sinistre. Compliqué de trouver les mots justes. Alors parfois, pas besoin de mots. Une fleur, une bougie, un poème, une photo peuvent suffire. Une prise de conscience aussi, de celle qui nous pousse à nous intéresser d’avantage au monde qui nous entoure, à ceux qui œuvrent chaque jour pour que notre monde tourne rond : nos professeurs, nos soignants, ceux qui appellent à l’aide depuis déjà de nombreuses années et qu’on n’écoute plus. Alors, quitte à ne pas trouver les mots, faisons le choix chaque jour de simplement mieux nous écouter, d’être un peu plus bienveillants les uns avec les autres : rien qu’avec ça, on peut déjà, à notre échelle, changer un peu les choses.
Un soir, un vieil indien Cherokee raconte à son petit-fils l’histoire de la bataille intérieure qui existe chez les gens et lui dit :
“Mon fils, il y a une bataille entre deux loups à l’intérieur de nous tous.
L’un est le Mal : c’est la colère, l’envie, la jalousie, la tristesse, le regret, l’avidité, l’arrogance, la honte, le rejet, l’infériorité, le mensonge, la fierté, la supériorité, et l’égo.
L’autre est le Bien : c’est la joie, la paix, l’amour, l’espoir, la sérénité, l’humilité, la gentillesse, la bienveillance, l’empathie, la générosité, la vérité, la compassion et la foi.”
Le petit fils songea à cette histoire pendant un instant et demanda à son grand-père :
“Lequel des deux loups gagne ?“
Le vieux Cherokee répondit simplement : “Celui que tu nourris.”
Légende amérindienne