Il y a quelques semaines, Météo-France a publié ses prévisions de climat avec une France à +4°C en 2100. L’Alsace ne sera pas épargnée par le dérèglement climatique, et deux tendances se dessinent : des étés caniculaires et des hivers doux, mais pluvieux.
Dans un rapport publié en décembre, Météo-France dessine les contours d’une France touchée par un dérèglement climatique de +4°C en 2100. Basées sur l’étude de nombreux indicateurs, les prévisions indiquent une hausse des températures plus marquée dans la moitié sud-est du pays.
Les précipitations seront, quant à elles, beaucoup plus importantes dans la moitié nord. L’Alsace devrait donc connaître un climat plus chaud en moyenne, mais aussi plus humide.
Selon les spécialistes du climat, il s’agit d’un scénario intermédiaire. Compte tenu du fait que le climat européen se réchauffe de manière plus importante que le reste de la planète, +4°C en France correspond à un réchauffement global de trois degrés.
Un scénario « intermédiaire » entre l’objectif de l’accord de Paris et le scénario « catastrophe » des +4°C à l’échelle planétaire. Si pour Météo-France, ces projections doivent aider les pouvoirs publics à adapter les territoires au changement climatique, l’établissement précise que ces adaptations ne peuvent se faire sans la poursuite des efforts de décarbonation.
Des étés chauds, très chauds
En 2100, les étés alsaciens pourraient bien être étouffants. Selon le rapport de Météo-France, l’augmentation des températures lors de la saison estivale sera comprise entre +3°C et +5°C. La température moyenne s’établirait ainsi autour de 23,3°C contre 19,6°C sur la période de référence allant de 1976 à 2005.
Il n’est, bien sûr, pas évident de se faire une idée sur la base d’une moyenne des températures, mais les météorologues proposent d’autres indicateurs. Il est possible de les consulter juste ici (commune par commune).
Ainsi, le nombre moyen de jours où la température dépassera 35°C est estimé entre 4 et 14 en 2100 contre zéro sur la période de référence. Une augmentation qui pourrait être encore plus marquée à Strasbourg, à cause des îlots de chaleurs.
Les vagues de chaleurs et les nuits chaudes (à plus de 20°C) seront, elles aussi, plus présentes l’été. Enfin, véritable enjeu pour la production agricole, les périodes de sécheresses pourraient bien être plus longues en été comme en automne. Cependant, les études n’arrivent pas encore à déterminer si la quantité de pluie estivale sera plus importante ou plus faible qu’aujourd’hui, une incertitude subsiste donc sur ce point.
Le vin blanc alsacien va-t-il disparaître avec le changement climatique ?
Oubliez les skis, sortez les parapluies
Quand on parle à nos grands-parents, on se rend bien compte que les hivers alsaciens sont moins rudes que par le passé. En plaine, la neige tend à se faire de plus en plus rare ces dernières années. Ce phénomène va s’accentuer dans les prochaines décennies. Météo-France prévoit des hivers plus doux, entre +2°C et +3,5°C. La moyenne passerait à 5,8°C en 2100 contre 2,7°C sur la période de référence. Les vagues de froids comme le gel se feront plus rares.
Côté précipitations, l’Alsace pourrait bien ressembler à la Bretagne. En hiver, les estimations vont de +5%, selon les prévisions les plus optimistes, à +45%. Des précipitations en hausse, mais des températures plus douces et moins de gel… Autant vous dire que la neige se fera de plus en plus rare, jusqu’à devenir un phénomène exceptionnel. De plus, les hivers froids et secs typiques de la région seront à ranger au registre des souvenirs.
S’adapter et décarboner
En regardant l’évolution des températures, on pourrait se dire que, finalement, en 2100 l’Alsace ressemblera au sud de la France d’aujourd’hui et que ce n’est pas si catastrophique. Certes, nous ne risquons pas de voir le Ried se transformer en désert, mais le changement climatique, même contenu, va nous demander de nous adapter.
La disponibilité de la ressource en eau sera un enjeu, que ce soit pour les cultures ou pour les populations. Les canicules mettront sous pression le système de santé qui devra se préparer à faire face à l’afflux de patients en été. Même nos villes et nos habitats ne sont pas adaptés à un climat beaucoup plus chaud. Il suffit, pour s’en convaincre de passer un été à étouffer à Strasbourg. Et si rien ne se passe, il est possible qu’en 2100, cela devienne la norme.