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De Strasbourg à Nancy : jusqu’à 64€ pour un aller-retour en TER, comment en est-on arrivé là ?

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Envie de prendre le train plutôt que la voiture pour vous déplacer dans la région ? Alors mieux vaut ne pas être dans le rouge financièrement. Le prix des billets TER augmente année après année. On vous explique d’où vient cette hausse. 

Le premier choc de l’année 2025 est à mettre au crédit de la SNCF. Alors qu’on voulait privilégier le train pour améliorer notre empreinte carbone, comme le font 63% des voyageurs/ses selon un sondage Odoxa publié en 2023, on a vite été calmé par la borne TER de la gare de Strasbourg. Pour aller à Nancy, les prix peuvent monter jusqu’à 32€, 64€ pour un aller-retour.

Dans une petite voiture à essence, le même trajet coûte deux fois 18€, selon le site ViaMichelin – c’est donc moins cher. Mais alors, d’où viennent ces prix, à l’heure où la France s’est engagée à atteindre la neutralité carbone d’ici 2050, et donc à beaucoup investir dans le train, l’un des modes de transport les moins carbonés ? Pokaa s’est penché sur la question.

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Prix TER SNCF
Le prix d'un aller-retour Strasbourg/Nancy. © SNCF / Capture d'écran

Une hausse des prix de 3%

D’abord, l’augmentation des prix est indéniable. La Région, l’autorité responsable de la tarification des billets TER dans le Grand Est, le confirme : +3% entre 2024 et 2025, après une augmentation de 4% entre 2023 et 2024. « Les tarifs TER ont globalement augmenté depuis 2022 et la guerre en Ukraine, mais cela faisait des années que les coûts explosaient pour la SNCF, analyse Patricia Pérennes, économiste des transports et membre du cabinet de conseil de Trans-missions. C’est juste devenu plus acceptable politiquement d’augmenter les prix depuis l’inflation générale, alors les Régions n’hésitent plus à faire contribuer les voyageurs. »

Quand la SNCF a besoin de plus de subventions, les Régions ont en effet le choix entre : augmenter le prix des billets et des abonnements, ou faire appel aux contribuables via une hausse des impôts. « Dans le Grand Est, on s’est fixé un plafond : le voyageur ne doit pas assumer plus de 30% du surcoût, confie Thibaud Philipps, vice-président de la Région en charge des transports. En 2025, les billets TER représentent par exemple 26% du financement de la SNCF, le reste étant prélevé sur le budget de la Région, et donc sur le contribuable. Dans tous les cas, quand il y a une augmentation des coûts, quelqu’un doit payer. »

Les prix des péages augmentent

Si les prix des billets explosent, c’est donc d’abord parce que les Régions paient de plus en plus d’argent à l’exploitant des lignes TER, la plupart du temps la SNCF. Pour quelle raison ? « Il y a l’augmentation des coûts de l’énergie comme partout, mais surtout, ce sont les péages qui coûtent plus cher », estime Patricia Pérennes [les péages sont des taxes payées à l’État pour exploiter le réseau ferroviaire français, ndlr].

« Entre 2015 et 2023, les péages ont connu une augmentation qui s’élève à 20%, voire 25%, explique l’économiste. La SNCF avait une dette colossale, et l’État a décidé, dans le pacte ferroviaire, que l’entreprise publique la rembourserait à travers des droits de péage plus élevés. »

Image illu SNCF Connect
© Nicolas Kaspar / Pokaa

De meilleurs prix en France qu'ailleurs en Europe ?

Malgré ces hausses, les voyageurs/ses paient moins en France qu’ailleurs en Europe. En 2021, ils et elles déboursaient en moyenne 9,40€ pour parcourir 100 kilomètres en TGV dans l’Hexagone, contre 10,20€ en moyenne en Europe, selon une étude. Le prix atteint 22,90€ en Belgique, ou encore 11,20€ en Allemagne. Le constat est le même pour les TER, selon Arnaud Aymé, expert en transports au cabinet de conseil Sia Partners. « Il y a énormément de gens qui prennent le train gratuitement en France, ou qui paient 1€, grâce aux abonnements. »

Ces prix cassés font baisser la moyenne tarifaire française. « Dans le Grand Est, il suffit de payer 20€ pour la carte Fluo et on obtient 50% de réduction sur la plupart des trajets », confirme Thibaud Philipps. L’analyse vaut pour notre exemple : avec une carte Fluo, l’aller-retour Strasbourg-Nancy coûte 32€. Soit moins cher que le trajet en voiture, qui reviendrait à environ 36€.

train alsace bâle TER
© Nicolas Kaspar / Pokaa

Conclusion : il vaut mieux payer une carte

« Les Régions font des efforts considérables vis-à-vis des voyageurs occasionnels en leur proposant des cartes de plus en plus intéressantes, abonde Patricia Pérennes. Ceux qui paient le plus l’augmentation des prix sont finalement ceux qui viennent d’une autre région. » Les chiffres le montrent bien : si la SNCF perçoit plus de recettes qu’avant grâce aux billets (une hausse de 10% entre 2019 et 2023), c’est avant tout grâce à la hausse importante des recettes chez les non-abonné(e)s (+8%), selon une étude de l’Autorité de régulation des transports parue le 6 janvier dernier.

Les TER coûtent donc plus cher aujourd’hui, surtout pour celles et ceux qui prennent rarement le train. Ce qui revient à s’interroger sur la pertinence du système au regard des impératifs écologiques : peut-on vraiment aller chercher de nouveaux fidèles du rail quand les rares fois où ces personnes se penchent sur les prix, ces mêmes prix ne donnent pas forcément envie ?

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Commentaires (14)

  1. Non il ne suffit pas d’avoir une carte fluo. De nombreux trains de sont pas Fluo et le tarif est de 32€ par trajet, qu’on ait une carte ou pas. En particulier le week-end

    • Ben si vous prenez un TER dans le Grand-Est, évidemment que votre carte Fluo est valable… Si vous prenez le TGV, non. Il faut juste lire ce à quoi sert la carte, en fait…

    • Juste pour remettre les choses en ordre : le tarif est kilométrique, Sélestat est située à 60 kilomètres de Strasbourg. On l’oublie avec ce trajet hyper rapide en train (18 minutes de mémoire). Donc l’aller-retour c’est tout de même 120 km…

    • 42km pour Strasbourg-Sélestat
      Le chiffre de 60km est inexact.
      Cela reste néanmoins cher, d’autant que les porteurs de la carte fluo ont vu leur tarif de base augmenter de 67% le week-end il y a 2 ans !

  2. Merci pour l’investigation, et la mise en lumière des limites à penser le rail comme un service public industriel et commercial..

    A mon sens, l’importance de dvp son usage pour suivre l’accord de Paris devrait encore plus inciter les décideurs publics à en faire un choix incontournable pour penser la mobilité. En conséquence, un financement en priorité par des impôts, et avec un mécanisme plus approfondi de pollueur-payeur ( les plus gros pollueurs en matière de mobilité (avions, voitures polluantes (si alternative train) doivent payer plus de taxes carbones).. devrait être envisagé. Autrement dit, un prix plus bas a l’achat pour les usagers du rail!

    • Pour le moment les jets sont exonérés de taxes, et le président de l’Union, grand défenseur du vélo, et des zfe, explose son utilisation du jet.
      Penser à la pollution s’arrête quand il s’agit de soi-même pour les politiques et décideurs. Voir les images et chiffres de Davos, qui se déroule en ce moment même.
      Il faudrait aussi comprendre où passe l’argent. La Sncf récupère des sommes colossales. Où passe l’argent, est-ce qu’il est utilisé avec précaution et intelligence?
      Prendre le train devient en tout cas, sauf exception, prohibitif.

  3. Je répète mon commentaire. Non il ne suffit pas d’avoir une carte fluo. De nombreux trains TER NE SONT PAS TER Fluo mais juste TER et le tarif est de 32€ par trajet. C’est ce que je constate en essayant d’acheter un billet dans l’appli sncf

    • Par exemple demain l’appli indique un seul TER FLUO à 16,20€ et il est à 4h44 !!!! Tout le reste de la journée c’est TER TOUT COURT et c’est 32,20€

  4. Quand je paye 10€ entre Bruxelles et Luxembourg pour payer 9,30€ (avec -50% carte fluo jeune) entre Uckange et Nancy qui fait 3 fois moins de kilomètres, je me dis sérieusement qu’il y’a un problème quelque part. Je doute que la région subventionne a 75% ce type de trajet sinon ca voudrait dire qu’un cout de tronçonneuse est nécessaire pour éviter ce gaspillage d’argent public…

  5. La vision politique des efforts à faire pour le climat est loin d être au point. On demande beaucoup d efforts aux particuliers ,par exemple pour l habitat, où les subventions ne sont pas toujours faciles à obtenir. On subventionne l aérien et la voiture électrique, mais le transport collectif n est il pas l avenir ? Ceux-ci sont-ils à la disposition de tout le monde en termes d accessibilité et de prix ? Non.
    La gestion de la ville de Strasbourg est étonnante aussi. Les places de parking augmentent pour limiter les voitures. Mais pourquoi dans ce cas est-ce que les tarifs de tram ne baissent pas ?

  6. J’ai arrêté de lire l’article quand j’ai vu la phrase que la France reste moins chère que la moyenne européenne. Il est dit qu’en Allemagne les 100km coûtent 11,20€. Oui mais en Allemagne vous avez l’abonnement mensuel à 59 euros avec lequel vous pouvez voyager dans tout le pays. Il faut se renseigner. Un ticket Strasbourg – Saint Louis de 140km coûte au bas 27 €.

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