Toute l’année, l’association Adapei Papillons blancs d’Alsace accompagne des personnes en situation de handicap mental, pour leur offrir à la fois une assistance, mais également la possibilité de mettre en place des projets de vie. Début juillet, c’est une rencontre un peu incongrue qui a pris place dans la Maison d’accompagnement spécialisé Galilée de Lingolsheim : les motard(e)s du groupe Damned Nation sont venu(e)s à la rencontre des résident(e)s, avant de faire un don à l’établissement. On vous raconte ce moment hors du commun.
En 2017, les associations Adapei 67 et les Papillons blancs (Haut-Rhin) unissaient leurs forces pour ne former plus qu’une seule entité. Chacune œuvrait, depuis plus de 60 ans, à l’accompagnement des personnes en situation de handicap mental, sous l’impulsion des parents et proches aidants qui cherchaient des solutions… Et qui les ont trouvées en faisant équipe.
L’Adapei Papillons blancs regroupe aujourd’hui une soixantaine d’établissements et services dans toute l’Alsace, de Wissembourg à Dannemarie, regroupés au sein de quatre grands secteurs d’activité. On y retrouve le pôle d’éducation spécialisé pour l’enfance, des Établissements et services d’accompagnement par le travail (ESAT), le pôle hébergement et accompagnement avec des foyers, et enfin, le pôle de l’accueil spécialisé dont fait partie la Maison d’accueil spécialisé (MAS) résidence Galilée.
Bref, tout un arsenal pour répondre à tous types de besoin, favoriser l’inclusion et permettre la construction de projets de vie.
On a passé un après-midi avec les résident(e)s de la MAS Galilée à Lingolsheim. L’établissement accueille des personnes en situation de polyhandicap, ou porteuses de troubles du spectre autistique ou autres déficiences intellectuelles sévères, et elles ont pu profiter d’une visite des plus surprenantes.
En effet, l’asso de bikers Damned Nation a débarqué avec ses Harley, pour passer un peu de temps avec les résident(e)s, leur faire découvrir de belles cylindrées, et surtout, échanger. Ils/elles ont tissé un pont entre deux mondes, qui d’ordinaire ne se côtoient pas. Un moment inoubliable.
Handicap et projets de vie : car l’un n’empêche pas l’autre
Ce sont Stefanie Maehr, directrice déléguée de la MAS Galilée, ainsi que Claude Mathis, président-adjoint de l’Adapei Papillons blancs, qui nous accueille ce jour là. Grâce à nos échanges, on comprend que l’accompagnement médical, et le soutien dans les actes du quotidien, ne représentent qu’une toute petite facette du travail de l’association.
Claude Mathis nous explique : « La base de notre accompagnement repose sur la triade entre la personne en situation de handicap, le référent professionnel qui la suit, et l’encadrement familial. Chaque membre est impliqué dans la construction d’un projet de vie. Et le cœur de ce parcours est la possibilité pour les personnes accompagnées de décider elles-mêmes de leurs ambitions. »
La MAS est un endroit où les résident(e)s disposent de leur propre logement, mais ont la possibilité, comme le souligne Stefanie Maehr, de construire leur vie par leurs propres choix. « Ils ont le droit de vivre leur quotidien comme n’importe qui, de profiter de leur espace, sociabiliser, aller au cinéma, au restaurant… et on s’assure de leur en offrir la possibilité. »
Voir et ne pas être invisible
Toute l’année, la MAS organise des ateliers et des animations, pour permettre aux résident(e)s d’être au contact de personnes extérieures, et surtout, prendre part à des activités diverses. Stefanie Maehr détaille : « On peut mentionner la médiation animale, des ateliers de peinture, des sorties, mais aussi, on organise des animations comme des spectacles de french cancan, ou des olympiades avec des activités adaptées. »
Car l’adaptation est finalement le maître-mot de l’inclusion. « Les personnes dont nous nous occupons ont une toute autre manière de fonctionner. Elles réagissent beaucoup plus au niveau sensoriel, aux couleurs, sons, lumières, toucher… Et il faut le prendre en compte. En s’adaptant, il n’y a pas grand-chose qu’on ne puisse pas faire ! »
C’est d’ailleurs une des raisons pour laquelle la MAS est placée en plein cœur de Lingolsheim. L’objectif, c’est de s’intégrer pleinement dans le paysage social, et d’avoir accès aux même activités que toutes et tous.
Claude Mathis explique : « Souvent, les structures spécialisées sont des lieux fermés et même reculés, qui ne communiquent pas avec le reste de la ville. On essaie à tout prix de lutter contre l’exclusion sociale. C’est très important de sortir, de voir d’autres gens, d’en faire venir d’autres, et surtout, d’être vu. Car ces personnes font partie du monde. »
Et c’est pour cette raison que des bikers ont débarqué début juillet pour rencontrer les résident(e)s !
Grosses cylindrées à la résidence Galilée : quand les opposés s’attirent
Des bikers à la rencontre de personnes atteintes de handicap : l’annonce surprend. Ces deux mondes que tout semble opposer ont pourtant bien des choses en commun. Comme le confirme Éric, président des Damned Nation :
« Dans l’imaginaire collectif, on est des loubards tatoués en blouson noir. Nous aussi, on connaît les a priori, l’évitement. Et pourtant, les valeurs les plus défendues par les bikers sont le respect, la loyauté et la fraternité… »
Valeurs que le groupe a décidé de mettre en avant à travers des actions caritatives. Dom, membre de Damned Nation, est parent d’une jeune femme en situation de handicap, qui vit à la MAS Galilée. La cause était donc toute trouvée : le groupe a réuni des fonds pour faire une donation à l’établissement, et surtout, a pris de son temps pour offrir un après-midi rock’n’roll aux résident(e)s.
L’arrivée des motards sous la pluie a fait vrombir la cour de la MAS. Petit à petit, résident(e)s et accompagnant(e)s ont bravé la pluie pour découvrir ces drôles d’engins. Si les gouttes en ont rebuté plus d’un(e) au premier abord, la curiosité et l’excitation ont pris le dessus. Bien vite, les yeux ont commencé à pétiller, les sourires à se dessiner, les mains à se balader sur la carrosserie des Harley rutilantes.
« On n’a pas fait grand-chose, mais cette petite goutte qu’on a apporté, si elle leur fait plaisir, c’est énorme pour nous. En voyant les sourires… on a tout gagné ! » Dépasser les clichés, passer des moments de convivialité, et faire dialoguer des mondes souvent isolés : c’est finalement de cela dont il était question. Et les étincelles dans tous les yeux ont témoigné de cette réussite.
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Vraiment stylé ce reportage 😉