Le compte à rebours l’affiche en temps réel : moins de cinquante jours, désormais, pour filer voter pour ses préférés… Car depuis le 20 janvier, 2.137 films sont entrés dans la compétition de la 15e édition du Nikon Film Festival, se partageant ainsi notre attention, et nos votes. À la fin ? Il n’en restera plus que cinquante, que départagera un jury d’exception : un vrai tremplin, donc, pour les jeunes talents. Et comme Strasbourg n’en manque pas, de talents : focus sur quelques réal’ locales. Dans notre sélec ? Une jeune Amélie Poulain, une Pomme qui parle, de l’intelligence artificielle (à visée sociale) et une mini-série sur la santé mentale. À vos clics !
Sur le site du Nikon Film Festival, ont été postés le 20 janvier 2.137 courts-métrages. Avec des durées de 2 minutes 20, on a vite-fait calculé : il te faudrait 3-4 jours sans pause pour les regarder tous, avant la date butoir du 20 mars. Pour t’épargner cet intenable marathon, on t’a fait une petite sélection… Avec quatre productions ambitieuses de la région, dont trois courts et une mini-série.
« Le Nikon Film Festival : petits films, grands talents !
Mais d’abord : qu’est-ce que le Nikon Film Festival ? « Un événement qui encourage la création vidéo et favorise l’émergence de nouveaux talents à travers un concept unique : permettre à tout le monde de créer et diffuser un film court gratuitement ». Sa devise : « petits films, grands talents ».
La consigne ? Réaliser un (ou plusieurs) film de 2 minutes 20, sur le thème imposé. Et cette année, il s’agissait d’un « Super pouvoir ». Victime de son succès, il rassemble chaque année des milliers d’équipe de tournage, entre « jeunes espoirs » et « talents confirmés ».
À la clef ? De quoi se faire repérer, avec des projections dans des salles et festivals partenaires (le Festival de Cannes, le Festival des Arcs, ou le Festival International de Saint-Jean de Luz) et un jury de professionnel(e)s différent chaque année. Pour cette 15e édition, il sera présidé par la comédienne et réalisatrice Noémie Merlant, entourée – entre autres – par Kyan Khojandi, Karidja Touré ou Anaïde Rozam.
Alors pour aider nos talents locaux à tirer leur épingle du jeu, coup de projecteur sur eux :
« Super Pacificatrice » d'Olivier Arnold et Clément Nachbauer : Amélie Poulain n'est pas loin
Une douce histoire, campée par une jeune actrice. Avec son air mutin, elle nous rappellerait même une certaine Amélie Poulain. …Une inspiration assumée par les deux coréalisateurs qui voulaient faire un clin d’œil au film culte de Jean-Pierre Jeunet sorti en 2001.
À la caméra, on retrouve un duo d’Alsaciens… Oliver Arnold qui avait sorti Feu à volonté pour le Nikon Film Festival de l’an passé (avec Jackie Berroyer au jeu). Un prof d’histoire-géo (avec spécialité ciné) à Mulhouse, et réal’ depuis presque 20 ans de courts-métrages (scolaires et personnels)… Rejoint cette fois à la réalisation par Clément Nachbauer – « créateur d’images » strasbourgeois aux multiples casquettes – et déjà chef-opérateur sur le précédent.
De l’aveu de ce dernier, les « tournages avec Olivier sont souvent improvisés »… Et c’est donc avec beaucoup de chance que leur a été recommandée la jeune actrice (Angèle) sans même faire de casting, alors qu’ils cherchaient leur « Amélie Poulain ».
Pour le super-pouvoir de l’héroïne : un autre hasard. Il leur manquait « quelque chose de visuel » pour en illustrer les effets. C’est l’assistante réal’ (Margaux) qui les a ainsi mis sur la piste, en… éternuant. Et c’est ainsi que la « Super Pacificatrice » était née, à deux doigts de s’appeler « Atchoum » ou « Super Allergique », d’ailleurs.
Quant au reste du tournage, il ne s’est pas passé sans encombres… Entre un report pour maladie, une aversion pour les falafels… Et l’une des disputes qui « a réveillé toute une partie de Contades [le quartier strasbourgeois], un samedi matin ». Une pensée pour les grasses-matinées avortées. …Mais le jeu n’en valait-il pas la chandelle ? Pour toute réclamation (négative), veuillez vous adresser au SAV de la Super Pacificatrice : elle sera ravie de faire sourire les plus mécontent(e)s.
Pour voter pour Super Pacificatrice, c’est par ici
Pour suivre leur travail :
Les sites internet de Film Europe et d’Oliver Arnold
Sur Instagram : Film Europe et Clément Nachbauer
« Pomme & Cie » d'Alexis Sarremejane : moins léger qu'il n'y paraît
Le pitch : « Julie, une trentenaire solitaire, découvre que les objets qu’elle touche prennent vie. Peu à peu, son appartement se transforme en un univers animé, peuplé d’objets avec lesquels elle tisse des liens inattendus. Sa solitude se métamorphose alors en une cohabitation pleine de surprises. »
L’an passé, il se lançait dans un court-métrage glaçant, dramatique et historique sur les fusillés de la Première Guerre Mondiale, avec Au nom du peuple. Une réalisation léchée, qui a su convaincre le public en se qualifiant dans le top 50 (sur 2.772 courts-métrages !) : bel exploit !
Cette année, pour son troisième Nikon, s’il change de ton, avec de l’animation… Alexis Sarremejane (réalisateur, cadreur et monteur strasbourgeois) ne manque pour autant pas d’ambition, avec deux réalisations à son actif ! Mais on reviendra là-dessus un peu plus tard.
Commençons donc avec Pomme & Cie, dont l’ « objectif était de créer quelque chose de vraiment original ». Le point de départ ? Celui d’un précédent court-métrage a tube story : des objets animés en stop motion (fait par ses soins). Se disant que « ça se prêterait bien au thème de cette année « un super pouvoir » : une femme qui donne vie aux objets qu’elle touche ».
Et pour celui-ci : avec le concours de Maxime Marion, animateur en stop motion (Studios Epsilon), et le défi, cette fois de « mélanger animation en stop motion et prises de vue réelles ».
Si a tube story prenait pour décor une salle de bain avec son petit peuple du lavabo, pour Pomme & Cie, il passe à celui de tout un appartement… Pomme, tomates cerises et miroir qui causent remplacent ainsi dentifrice mourant et savon vieillissant. Le point commun derrière les deux courts ? Outre l’animation de ces oubliés de nos quotidiens, une fausse impression de légèreté. Mais on n’en dira pas plus, pour ne pas spoiler…
Pour voter pour Pomme & Cie, c’est par ici.
Pour suivre son travail :
Son site internet
Sur Instagram
« Je vous salue d’en haut » de Léo Lienard : super-héros/ïnes du quotidien
Le pitch : « “Je vous salue d’en haut” est un hommage poignant à ceux qui, malgré la charge physique, le manque de reconnaissance et l’absence de sens apparent, trouvent la résilience et la force de poursuivre leur travail chaque jour. Une réflexion sur la dignité, le courage silencieux et la persévérance dans l’ordinaire. Film généré par IA. »
S’il est déjà assez curieux de lire que ce film a été généré par l’IA [intelligence artificielle], nous t’apprenons qu’il a aussi été « posté sous pseudonyme ». Car s’il y a bien une bio’ sur la fiche de Je vous salue d’en haut et qu’elle affiche « réalisateur indépendant, voici mon 8ème film », « Léo Lienard » est… un nom d’emprunt.
Alors qui se cache derrière ce mystérieux projet ? Si tu as été attentif, tu l’as peut-être déjà deviné : c’est bien Alexis Sarremejane qui livre ici, une seconde réalisation pour le Nikon. Et c’est pour – peut-être – optimiser ses chances qu’il a préféré user d’un pseudonyme, plutôt que d’être identifié au générique de deux films. (Ce pari portera-t-il ses fruits ?)
Quant à ses motivations de se plonger dans la création à partir d’outils d’intelligence artificielle, il s’agissait d’expérimenter : « je voulais tester les limites de ces outils et montrer qu’il est possible d’en faire quelque chose de beau avec » ; nourrissant l’espoir aussi de nous émouvoir avec « ces « fausses images » ».
Car ce projet, outre la pirouette technologique, est « avant tout, inspiré d’un fait divers poignant ».
« J’avais été très marqué par l’histoire d’un jeune ouvrier de 27 ans, décédé d’épuisement à cause de ses conditions de travail en usine. Ses parents avaient retrouvé une lettre parmi ses affaires, une lettre particulièrement touchante qui m’a servi de point de départ pour écrire le texte du film », nous raconte-t-il. [Pour plus d’infos : un article Blast à ce sujet]. Poursuivant que s’il n’a « pas osé contacter sa famille, [il] aurai[t] aimé lui dédier ce film ».
Du faux pour raconter du vrai : celui des super-héros et héroïnes du quotidien, écrasé(e)s par des boulots physiques, harassants, peu rémunérés et reconnus.
Quant aux « contraintes de production », Alexis explique qu’il lui aurait fallu un budget nettement supérieur pour réaliser ce film en prises de vues réelles. « Grâce à l’IA, le budget s’est limité à environ 150 € (pour les licences de logiciels payants), mais le processus a été très chronophage », pointant par ailleurs qu’il lui a « pris plus de temps à réaliser que Pomme & Cie » (son projet tourné en partie en stop motion). Concluant que « pour celles et ceux qui pensent que l’IA rend les choses “faciles” ou que c’est de la triche, [il] les invite à essayer de faire un film avec, juste pour voir ».
En attendant : à toi de t’en faire ton propre avis.
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« Super Pas Très Bien » d'Anthony Marzin : pionnière dans la compétition « mini-série »
Le pitch : « Charlie fête ses 30 ans, mais sa coloc fêtarde, ses parents envahissants, son crush inattendu et Mara, son démon intérieur, transforment la journée en chaos. Entre déguisements et rêves absurdes, elle affronte ses angoisses dans une soirée pleine de surprises. »
Nous te teasions en décembre dernier sur un tournage – express, intense et un peu fou – de quatre jours à Schiltigheim, alors que l’équipe le bouclait à peine… Entre temps : Super Pas Très Bien, la mini-série en six épisodes réalisée par le Strasbourgeois Anthony Marzin (et co-écrite avec Fanny Galan) est sortie, et disponible à la lecture… Et aux votes !
S’inscrivant dans la compétition inédite dédiée aux mini-séries de ce 15ème Nikon Film Festival, elle rejoint les 145 autres pionniers/ères qui ont eu le courage de répondre à ce nouveau défi. Bonne nouvelle : avec 2.500 lectures (à l’écriture de cet article), il semblerait que Super Pas Très Bien reçoit déjà un bel accueil.
Pas étonnant quand on découvre la qualité de cette réal’, produite par Pour une Poignée de Pixels avec une large équipe de bénévoles de talent, devant et derrière la caméra qui n’en est pas à son premier Nikon. (Notons d’ailleurs la présence de Claire Verley, sur tous les fronts de ce Nikon : actrice récurrente des projets de Marzin, ici personnage principal de la mini-série et à l’affiche aussi de Pomme & Cie d’Alexis Sarremejane).
On te met ici le premier épisode, mais pour voter et voir tous les épisodes de Super Pas Très Bien, c’est par ici.
Pour suivre leur travail :
Anthony Marzin sur Instagram
Pour une Poignée de Pixels sur Instagram