Si vous avez déjà traversé le village de Dorlisheim, à quelques minutes de Strasbourg, peut-être avez-vous aperçu le chapiteau du Cirk’&Toile, qui se dessine dans le ciel toute l’année. Parce qu’on est un peu curieux/se, on est allé jeter un œil à ce qui se trame à l’intérieur, et on en est ressorti avec des paillettes dans les yeux. On vous emmène découvrir ce lieu pas comme les autres : vous nous suivez ?
À la tombée de la nuit, en franchissant le portail qui mène à l’imposant chapiteau, on se retrouve dans un décor hors du temps. Sous les guirlandes lumineuses apparaissent des roulottes et un coin bar, décoré à l’image du cirque. On se perd au milieu des vieilles affiches, des anciennes photographies de circassien(ne)s et des masques, et on s’abandonne un peu dans ce lieu inédit. Mais on n’a encore rien vu.








Raphaël Hoerter nous invite ensuite à le suivre en direction du chapiteau, pendant qu’il nous raconte l’histoire du Cirk’&Toile qu’il a fondé il y a bientôt 10 ans.
« Le cirque, c’était d’abord un loisir. Finalement, j’ai fait une école spécialisée à Lille, avant de créer ma propre école à la sortie du baccalauréat. Au départ, on était un groupe d’amis, et on proposait des cours pluridisciplinaires pour les enfants en gymnase, avec de la jonglerie, des acrobaties ou de l’équilibre sur objets. »
Petit à petit, les cours se remplissent, encore et encore, et le Cirk’&Toile devient le Centre des arts du cirque de Dorlisheim, destiné tant aux enfants qu’aux adultes, tout en ayant sa propre troupe qui monte des spectacles durant l’année.

Le cirque, une palette de disciplines
Quand on pense au cirque, on pense souvent aux clowns qui déboulent sur la piste, entre deux numéros de trapèze. Et pourtant, le choix artistique que propose la discipline est immense. Alors oui, il y a du clown. Celui qu’incarne Raphaël, c’est Skruls, et ce n’est pas du tout le cliché « bouffon » qu’on se fait du personnage.
Skruls, c’est un clown poétique, un grand timide, un peu pataud, un peu maladroit, qui essaie de comprendre la société. Par mimétisme, il tente de s’adapter au monde qui l’entoure et le dépasse, sans y parvenir. Et finalement, il se demande ce qu’il fait là.


Mais la spécialité de Raphaël, c’est le mât chinois, un immense poteau en métal sur lequel il défie la pesanteur. Celle de sa sœur Noémie, c’est le tissu aérien. Et en déboulant sur la piste, on voit les autres artistes de la troupe qui s’entraînent à des disciplines diverses et variées, du vélo acrobatique à la bascule, en passant par la jonglerie, le staff (bâton), la contorsion, l’équilibre sur chaises, le cerceau aérien ou encore le trapèze.





Se dépasser, s’intégrer, et parfois se professionnaliser
En papotant avec les artistes, on se rend tout de suite compte de leur complicité, malgré les différences d’âge, d’envies et de parcours. Sabrina nous raconte qu’elle a entrepris une reconversion professionnelle dans le maquillage, ce qui l’a conduite, de fil en aiguille, à rencontrer la troupe, à faire un stage à ses côtés, avant de l’intégrer pour pratiquer le tissu aérien et le staff.
« Ce qui m’intéresse, c’est la dimension créative, mais aussi le dépassement de soi, la fierté de montrer ce qu’on est capable de faire peu importe son âge, et c’est un véritable accomplissement personnel. »
À ses côtés, Éric nous raconte qu’il fabriquait les agrès lumineux utilisés pour la jonglerie, et a finalement décidé de sauter le pas, en passant de l’autre côté de la barrière. Sans regrets : « En cirque, le côté communautaire est très fort. Et puis, j’apprends des choses que je n’aurais jamais essayées autrement. »




On retrouve aussi une toute jeune génération, avec notamment Alexane, au vélo acrobatique. À 22 ans, cela fait presque 15 ans qu’elle pratique, d’abord par hasard au club de cyclisme en salle de Dorlisheim, puis professionnellement aux côtés… du Cirque du Soleil.
Raphaël, quant à lui, a tout plaqué pour migrer de l’Ardèche à Strasbourg, à seulement 17 ans, pour se former en service civique aux côtés de Raphaël. « Je l’aide durant les cours ou les stages, et j’en profite pour découvrir un peu tout, histoire d’avoir des bases solides. Là, je m’intéresse surtout au trapèze et à la contorsion… à suivre ! »


« Obscurion » : le spectacle inédit qui arrive
Raphaël nous explique que l’école est orientée vers le cirque contemporain – dans la veine du Cirque du Soleil : « Le but est d’amener d’autres arts que ceux du cirque spécifiquement. On va retrouver de la danse, du théâtre… et avec tout ça, on va pouvoir créer des univers, raconter des histoires. »
Du 20 au 23 février prochain, le troupe va d’ailleurs jouer son spectacle Obscurion. « Le thème est assez sombre. L’histoire est celle d’un personnage qui se retrouve dans un purgatoire, pour retrouver la personne qu’il aime. On parle de la vie, de l’oubli, de la rédemption. On prend des thèmes difficiles et on essaye de les rendre poétiques, de les magnifier, le tout dans un décor onirique. »




À ne pas manquer pour les publics avertis : la billetterie est par ici, les informations sur l’école par là. Quant à nous, on quitte doucement le chapiteau, et on continue à rêver encore un peu.





Établissement
Cirk’&Toile
Quoi ?
École et troupe de cirqueoù ?
Rue Arthur-Silberzahn, 67120 DorlisheimPlus d'infos ?





