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Le ramadan en confinement : comment ça se passe chez les Strasbourgeois ?

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Pour plus d’un milliard de musulmans dans le monde, le ramadan a débuté à la fin du mois d’avril. Cette période de jeûne à respecter de l’aube au coucher du soleil rime pour beaucoup avec moment de prières et de partage. Mais en pleine pandémie de Covid-19, les mesures de confinement peuvent aussi bousculer les conditions dans lesquelles pratiquer sa religion. On a demandé à plusieurs Strasbourgeoises et Strasbourgeois pratiquants, comment ils vivent leur ramadan en confinement.

Le Conseil français du culte musulman a rappelé, dans un communiqué du 23 avril dernier, les conditions exceptionnelles dans lesquelles le mois du ramadan aura lieu : “Comme l’ensemble des événements religieux de cette période, [le ramadan] se déroulera cette année dans le cadre du confinement. Les musulmans s’y sont préparés en puisant dans leur foi et leurs traditions les moyens de vivre ce moment important tout en restant chez eux.Par ailleurs, les mosquées de France resteront fermées jusqu’à début juin (date qui reste encore à confirmer en fonction de l’évolution de la situation). Et les prières collectives ne pourront donc avoir lieu : “Les fidèles sont appelés à les effectuer chez eux.” Dans ces conditions toutes particulières, ce mois de ramadan un peu spécial apporte son lot de difficultés et risque de ne pas ressembler aux précédents. 

© Othmane


Les courses et les recettes sous confinement

Faire les courses en temps de confinement, ce n’est déjà pas une mince affaire. Mais lorsqu’on est à la recherche de denrées précises pour réaliser certaines recettes débordantes d’amour, de partage et de traditions, la tâche peut s’avérer encore plus difficile. Maelys, qui vit avec son conjoint et le père de celui-ci depuis bientôt un an, s’est convertie à l’islam. À la maison, tout le monde participe donc au mois de jeûne et les mesures de confinement ont quelque peu chamboulé l’organisation des courses : “C’est un peu plus compliqué car on utilise beaucoup de produits orientaux qu’il n’est pas toujours facile de trouver en grande surface et on doit faire plusieurs magasins et épiceries pour en trouver. Avec le confinement, ce n’est pas toujours possible et bien plus long et contraignant à cause des mesures en vigueur. Mais bon, c’est pour la sécurité de tous donc on s’adapte. On fait les courses sur plusieurs jours du coup.

À l’inverse, Naëlle*, confinée chez ses parents à Wissembourg loin des files d’attente des supermarchés strasbourgeois, ne semble avoir eut aucun mal à trouver tout ce dont elle a besoin : “On est dans une petite ville, alors on a un peu de mal à trouver la viande, mais pour le reste, c’est plus facile. On a trouvé de tout ! Ici, il n’y a pas eu de rupture de stock, on n’a pas dû se battre pour de la farine ou pour les œufs !Et côté recette, chacun fait en fonction de son savoir-faire, seul un ingrédient semble commun à tous les foyers : la générosité. Ilhem, qui passe le mois du ramadan chez ses parents, explique que chacun met la main à la pâte : “On s’organise, c’est une question de partage.” Elle en profite également pour s’essayer à de nouvelles recettes. Dans la cuisine de Maelys et son copain marocain, les menus sont un mélange de cultures. Il n’est donc pas rare de retrouver sur la table une quiche aux côtés d’un tajine. Elle ajoute : “J’en profite pour leur faire goûter des plats français et je m’essaye à la cuisine marocaine, pas toujours de façon très réussie, mais c’est assez sympa.” 

© Naëlle


Le manque des proches

Pour tous, le plus gros manque qui se fait ressentir pendant ce mois de ramadan est celui des proches. Pour Kadriye, c’est vraiment le côté difficile de ce jeûne : De ne pas pouvoir rompre le jeûne le soir avec des ami(e)s, la famille. C’est ce qui nous manque le plus. Nassim* explique qu’habituellement, il passe du temps avec sa famille, mange avec ses cousins, chez sa soeur ou sa grand-mère : “C’est très rare que je mange seul pendant le ramadan. Le plus important, c’est vraiment la communion. Parce qu’après les repas, généralement, on se retrouve avec des amis on discute on joue aux cartes, on se retrouve chez l’un et chez l’autre. Du coup, il y a des moments où tu es triste, même si les circonstances, tu les connais et que tu relativises.

Et quand la distance se compte en milliers de kilomètres et que le décalage horaire s’en mêle, partager cette période de ramadan avec ses proches devient très compliqué. Si elle a la chance d’être confinée avec ses parents, Ilhem se rend bien compte que sa sœur, qui réside en Australie, vit difficilement cette situation. Quant à Othmane, arrivé à Strasbourg en septembre pour poursuivre ses études, il passe son premier ramadan en France. Entre lui et sa famille résidant au Maroc, il y a deux heures de décalage à prendre en compte. Deux petites heures qui semblent beaucoup, lorsque que vient l’heure de rompre le jeûne. Alors pour continuer à échanger malgré la distance, le jeune homme prend le temps d’appeler sa famille, en visio ou en simple appel vocal, notamment pour profiter des conseils avisés de sa mère et sa sœur en matière de recettes. “Je cuisine, enfin, disons que je m’améliore de jour en jour.” précise-t-il. 


Le sens de la fête

Le ramadan, c’est aussi un temps de festivités, à passer avec son entourage et les autres. Un rendez-vous important, qui est attendu par beaucoup chaque année. Et pour Nassim, la notion de communion est primordiale : “Là c’est compliqué, parce que normalement, on mange, on échange, on rigole. C’est un peu comme Noël finalement, mais pendant un mois. Là, ça fait perdre la magie du ramadan.” Au Maroc, Othmane avait lui aussi l’habitude d’un rythme et d’un quotidien différent : “Par exemple au Maroc, on commence les cours à 9h et on finit à 15h ou 16h pour rentrer chez nous. Puis on prie. En quelque sorte, on rattrape toutes les prières de la journée. Et après généralement, au quartier on faisait du sport, du foot ensemble le soir. Et pendant ce mois de ramadan il y a aussi ce que l’on pourrait appeler des prières “bonus”. Mais ici en France, avec la fermeture des mosquées on ne peut plus, même si c’est légitime avec cette situation sanitaire. En fait, même sans confinement, je peux pas m’offrir l’ambiance et les activités qu’on faisait au Maroc.

© Ilhem


Maelys aussi reconnaît que “ce ramadan est beaucoup moins festif”, notamment parce que l’une des bases de ce mois, c’est le partage et la générosité, qui sont de fait, restreints cette année. Elle redoute déjà le jour de l’Aïd, qui aura lieu à la fin du mois de mai, et qui ne se tiendra pas sous sa forme habituelle : “On sait déjà qu’on ne pourra pas se regrouper pour le jour de l’Aïd, qui débute par une prière obligatoire pour tous à la mosquée, puis d’une journée, en famille ou avec des proches, très festive où on partage un bon moment et on s’échange des cadeaux souvent. Cette année ce sera beaucoup plus morose et on n’aura pas accès à la mosquée malheureusement.


De la fatigue physique en moins

Parce qu’elles nous contraignent à rester chez nous, les mesures de confinement limitent évidemment les activités physiques et donc les efforts à fournir chaque jour. La fatigue se fait donc moins ressentir, et c’est tant mieux, comme le confirme Kadriye : “Cette année, malgré les journées longues, le fait de jeûner à la maison sans pouvoir sortir est plus facile physiquement. On dépense moins d’énergie et on prend le temps de cuisiner.” Et pour Ilhem, qui travaille avec des enfants, la différence se fait particulièrement sentir : “Je me rappelle l’année dernière, je rentrais chez moi, j’étais fatiguée, j’avais le corps complètement vidé. En confinement, on a le temps de se reposer, de faire une sieste par exemple. Et c’est plus apaisant. Je trouve qu’on a pas le stress du travail et le ramadan ça rime avec zenitude pour ma part, on se vide l’esprit et le corps peut se reposer.

Mais sans horaires de travail à respecter, le rythme de vie peut rapidement se décaler, alors qu’on reste éveillé toute une partie de la nuit, pour être bien rassasié : “C’est plus facile parce qu’on ne travaille pas, donc on n’est pas fatigué, mais les rythmes sont différents. Là, je dors et me réveille bien plus tard car je ne peux pas travailler.” explique Naëlle.   

© Ilhem


Du temps libre, pour la réflexion, se recentrer et prier

Le collectif occupe une place centrale dans la pratique de ce mois de ramadan. En s’entourant de ses proches, mais aussi d’autres croyants, lors de moments de prière en commun. Pour Nassim, ces temps de prières partagés avec les autres sur lesquels il doit faire une croix impactent véritablement la façon dont il vit son ramadan : “Il y a aussi le fait d’aller à la prière de temps en temps, mais comme ça se fait à plusieurs et que les mosquées sont fermées, ce n’est pas possible, à cause de la proximité.” Et à la maison, le jeune homme est le seul pratiquant. Alors cette année, il prie, mais tout seul. Selon lui, c’est aussi là le sens du ramadan, un mois durant lequel on se recentre sur soi-même, où l’on prend le temps qu’on n’a pas forcément l’occasion de prendre au cours de l’année : “C’est un mois de réflexion, pour essayer de te bonifier en quelque sorte.

Maelys reconnaît volontiers quelques avantages à ce contexte particulier. Le confinement permet d’avoir davantage de temps libre, notamment pour effectuer ses prières à l’heure et se consacrer à la religion et ainsi pouvoir veiller tard sans être trop fatigué le lendemain. Car se consacrer à l’islam demande du temps. Elle précise : “Surtout que d’ici une petite semaine, nous rentrerons dans les 10 dernières nuits de ramadan qui sont très importantes religieusement car l’une de ces 10 nuits est appelée « Laylat al-Qadr » ou « nuit du destin ». Et lors de cette nuit, si elle est veillée et priée de manière sincère, elle apporte de grandes récompenses au croyant, comme l’accomplissement de ses invocations, les pardons de tous ses pêchés etc. Cette nuit est désignée dans le Coran comme étant meilleure que 1000 mois et c’est également la nuit où le Coran a été révélé à notre Prophète Mohammed.” Mais la jeune femme ajoute également que la date exacte n’étant pas connue à l’avance, il faut alors veiller davantage les dix derniers jours. Et sans impératifs et sans réveil pour aller travailler, s’y consacrer pleinement sera d’autant plus facile. 


RAMADAN MUBARAK à tous ceux qui font le ramadan !



*Le prénom a été modifié.

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